Parcours en images de l'exposition

FÉNÉON
Les temps nouveaux, de Seurat à Matisse

avec des visuels mis à la disposition de la presse,
et nos propres prises de vue

Parcours accompagnant l'article publié dans la Lettre n°492 du 11 décembre 2019



 

Félix Fénéon (1861-1944)
Les temps nouveau, de Seurat à Matisse

Scénographie

Félix Fénéon (1861-1944).
Les temps nouveaux, de Seurat à Matisse

Anarchiste, critique d’art, rédacteur en chef, journaliste, éditeur, directeur de galerie, collectionneur, Félix Fénéon est un acteur majeur du monde artistique de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle. Il déploie une énergie considérable dans de nombreux domaines tout en cultivant un certain mystère sur lui-même. On a surtout retenu de lui sa silhouette de dandy américain, immortalisée par Signac, et ses subversives Nouvelles en trois lignes.

Fénéon est proche des peintres et des écrivains qui partagent ses convictions libertaires et sa croyance dans l’avènement de temps nouveaux. Infatigable promoteur du néo-impressionnisme et de Seurat en particulier, il s’engage également en faveur des avant-gardes du début du XXe siècle, Bonnard, Matisse, Modigliani, les Futuristes, au temps où il est directeur artistique de la galerie Bernheim-Jeune.

Personnage fascinant par la force de ses engagements, la vigueur de son écriture, sa générosité, son humour et son effacement volontaire, Fénéon participe à la construction d’un nouvel ordre esthétique dominé par la sensualité de la couleur et la rigueur de la forme. Découvreur de talents et collectionneur perspicace, il réunit une importante collection d’oeuvres de Seurat à Matisse, de sculptures africaines et océaniennes qui témoignent de sa vision d’un art sans frontière.

 
Texte du panneau didactique.
 
Maximilien Luce. Portrait de Félix Fénéon, 1903. Huile sur toile, 127 x 118 cm. Nevers, Musée de la faïence et des beaux-arts. © S. Nesly.
Georges Seurat (1859-1891). Poseuse de profil - Poseuse de face - Poseuse de dos, 1887. Huile sur bois.
Paris, musée d’Orsay, préemptés par les musées nationaux avant la vente Fénéon du 30 mai 1947.
 
Georges Seurat (1859-1891). Poseuse de face, 1887. Huile sur bois, 25,0 x 15,8 cm. Paris, musée d'Orsay. © RMN-Grand Palais (musée d'Orsay) / Adrien Didierjean.
 
Statue féminine, XIXe siècle. Baga, Guinée. Bois, 80 × 22 × 23 cm. Collection Dr Philippe-Guy E. Woog. © M. Ilmari Kalkkinen.
 
Artiste inconnu. Masque. Gouro, Côte d’Ivoire, XIXe siècle – début XXe siècle. Bois et pigments. Collection particulière. Vente Fénéon 11 et 13 juin 1947, n° 74.
 
Artiste inconnu. Masque. Bobo, Haute-Volta [Burkina-Faso]. Bois et pigments. Londres, British Museum. Vente Fénéon des 11 et 13 juin 1947, n° 118.


1 - Au temps d’anarchie



Scénographie

Au temps d’anarchie

Entre 1892 et 1894, une série d’attentats anarchistes sème le chaos en France et provoque le vote des « lois scélérates » visant à réprimer le mouvement et interdire toute propagande. Pendant cette époque particulièrement agitée de l’histoire politique où Fénéon est employé au ministère de la Guerre, il met sa plume au service de revues anarchistes telles que L’Endehors de Zo d’Axa ou Le Père peinard dans lequel il rédige des critiques en argot.
Fiché anarchiste par la Préfecture de police, il est accusé d’avoir participé à un attentat au restaurant Foyot situé en face du Sénat. Arrêté, emprisonné à Mazas et jugé au cours du procès des Trente, il est acquitté à l’issue d’une brillante plaidoirie au cours de laquelle il démonte par l’absurde les arguments du juge.

