GASPARD VA AU MARIAGE. Film d’Antony Cordier avec Félix Moati, Lætitia Dosch, Christa Theret, Johan Heldenbergh, Guillaume Gouix et Marina Foïs (France – 2017 – couleur – 1h45).
Laura (Lætitia Dosch) se joint par hasard à un groupe d’activistes et s’enchaînent avec eux à une voie ferrée. Le train est arrêté. Elle y monte et fait la rencontre de Gaspard (Félix Moati) qui va au mariage de son père près de Limoges. Contre toute attente celui-ci lui demande de se faire passer pour sa petite amie, le temps du mariage, car il ne veut pas montrer qu’il est seul en ce moment. N’étant pas pressée, Laura accepte cette étrange proposition.
Lorsqu’ils arrivent là où habite le futur marié, Laura tombe des nues. C’est un zoo, un vrai, dans lequel toute la famille travaille. Elle fait ainsi la connaissance de Virgil (Guillaume Gouix), frère de Gaspard, un garçon particulièrement dévoué ayant les pieds sur terre. De Coline (Christa Theret), sa sœur qui s’habille avec une peau d’ours, se frotte contre les arbres et renifle les nouveaux venus. De Peggy (Marina Foïs), la vétérinaire, qui explique ce que sont vraiment les animaux dont certains peuvent être répugnants ou durs au point de tuer leurs petits, et qui va épouser Max, leur père. Et enfin de ce dernier (Johan Heldenbergh), amoureux fou de Peggy, rêveur, s’apprêtant à dépenser une fortune pour son mariage alors que son zoo court à la ruine, et soignant son eczéma en se baignant tout nu dans un grand aquarium rempli de petits poissons.
Cet univers, tout nouveau pour Laura, l’intrigue et lui fait peur tout à la fois. Elle est émerveillée de savoir que leur mère est morte, dévorée par un tigre, alors qu’elle n’a eu qu’une vie terne, sans rien de particulier ! Le réalisateur s’intéresse beaucoup aux liens qui unissent tous ces personnages. Même s’il a quitté l’univers du zoo pour aller réparer des ascenseurs, Gaspard est fidèle à son frère et à sa sœur. Une relation quasi incestueuse unit Gaspard et Coline, d’autant plus que celle-ci ne semble pas avoir quitté l’enfance avec sa peau d’ours dont l’odeur épouvantable qui l’imprègne ferait fuir les hommes. Les deux frères partagent les mêmes souvenirs au point de ne plus savoir lequel des deux avait couché avec une vacancière hollandaise. Peggy, comme tous les vétérinaires, n’est pas aimée des animaux et s’en accommode. Il en est de même dans sa relation avec Max et elle ne voit pas pourquoi il faudrait se marier.
L’auteur multiplie les scènes entre ses personnages et les animaux, ceux du parc, qu’il faut soigner, nourrir, protéger, et ceux qui rôdent autour, prêts à dévorer les plus faibles. Tout cela donne beaucoup de sens à ce film, sorte de comédie romantique avec plein de rebondissements, d’anecdotes et d’enseignements. On voit que le travail d’écriture du réalisateur et de la coscénariste Julie Peyr a été particulièrement soigné. Les comédiens sont tous remarquables dans leurs rôles respectifs d’autant plus que l’on devine que certaines scènes n’ont pas été faciles à tourner pour eux. Un très beau film qui ne laissera personne indifférent. R.P.