PARFUMS DE CHINE
La culture de l’encens au temps des empereurs

Article publié dans la Lettre n° 459
du 18 juillet 2018


 
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PARFUMS DE CHINE. La culture de l’encens au temps des empereurs. Parmi les 14 000 objets chinois, japonais, vietnamiens et coréens que possède le musée Cernuschi, ouvert au public il y a 120 ans, les brûle-parfums occupent une place de choix, comme l’avait remarqué Henri Cernuschi lors de son voyage en Asie entre 1871 et 1873. L’importance de cette culture olfactive en Chine, tant par le nombre que par la diversité des objets liés à l’encens, a permis de mener des recherches qui ont inspiré à Éric Lefebvre, directeur du musée, le thème de cette exposition dont il assure le commissariat avec Li Zhongmou, vice-directeur du musée de Shanghai. Ce sont plus de 110 objets d’art et d’archéologie, dont environ 90 prêtés pour la première fois en Europe par le musée de Shanghai, qui nous sont présentés ici dans un parcours chronologique en sept étapes. Ces objets liés aux parfums, tels que céramiques, bronzes, dessins, toiles, etc., permettent d’aborder de nombreux aspects de la culture chinoise et ses plus brillantes créations artistiques.
La première partie, consacrée aux « pratiques rituelles et profanes des Han aux Tang (IIIe siècle av. J.-C. – IXe siècle apr. J.-C.) » s’ouvre sur une vitrine où sont rassemblés de nombreux ingrédients qui permettaient, à cette époque, de préparer des encens. Leur usage était indissociable des cultes religieux car les parfums avaient un rôle d’intercesseurs entre les humains et les divinités. Avec l’apparition du bouddhisme en Chine, les pratiques indiennes de l’encens font alors pleinement partie de la culture chinoise. Dans cette section nous voyons de magnifiques brûle-parfums comme celui en bronze en forme de canard ou cet autre, ajouré, en grès à couverte céladon.
Nous découvrons aussi une première borne olfactive. En effet, grâce au concours de la maison Dior Parfums et à son parfumeur-créateur François Demachy, nous avons la possibilité de sentir des parfums interprétés à partir des recettes de l’époque, ce qui est tout à fait original. François Demachy explique que si la plupart des ingrédients existent encore aujourd’hui, certains ont disparu ou sont utilisés d’une autre manière, ce qui a rendu son travail très délicat. Dans cette première des cinq bornes olfactives, les matières premières utilisées sont le bois d’aigle, le musc, la résine de liquidambar, le clou de girofle…
La deuxième partie, « Parfum et culture lettrée sous les Song et les Yuan (Xe-XIVe siècle) » nous montre comment une nouvelle élite lettrée s’intéresse à la botanique, découvre de nouvelles matières odoriférantes et écrit des Traités du parfum.
Nous arrivons aux trois parties explorant « L’encens comme art de vivre sous les Ming (XIVe – XVIIe siècle) ».  L’encens est un attribut indispensable du cabinet d’étude du lettré. Certains décrivent avec précision le rôle et la disposition des différents objets. Le parfum révèle les gens « élégants ». On dit aussi d’une belle peinture qu’elle diffuse un « parfum de littérature » ! Parmi les trois ou cinq objets d’un autel pour la dévotion privée il y a toujours un brûle-parfum. L’encens accompagne aussi la méditation. « Quand on médite, il faut purifier la pièce et brûler de l’encens ». Enfin on parfume aussi les espaces privés. On peut mettre un sachet de parfum dans l’oreiller ou en porter au cou ou à la ceinture. Beaucoup de substances médicales dégagent un parfum agréable faisant du parfum non seulement un agrément mais aussi un médicament.
L’exposition se termine avec « La tradition de l’encens sous les Qing (XVIIe – début du XXe siècle) ». Sous leurs règnes, les Qing font un usage permanent de l’encens dans les cérémonies d’État ou les rites perpétués dans les mausolées impériaux. L’encens a le statut de biens d’État et est conservé dans les dépôts impériaux. Il entre aussi largement dans la pharmacopée chinoise.
C’est sous les Qing que les objets pour l’encens atteignent leur plus haut degré de technicité auquel s’ajoute l’utilisation de matières précieuses et la création d’autres objets, repensés en fonction d’usages spécifiques de l’encens, comme les coupelles à encens, les porte-encens etc. Certains des objets présentés ici, comme ce brûle-parfum en émaux cloisonnés, sont de pures merveilles. Une exposition pleine de surprises et de senteurs. R.P. Musée Cernuschi 8e. Jusqu’au 26 août 2018. Lien : www.cernuschi.paris.fr


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