Les convictions libertaires de Fénéon sous-tendent son action en faveur des artistes anarchistes comme les peintres Seurat, Signac, Luce, Van Rysselberghe et les écrivains Gustave Kahn ou Victor Barrucand, tous convaincus de l’avènement d’un monde meilleur grâce à l’art. Une composition de Signac intitulée Au temps d’anarchie puis rebaptisée après l’assassinat de Sadi Carnot Au temps d’harmonie, l’âge d’or n’est pas dans le passé, il est dans l’avenir, représente cet Eden moderne où règne un nouvel ordre esthétique et social.
Anarchiste, pacifiste, anticolonialiste, Fénéon reste attaché pendant toute sa vie à un idéal humaniste sans jamais adhérer à un parti. Il met en pratique ses convictions par la défense d’un art sans hiérarchie ni préjugé.

 
Texte du panneau didactique.
 
Eugène Pirou. Photographie de Félix Fénéon avec un huit-reflets, ayant appartenu à Jean Paulhan, 1886. Photographie sous verre, 15 x 10 cm. Collection particulière. © Collection particulière.
 
Paul Signac (1863-1935). Opus 217. Sur l'émail d'un fond rythmique des mesures et d'angles, de tons et des teintes, portrait de M. Félix Fénéon en 1890. Huile sur toile, 29 x 36 1/2 in. (73.5 x 92.5 cm). The Museum of Modern Art, New York. Gift of Mr. and Mrs. David Rockefeller. © Digital image, The Museum of Modern Art, New York/Scala, Florence.
 
Paul Signac (1863-1935). Au temps d’harmonie : l’âge d’or n’est pas dans le passé, il est dans l’avenir (réplique), 1896. Huile sur toile, 65,5 × 81 cm. Kasser Mochary Foundation, Montclair, NJ. Kasser Art Foundation. © Nikolai Dobrowolski.
Scénographie avec, dans la vitrine, des documents et le dossier constitué par Mme Fénéon sur le Procès des Trente.
 
Article de presse relatant l'arrestation de M. Fenelon (sic).
 
Maximilien Luce (1858-1941). Dans la cellule [Félix Fénéon en prison], 1894. Lithographie extraite du livre de Jules Vallès, Mazas. Lagny-sur-Marne, musée Gatien-Bonnet.
Fiches de François Ravachol, Félix Fénéon et Maximilien Luce. Verso des photographies figurant dans Album des anarchistes. Fac simile.
New York, The Metropolitan Museum of Art, Gilman Collection, acquisition 2005.
 
Alphonse Bertillon. « Fénéon Félix », dans Album des anarchistes, 1894. Tirage argentique albuminé d’après négatif sur verre, 10,5 × 7 cm. Gilman Collection, Museum Purchase, 2005. © New York, The Metropolitan Museum of Art.
 
Extrait de la plaidoirie de Félix Fénéon, accusé d'anarchisme, lors du «Procès des Trente».
Scénographie
 
Félix Vallotton. L’Anarchiste, 1892. Gravure sur bois, 17,1 × 25 cm. Bibliothèque nationale de France, Paris. © Photo Bibliothèque nationale de France.
 
Félix Vallotton (1865-1925). La Charge, 1893. Gravure sur bois. Paris, Bibliothèque nationale de France, département des Estampes et de la photographie.
 
Le Père Peinard, n° 215, 30 avril 1893. « Chez les barbouilleurs, les affiches en couleurs ». Collection Michel Dixmier.
 
Félix Fénéon. La Plume, 1er septembre 1891. Numéro spécial sur Paul Signac, 1er septembre 1891. Paris, Bibliothèque nationale de France, bibliothèque de l’Arsenal.


