LE MONDE NOUVEAU DE CHARLOTTE PERRIAND

Article publié dans la Lettre n°493 du 25 décembre 2019



 
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LE MONDE NOUVEAU DE CHARLOTTE PERRIAND (1903-1999). En 2011, au cours d’une exposition au Petit Palais (Lettre 328), nous avions fait connaissance avec le travail de photographe, à côté de celui d’architecte d’intérieur, de cette célèbre créatrice d’objets de design. Aujourd’hui c’est l’ensemble de l’œuvre de cette pionnière qui est montré dans cette rétrospective magistrale.
Les commissaires ont réussi à rassembler des ensembles complets tels que les avait conçus Charlotte Perriand, avec des meubles d’origine, ou reconstitués selon ses plans, et les œuvres d’art qu’elle associait à ses créations. Étant amie d’artistes tels que Fernand Léger ou Picasso, sans parler de Le Corbusier avec qui elle collabora, c’est l’occasion d’exposer également dans les galeries de la Fondation Louis Vuitton, des œuvres de ces derniers. Elles complètent admirablement celles de Charlotte Perriand.
Justement le parcours commence en évoquant ce compagnonnage entre ses meubles emblématiques telle la chaise-longue basculante conçue en collaboration avec Le Corbusier et Pierre Jeanneret, et les œuvres d’autres artistes tels Léger, Calder, Picasso et, bien sûr, le Corbusier.
Dès les années vingt, Charlotte Perriand réinvente l’habitation, utilisant les techniques de l’industrie et apportant une foule d’innovations dans les agencements intérieurs comme dans celui de son atelier de Saint Sulpice (1927-1928). Nous pouvons voir aussi des reconstitutions partielles de l’appartement moderne exposé au Salon d’automne de 1929 à Paris et de la Maison du Jeune Homme présentée à l’Exposition universelle de Bruxelles en 1935. On note l’importance qu’elle accorde au sport avec la présence d’une salle de gymnastique.
Toute une section est consacrée à son « engagement », tant dans l’art qu’en faveur des grandes causes de son époque telle la guerre d’Espagne ou le Front populaire.
Dès les années trente, consciente des limites des progrès et techniques modernes, elle se ressource dans la nature et s’inspire de celle-ci pour créer des objets qui sortent de la ligne droite, du cercle ou du carré, caractéristiques de l’art et de l’architecture moderne. De nombreux meubles et tableaux expriment ce changement.
Invitée au Japon, encore neutre, en 1940, elle découvre la vie quotidienne de ses habitants qui vivent sur tatami, sans table, sans chaise et sans lit. C’est l’occasion de repenser ses aménagements et d’utiliser d’autres matériaux comme le bambou ou le bois pour ses meubles. En 1950 elle synthétise cela sous le terme « d’art d’habiter » et invite les architectes à « penser la vie au contact de l’art ». On en a des exemples avec la Cuisine de Marseille (1949) et les chambres d’étudiants pour la Maison de la Tunisie et la Maison du Mexique de la Cité universitaire (1952).
La section « Un nouvel art de vivre » est une sorte de salon de l’habitat avec toutes sortes d’ensembles de salon, cuisine, salle à manger. On mesure à quel point Charlotte Perriand était capable d’innover et de se renouveler sans cesse. C’est encore le cas avec son appartement de Rio où son époux avait été nommé par Air France.
D’origine savoyarde et alpiniste chevronnée, elle conçoit avec Pierre Jeanneret en 1938 le refuge tonneau. C’est une structure légère, préfabriquée et facile à assembler, capable d’accueillir 38 personnes. À cause de la guerre le projet ne peut aboutir. Une version pour huit personnes, que l’on peut voir et même visiter ici, a été réalisée au début du siècle.
A la même époque, en 1934, elle avait conçu un autre ensemble pour les loisirs, la Maison au Bord de l’eau. Un exemplaire a été construit à l’extérieur du bâtiment de Frank Gehry, au pied de la cascade, que l’on peut aller visiter.
Son amour de la montagne lui vaut d’être appelée en 1967 par le promoteur de la station de sports d’hiver des Arcs en Savoie pour diriger le bureau d’étude d’architecture pour la construction de cette station de 30 000 lits. Outre son rôle d’architecte et d’urbaniste, elle conçoit l’architecture intérieure et les équipements de la plupart des bâtiments des Arcs 1600 et 1800 jusqu’en 1989.
Un aspect moins connu de ses réalisations est exposé à travers la reconstitution de divers ensembles pour « voir et montrer les arts ».  Il s’agit de l’appartement du collectionneur Maurice Jardot, de la Galerie Louise Leiris, du mobilier du Musée national d’Art moderne et de la Triennale de Milan.
L’exposition s’achève avec la Maison de thé conçue en 1993 pour l’UNESCO, rappelant le rapport intime qu’elle a noué avec le Japon. Une exposition en tous points exceptionnelle. R.P. Fondation Louis Vuitton 16e. Jusqu’au 24 février 2020. Lien : www.fondationlouisvuitton.fr.


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