LE CHRIST AVEUGLE

Article publié dans la Lettre n° 425
du 1er mai 2017


 

LE CHRIST AVEUGLE. Film de fiction de Christopher Murray avec Michael Silva, Bastián Inostroza, Ana Maria Henriquez, Mauricio Pinto, Gonzalo Villalobos (2016 - Chili - France - Couleur - 1h25).
Le film commence avec deux enfants marchant dans le désert. Ils trouvent un tronc d’arbre. L’un d’eux se fait clouer les mains sur ce tronc par son camarade, comme le Christ sur sa croix, et attend un signe de Dieu. Il a alors une révélation, le Christ serait en chacun d’entre nous.
Vient ensuite une scène où un jeune mécanicien, Michael, apprend l’accident d’un ami d’enfance qui risque d’être amputé de la jambe. Michael décide alors de partir à son chevet pour accomplir un miracle, en dépit de l’interdiction de son père de revenir à la maison.
Sur son chemin, à pied et pieds nus, à travers la Pampa Del Tamarugal, région pauvre et dépeuplée située au nord du Chili, près de la frontière avec le Pérou, Michael fait toutes sortes de rencontres, racontant à ses interlocuteurs des paraboles tirées de sa propre expérience. On reconnaît ainsi le petit garçon du début qui fait cette sorte de pèlerinage pour aller sauver celui qui lui avait planté les clous.
Dans ce film, à part Michael Silva, le personnage principal, tous les protagonistes sont des acteurs non professionnels rencontrés sur place. Le réalisateur utilise l’expérience des uns et des autres pour construire son film. Celui-ci y gagne en crédibilité et devient ainsi proche d’un documentaire, genre pratiqué avec succès par Christopher Murray. L’absence d’éclairage artificiel renforce ce réalisme. Cela rend encore plus intéressante l’histoire de ce jeune homme qui croit avoir eu une révélation et pense pouvoir faire un miracle, ce que d’après lui, tout le monde peut faire. En revanche, d’une manière affirmée, il explique qu’il ne croit pas aux religions mais seulement au Christ.
Parmi ses rencontres, il en est une particulièrement significative, celle avec le gardien d’une église où aucun prêtre n’est passé depuis deux ans. Celui-ci lui explique que « la foi, c’est le son qui comble le vide ». On retrouve ainsi le désert, présent dans tout le film mais aussi dans les récits religieux. Le Christ se retire quarante jours dans le désert. Des moines bouddhistes restent des années dans des grottes perdues… Michael s’en va ainsi à travers le désert, la foi chevillée au corps jusqu’au moment où il retrouve enfin son ami d’enfance.
Un film très intéressant, qui délivre d’une manière originale et sensible une réflexion sur la foi, avec ses contradictions, ses doutes et ses interrogations. R.P. En salles à partir du 10 mai 2017.


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