2 - Le promoteur du Néo-impressionnisme



Scénographie
Le promoteur du Néo-impressionnisme

Fénéon débute ses activités de critique d’art dès les années 1880 en publiant des comptes rendus d’expositions dans diverses revues. Il s’intéresse tout d’abord aux Impressionnistes, réunissant ses articles dans une plaquette intitulée Les Impressionnistes en 1886, où apparaît pour la première fois le nom de Seurat. La découverte d’Une baignade à Asnières, exposée au premier salon des Indépendants en 1884, révèle à Fénéon une nouvelle esthétique susceptible de dépasser l’impressionnisme par son style ample et décoratif.
Deux ans plus tard, le jeune critique invente le terme de néo-impressionnisme pour qualifier la peinture de Seurat et de ses émules. La touche pointilliste adoptée par les Néoimpressionnistes
permet de contrôler l’expression de leurs sensations visuelles et de traduire avec une grande finesse les modelés, les plans, le passage de la lumière à l’ombre. Cette peinture basée sur des théories scientifiques de la ligne et de la couleur correspond à la recherche de Fénéon d’une écriture objective au service de l’art.
Fénéon est le premier critique à promouvoir les oeuvres de Seurat, Signac, Cross, Van Rysselberghe, Luce, Dubois-Pillet, tous adeptes du pointillisme. Il est autant fasciné par leur style que par leurs sujets inspirés par la nature ou à caractère social. Il continue à les défendre au XXe siècle par l’organisation d’expositions, des ventes et des achats pour sa propre collection.


 
Texte du panneau didactique.
 
Paul Signac (1863-1935). Un dimanche, octobre 1888 – 13 mars 1890. Huile sur toile, 150 × 150 cm. Collection particulière. © Photo Patrice Schmidt.
Scénographie
 
Paul Signac (1863-1935). La route de Pontoise – L’Embranchement de Bois-Colombes (Opus 130), 1886. Huile sur toile. Leeds, Leeds Museums and Galleries, achat à la Redfern Gallery, 1948.
 
Albert Dubois-Pillet (1846-1890). Forges à Ivry, 1887. Huile sur toile. Paris, musée d’Orsay.
 
Henri-Edmond Cross. Les Iles d'Or, entre 1891 et 1892. Huile sur toile, 59,5 cm x 54 cm. Musée d'Orsay, Paris, France. © Patrice Schmidt/musée d'Orsay distribution RMN.
 
Paul Signac (1863-1935). Soleil couchant. Pêche à la sardine. Adagio. Opus 221 (de la série La Mer, les Barques, Concarneau) 1891. Huile sur toile, 65 × 81 cm. New York, The Museum of Modern Art, legs Mrs. John Hay Whitney, 1998. Photo © John Wron.
Scénographie
 
Georges Seurat (Paris, 1859 - Paris, 1891). La Banlieue, vers 1882. Huile sur toile, 32,4 x 40,5 cm. Donation Pierre et Denise Lévy, 1976. Troyes, musée d’Art moderne, collections nationales Pierre et Denise Lévy  MNPL 304. Crédit photographique : © Laurent Lecat.
 
Georges Seurat (1859-1891). Le fauchage, 1881-1882. New-York (NY), The Metropolitan Museum of Art. © The Metropolitan Museum of Art, Dist. RMN-Grand Palais / image of the MMA.

De gauche à droite et de bas en haut :
Georges Seurat (1859-1891).
- Lisière de bois au printemps, 1883. Huile sur bois. Paris, musée d’Orsay, donation de Max et Rosy Kaganovitch, 1973. Vente Fénéon du 30 mai 1947, n° 98.
- Paysage avec « Le Pauvre Pêcheur » de Puvis de Chavannes, vers 1881. Huile sur bois parqueté. Paris, musée d'Orsay, acquis avec la participation de la fondation Philippe Meyer, 2002. Vente Fénéon du 30 mai 1947, n° 99.
- Arbres, Hiver, vers 1883. Huile sur bois. Paris, musée d’Orsay, donation de M. Philippe Meyer. Vente Fénéon du 4 décembre 1941, n° 78.
- Ruines à Grandcamp, 1885. Huile sur bois. Paris, musée d’Orsay, MNR 1006. Vente Fénéon du 4 décembre 1941, n° 79.

 
Paul Signac  (1863-1935). Application du cercle chromatique de M Ch. Henry, 1889. Lithographie, 15.5 x 18 cm. Imprimerie Eugène Verneau. Musée Gatien-Bonnet, Lagny-sur-Marne. © Musée Gatien-Bonnet.
 
Georges Seurat (1859-1891). Planche 47, Paul Signac. Les Dessins de Seurat. Éditions Bernheim-Jeune, tome 1, 1929. Paris, bibliothèque du musée d’Orsay.


