FUNAMBULES

Article publié dans la Lettre n° 517
du 3 février 2021


 

FUNAMBULES. Documentaire d’Ilan Klipper (2020 - France - couleur - 1h15).
Ilan Klipper n’est pas seulement un réalisateur de documentaires (Flics, Commissariat). Il a aussi réalisé des films de fiction comme Le Ciel étoilé au-dessus de ma tête (Lettre n°454). Funambules est un mélange de documentaire et de fiction. Ilan Klipper explique qu’il a choisi ses acteurs, des personnes qui ont franchi la frontière qui nous sépare de la folie et qui vivent maintenant « de l’autre côté du miroir », parmi « ceux qui avait quelque chose en plus quand on les filme ; ceux qui permettent d’accéder à un univers étrange, poétique ». Et c’est bien de cela qu’il s’agit. Le comportement de ses interprètes – ils sont mentionnés au générique, comme les personnes de leur entourage, et ont été rémunérés comme l’aurait été des comédiens – est tout à fait étrange et nous plonge dans un univers insolite, voire incroyable.
Le film alterne entre les différents protagonistes dont trois sont plus spécialement mis en avant car ils s’y prêtaient bien. La première, Aube, 30 ans, vit recluse chez ses parents, angoissés par ce qu’elle deviendra quand ils ne seront plus là. Elle mime des présentations d’objets à la radio, rêve de refaire de la GRM, d’avoir une histoire d’amour … avec un punk. Son univers est fait de formes et de couleurs qui se mélangent, ce que le réalisateur exprime au début et à la fin du film par des images de grains colorés qui s’agitent en tous sens et par des éclairages colorés de la maison où elle vit.
Le deuxième invité dans ce tournage est un jeune noir de 27 ans, Yoan. On le voit tout d’abord invoquer le soleil et d’autres choses positives, en faisant le tour du jardin de l’établissement où il est soigné. Plus tard il parle de ses parents qui ne l’auraient jamais aimé, alors qu’ils aimaient ses frères et sœurs. On ressent une vraie souffrance chez cet homme.
Le troisième « interprète », Marcus, est le plus âgé. Il souffre du syndrome de Diogène, vit reclus et se néglige. Il est mort quinze jours après la fin du tournage. Son appartement, 150 m2 à Paris, est rempli d’une multitude d’objets qui s’empilent dans toutes les pièces, laissant peu de place pour circuler ou s’asseoir. Sa « fille », jouée par Camille Chamoux, une amie de la vraie fille de Marcus, se fait conspuer lorsqu’elle vient sous prétexte de l’aider à trier tous ces objets. C’est le cas le plus « spectaculaire », un peu comme celui de Jean-François, qui exécute devant la caméra une danse digne d’un ballet moderne, ce qui devait sans doute être son activité avant d’en arriver là.
Un film intrigant qui nous aide à comprendre l’univers et la vie de ces hommes et femmes qui ont basculé dans la folie. R.P. En salles prochainement. 


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