LA LUNE
Du voyage réel aux voyages imaginaires

Article publié dans la Lettre n°482 du 26 juin 2019



 
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LA LUNE. Du voyage réel aux voyages imaginaires. Dans la nuit du 20 au 21 juillet 1969 deux hommes marchaient sur la Lune. Cette exposition célèbre ainsi les cinquante ans de cette incroyable aventure, aboutissement d’un long programme spatial commencé en 1958. Mais le propos ne s’arrête pas là. Le parcours commence bien par nous rappeler cet événement planétaire en nous montrant des photographies prises sur la Lune et des objets emportés par Neil Armstrong, Buzz Aldrin et Michael Collins au cours de la mission Apollo XI, en nous montrant même une reproduction palpable du sol lunaire avec l’empreinte du pied d’Armstrong, mais très vite il se tourne vers ces voyages imaginaires, rêvés par des écrivains comme Jules Verne, des cinéastes comme Méliès ou des auteurs de bandes dessinés comme Hergé, pour ne citer que les plus récents.
La section suivante est essentiellement scientifique mais une installation de l’artiste Ange Leccia, Arrangements Lunes, faite avec des globes lumineux, nous annonce un voyage artistique. Ici nous voyons comment les hommes ont observé la Lune, dès le début du XVIIe siècle, avec une lunette (Galilée), puis avec un télescope (Newton). Nous voyons de tels instruments anciens ainsi que des cartes de la Lune, avec des noms donnés par les astronomes, dressées grâce à ces instruments.
La troisième partie du parcours commence par un panneau relatif à la déesse Hécate, dont une statue se dresse au milieu de la première salle. Avec ses trois visages, Hécate manifeste la pluralité de l’influence de la Lune sur les Hommes. La Lune est d’abord présentée comme un être bienveillant qui éclaire la nuit, veille sur les amoureux et visite le sommeil des mortels. C’est le mythe de Diane rendant visite sous la forme d’un rayon de Lune au beau jeune homme endormi qu’est Endymion (sarcophage romain et tableau d’Anne Louis Girodet). Ce sont les représentations d’amoureux au clair de Lune de William Dyce, Marc Chagall ou encore Semiha Berksoy.
Mais la Lune, constamment en changement, rythme aussi le passage du temps dans de nombreux calendriers basés sur le cycle lunaire. À côté d’une magnifique horloge astronomique réalisée en 1699, nous avons des calendriers de toutes sortes, y compris des calendriers perpétuels. La Lune est donc changeante et la femme étant soumise à la Lune, comme l’affirme cette estampe des années 1650 « L’influance de la lune sur la teste des femmes », elle peut symboliser L’Inconstance (magnifique tableau d’Abraham Janssens peint vers 1617) ou se révéler Sentimentale (toile de Johann Peter Hasenclever, 1846). La plupart du temps la femme est donc lunatique !
Après la lune caressante et la lune changeante voici la lune noire. Hécate est aussi la déesse du passage entre notre monde et l’au-delà : elle préside aux destins funèbres, aux sortilèges et aux tourments. Cela a inspiré de nombreux peintres et l’on frémit aux seuls titres de ces œuvres : Allégorie du Suicide, par Eugenio Lucas Velázquez (vers 1850) ; Soir de Waterloo, par Paul-Alexandre Protais (vers 1886) ; Scène de sorcellerie, par Angelo Caroselli ;  Orphée, par Louis Français (1863) ; Le Christ au jardin des Oliviers, par Gustave Moreau (vers 1880) et surtout le lugubre Young et sa fille par Pierre Auguste Vafflard (1804), montrant un homme obligé d’enterrer sa fille de nuit à la sauvette car, étant protestante, on lui avait refusé l’enterrement au cimetière. Cela s’était passé à Lyon en 1736.
On prête donc bien des propriétés à la Lune. Rien d’étonnant à ce qu’elle soit considérée comme une personne, thème de la quatrième section. Les hommes ont ressenti le besoin de lui donner corps, le plus souvent femme (Séléné, Luna, Diane, Tanit) mais aussi homme (Chandra, Soma, Khonsou, Thot). Parmi toutes les représentations de la Lune ainsi personnifiée, les plus belles sont ces statues de Diane (Falguière ; Houdon) ou encore ces représentations de l’Immaculée Conception, la Vierge Marie ayant été associée à la femme qui se tient debout sur la Lune décrite dans l’apocalypse de Saint-Jean. Dans ce même registre on voit six magnifiques croissants en argent, symbole de l’Immaculée Conception, avec des symboles incaïques (Pérou ou Bolivie, XVIIIe siècle).
La dernière section nous offre un grand nombre d’œuvres, inspirées par la Lune, qui montre que depuis des siècles, malgré le passage de l’homme sur son sol, elle n’a pas cessé de nous émerveiller. La Lune est ainsi présente dans des tableaux de Jean-François Millet, Joseph Vernet, Édouard Manet, Eugène-Louis Boudin, Charles Guilloux, Félix Vallotton, Paul Delvaux, Joan Miró, Salvador Dali, pour ne citer que les plus connus en France. On trouve aussi des sculptures comme celles d’Auguste Rodin (La Terre et la Lune) et de Jean Arp (Humaine, lunaire, spectrale, 1950). Une exposition originale, avec des cartels très intéressants, qui se termine donc sur un thème essentiellement artistique. R.P. Grand Palais 8e. Jusqu'au 22 juillet 2019. Lien : www.rmn.fr.


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