3 - Seurat



Scénographie
Seurat

Fénéon rencontre Seurat en mai 1886 à l’occasion de la huitième et dernière exposition des artistes impressionnistes où ce dernier présente Un dimanche après-midi à l’Ile de la Grande-Jatte. Leurs relations durent un peu moins de cinq ans, interrompues par la mort prématurée de Seurat, le 29 mars 1891.
Avant d’entrer en contact avec l’artiste, Fénéon se renseigne sur les principes scientifiques de sa peinture. Seurat découvre très jeune l’esthétique scientifique de Charles Henry et se passionne pour les analyses des pigments du chimiste Michel-Eugène Chevreul et du physicien américain Ogden Rood. Fénéon lui consacre de nombreux articles et se fixe comme objectif de promouvoir son talent jusqu’à la reconnaissance officielle de son art.
Après la mort de Seurat, Fénéon réalise avec Signac et Luce l’inventaire de son atelier et entreprend le catalogage de ses oeuvres. Parallèlement à ce travail de longue haleine, qui aboutit à la publication du catalogue raisonné des peintures par César de Hauke en 1961, il organise plusieurs expositions dont la première rétrospective de l’artiste dans les bureaux de La Revue blanche en 1900. Il constitue parallèlement une collection exceptionnelle de ses oeuvres – peintures et dessins – dont Une baignade à Asnières et l’esquisse d’Un dimanche après-midi à l’île de la Grande-Jatte. Fénéon considère ses trois petites Poseuses comme les oeuvres les plus précieuses de sa collection. Après avoir cherché en vain à faire acquérir des Seurat par le Louvre, il est un intermédiaire actif pour le don au musée en 1926 de Cirque par John Quinn.


 
Texte du panneau didactique.
 
Georges Seurat (1859-1891). Le Cirque, esquisse, 1891. Huile sur toile. Paris, musée d’Orsay, don de Mme Jacques Doucet au musée du Louvre, en exécution de la volonté de son mari, 1937.
Georges Seurat (1859-1891). Un dimanche après-midi sur l'île de la Grande Jatte, Étude, 1884.
New-York (NY), The Metropolitan Museum of Art. © The Metropolitan Museum of Art, Dist. RMN-Grand Palais / image of the MMA.
 
Georges Seurat (1859-1891). Marine avec des ancres, 1890. Huile sur toile, 65,4 × 81,9 cm. New York, The Museum of Modern Art, don de Mr. and Mrs. William A. M. Burden, 1963. Photo © John Wronn.
 
Georges Seurat (1859-1891). Le Bec du Hoc, Grandcamp, 1885. Huile sur toile, 64,8 x 81,6 cm. Royaume-Uni, Londres, Tate Collection. © Tate, Londres, Dist. RMN-Grand Palais / Tate Photography.
 
Georges Seurat (1859-1891). Grandcamp, Le Soir, 1885, bordure peinte vers 1888-89. Huile sur toile. New York, The Museum of Modern Art, Estate of John Hay Whitney, 1983.
 
Georges Seurat (1859-1891). Paysage à Port-en-Bessin, Normandie, 1888. Huile sur toile. Washington, National Gallery of Art, Gift of the W. Averell Harriman Foundation en mémoire de Marie N. Harriman. Après avoir acheté le tableau à Léopold Appert, le beau-père de Seurat, en 1936, Fénéon le revend l’année suivante à Mary N. Harriman.
Georges Seurat (1859-1891). Port-en-Bessin, 1888. Huile sur toile.
Minneapolis Institute of Art, The William Hood Dunwoody Fund, 55.38. Photo: Minneapolis Institute of Art.
 
Georges Seurat (1859-1891). Courbevoie : usines sous la lune ; La lune à Courbevoie, 1882-1883. Crayon conté sur papier, 23,6 x 31,2 cm. Etats-Unis, New-York (NY), The Metropolitan Museum of Art. Photo © The Metropolitan Museum of Art, Dist. RMN-Grand Palais / image of the MMA.
 
Georges Seurat (1859-1891). Le Dormeur, 1883-1884. Crayon conté sur papier, 23,8 x 31 cm. Paris, Musée d’Orsay. © RMN-Grand Palais (musée d'Orsay) / Tony Querrec.


4 - Fénéon et les lettres



Scénographie
Fénéon et les lettres

Passionné de littérature, Fénéon débute comme chroniqueur dans des petites revues symbolistes à l’époque où il est employé au ministère de la Guerre. « Fénéon avait deux parts de sa vie : son bureau, qui était son gagne-pain, et la littérature, qui était l’ornement de son existence », constate Octave Mirbeau en 1894. Ses ambitions d’écrivain se limitent à de courtes rubriques dans le Petit Bottin des Lettres et des Arts, annuaire sarcastique des personnalités du monde littéraire et artistique, et dans le Petit glossaire pour servir l'intelligence des auteurs décadents et symbolistes où il déploie son style unique : subtil, rythmé, concis, ironique.
Pendant treize ans, de 1883 à 1896, Fénéon exerce une activité prolifique de critique d’art collaborant à différents périodiques, dont des feuilles anarchistes. Après son renvoi du ministère de la Guerre suite à son incarcération, Thadée Natanson lui propose le poste de secrétaire de rédaction à La Revue blanche, fonction qu’il occupe jusqu’en 1903.
La carrière littéraire de Fénéon connaît de nombreux rebondissements. A partir de 1901, il pilote les éditions de La Revue Blanche publiant Dostoïevski et Stendhal. Deux ans plus tard, il entre comme journaliste au Figaro et commence à rédiger des introductions pour des catalogues d’expositions. Son passage au Matin en 1906 est resté célèbre grâce aux « Nouvelles en trois lignes », qui renouvellent le genre du fait-divers.
Entre 1919 et 1926, Fénéon anime Le Bulletin de la vie artistique, un bimensuel consacré aux principaux événements de la vie culturelle et à une réflexion sur l’esthétique. Il dirige également de 1920 à 1924 les éditions de La Sirène qui publient Cendrars, Cocteau, Radiguet, Joyce, Stevenson, Lucie Cousturier.


 
Texte du panneau didactique.
 
Félix Vallotton. Félix Fénéon à La Revue Blanche, 1896. Huile sur carton, 52,5 x 66 cm. Collection particulière. © akg-images / Erich Lessing.
Theo van Rysselberghe. La Lecture par Emile Verhaeren, 1903. Huile sur toile, 181 x 241 cm.
Gand, Musée des Beaux-arts de Gand. © www.lukasweb.be – Art in Flanders, photo Hugo Maertens.


5 - L’éminence grise de La Revue blanche



Scénographie
L’éminence grise de La Revue blanche

Fénéon occupe le poste de rédacteur en chef à La Revue blanche de 1896 à 1903, année de la disparition du périodique. Energique, perspicace et dévoué, il donne une impulsion nouvelle à ses contenus. La publication de nombreux articles et enquêtes approfondies manifestent son engagement dreyfusard, pacifiste, anticolonialiste, laïque, cosmopolite, socialiste et libertaire.
Après avoir soutenu Mallarmé, Verlaine, Jules Laforgue, la revue accueille Debussy comme chroniqueur musical, Alfred Jarry, l’auteur d’Ubu roi, Proust, Gide, Claudel, Wilde, Péguy, Apollinaire. Elle est un véritable creuset artistique où se côtoient les peintres Nabis, les Néoimpressionnistes et les représentants de l’Art nouveau. Bonnard, Vuillard, Toulouse-Lautrec y publient des dessins à une époque où ils sont liés au renouveau du théâtre contemporain. Fénéon fait une apparition remarquée sur la scène du théâtre de l’Œuvre dans le prologue du Chariot de terre cuite, un classique de la littérature sanskrite adapté par son ami l’écrivain anarchiste et collaborateur de La Revue blanche, Victor Barrucand.
Foyer de la création la plus novatrice de son temps, La Revue blanche inspire à Bonnard une affiche publicitaire résolument moderne, féminine et parisienne. Son style reprend le synthétisme des formes et des couleurs de sa première affiche, France-Champagne, admirée par Fénéon sur les murs de Paris en 1891. En 1896, Vallotton réalise un portrait iconique de celui « qui fut la Revue blanche », selon l’expression de Thadée Natanson.


 
Texte du panneau didactique.
 
Pierre Bonnard. La Revue Blanche, 1891. Lithographie en quatre couleurs, 80 x 60 cm. Bibliothèque nationale de France, Paris. © Photo Bibliothèque nationale de France.
 
Pierre Bonnard (1867-1947). France-Champagne, 1891. Affiche entoilée, lithographie en trois couleurs. Paris, Bibliothèque nationale de France, département des Estampes et de la photographie.
 
Pierre Bonnard (1867-1947). Femme assoupie sur un lit ou L'indolente, 1899. Huile sur toile. Paris, musée d’Orsay. Préempté par les musées nationaux à la vente Fénéon du 30 mai 2047, n° 67.

Scénographie avec, de gauche à droite :
- Henri de Toulouse Lautrec (1864-1901). Le Chariot de terre cuite, programme illustré, 1895. Lithographie en couleurs.
Paris, Bibliothèque nationale de France, département des Arts du spectacle.
- Henri de Toulouse-Lautrec (1864-1901). Caricature de Félix Fénéon, vers 1895-1896. Encre sur papier.
New York, The Museum of Modern Art, legs John Rewald, 1994.
- Maximilien Luce (1858-1941). Félix Fénéon. Crayon sur papier. Paris, collection particulière.

 
Henri de Toulouse Lautrec (1864-1901). Le Chariot de terre cuite, programme illustré, 1895. Lithographie en couleurs. Paris, Bibliothèque nationale de France, département des Arts du spectacle.
 
Henri de Toulouse-Lautrec (1864-1901). Moulin rouge. Bal tous les soirs. La Goulue, 1891. Affiche entoilée, lithographie en couleurs au pinceau et au crachis. Paris, Bibliothèque nationale de France, département des Estampes et de la photographie.
Scénographie avec revues auxquelles Félix Fénéon a collaboré.
Félix Fénéon (1861-1944). Inventaire manuscrit illustré de croquis des dessins de Georges Seurat dans la collection de Paul Signac.
Encre et crayon de couleur sur papier.
Paris, Bibliothèque de l’Institut national d’histoire de l’art, collections Jacques Doucet.


6 - Vers un nouvel Eden



Scénographie
Vers un nouvel Eden

Recommandé par Vallotton, Fénéon rejoint la galerie Bernheim-Jeune frères en 1906 pour devenir son directeur artistique. Il occupe cette fonction jusqu’en 1923. Cette période correspond à une intense activité en faveur des peintres qu’il soutient depuis plusieurs années et d’une nouvelle génération d’artistes attirés par la couleur. Il joue un rôle majeur dans l’émergence des avant-gardes tout en restant volontairement en retrait.
Fénéon organise de nombreuses expositions pour défendre des peintres disparus comme Van Gogh ou Seurat, d’autres reconnus comme Vuillard, Maurice Denis, Roussel, Vallotton ainsi que de jeunes talents encore incompris. Il y fait entrer ses amis Cross, Bonnard en 1906, Signac en 1907 et des jeunes Fauves comme Matisse en 1908 ou Van Dongen en 1909.
Pour mieux convaincre les Bernheim du talent des artistes émergents, Fénéon consacre une partie de son salaire à l’achat d’oeuvres, constituant ainsi au fil des années l’une des collections d’art moderne les plus importantes de Paris. Toiles et dessins de Seurat, Matisse, Derain ou Max Ernst y côtoient des sculptures et les objets d’Afrique ou d’Océanie. Cet ensemble de plus de 1200 numéros est dispersé aux enchères à l’hôtel Drouot à l’occasion de plusieurs ventes. La première est organisée en 1941 par Fénéon pour financer des frais médicaux. Les suivantes sont organisées en 1947 après sa mort et celle de sa femme.


 
Texte du panneau didactique.
 
Amedeo Modigliani (Livourne, Italie, 1884 – Paris, 1920). Jeanne Hébuterne, 1918. Huile sur toile, 46 x 29 cm. Donation Pierre et Denise Lévy, 1976. Troyes, musée d’Art moderne, collections nationales Pierre et Denise Lévy, MNPL 294. Crédit photographique : © Laurent Lecat.
 
Artiste inconnu. Récipient zoomorphe. Kwakwaka'wakw, Colombie Britannique, XIXe siècle. Bois et incrustations de nacre. Paris, musée du quai Branly – Jacques Chirac. Vente Fénéon des 11 et 13 juin 1947, n° 21.
 
Félix Fénéon, Afrique, Océanie, Amérique. Vente à Paris, hôtel Drouot, 11 et 13 juin 1947. Paris, musée du Quai Branly – Jacques Chirac.
Scénographie
 
Henri Matisse. L'Algérienne, Printemps 1909. Huile sur toile. Paris, Centre Pompidou, musée national d'art moderne/centre de création industrielle, legs du vicomte Guy de Cholet aux musées nationaux, 1916.
 
Henri Matisse (1869-1954). Intérieur à la fillette (La Lecture), 1905-1906. Huile sur toile, 72,7 × 59,7 cm. New York, The Museum of Modern Art, don de Mr. and Mrs. David Rockefeller, 1991. Photo © Paige Knight. © Succession H. Matisse / Copyright Digital image, The Museum of Modern Art, New York/Scala, Florence.
 
Henri Matisse (1869 – 1954). Nu assis, Titre attribué : Nu rose 1909. Huile sur toile, 33,5 x 41 cm. Ville de Grenoble, Musée de Grenoble-J.L. Lacroix. © Succession H. Matisse. Photo numérique, couleur.
 
Pierre Bonnard (1867-1947). La Symphonie pastorale, dit aussi Campagne, 1916-1920. Huile sur toile, 130 × 160 cm. Paris, musée d’Orsay. © Musée d’Orsay, Dist. RMN-Grand Palais / Patrice Schmidt.
 
Pierre Bonnard (1867-1947). Bord de mer, sous les pins, 1921. Huile sur toile, 121 × 121 cm. Collection particulière. © Collection particulière.
 
Artiste inconnu. Masque. Baoulé, Côte d’Ivoire, 1920 [?]. Bois. Paris, collection particulière Walker Evans (1903-1975).
Scénographie
 
Artiste inconnu. Maternité. Kongo, République démocratique du Congo, XIXe siècle. Pierre. Genève, galerie Jacques Benador.
 
Sangu, Gabon. Figure de reliquaire mbumba. Bois, cuivre, laiton et boutons de faïence. Peau et ossements humains, H. : 45 cm. Fondation Dapper, Inv. n° 0628. © Archives Fondation Dapper - Photo Gérard Berjonneau.
 
Artiste inconnu. Statue nkisi. Loango, République du Congo, XIXe siècle - début XXe siècle. Bois, fer. Collection particulière. © Marian Gerard.
 
Artiste inconnu. Boîte reliquaire anthropomorphe. Mangbetu, République démocratique du Congo, XIXe siècle – début du XXe siècle. Bois et écorce. Troyes, musée d'Art moderne, collections nationales Pierre et Denise Lévy. Vente Fénéon des 11 et 13 juin 1947, n° 143.
Scénographie
 
Masque-heaume janus. Luba, République démocratique du Congo, XIXe siècle - début du XXe siècle. Bois et pigments, 48 × 28 × 32 cm. Paris, musée d’Art moderne de la Ville de Paris, anc. coll. Félix Fénéon. © Musée d’Art Moderne/Roger-Viollet : Photo Eric Emo.
 
Artiste inconnu. Masque. Gouro, Côte d'Ivoire, XIXe siècle – début XXe siècle. Bois et pigments. Collection particulière.
 
Artiste inconnu. Masque buffle kablé. Toussian, Burkina Faso, XIXe siècle – début XXe siècle. Bois. New York, The Metropolitan Museum of Art, The Michael C. Rockefeller Memorial Collection, legs Nelson A. Rockefeller, 1979.
Scénographie
 
Artiste inconnu. Statuette masculine. Début du XXe siècle, Bembé, République du Congo. Bois et pigments. Troyes, musée d'Art moderne, collections nationales Pierre et Denise Lévy. Vente Fénéon des 11 et 13 juin 1947, n° 95.
 
Artiste inconnu. Coupe céphalomorphe. Kuba, République démocratique du Congo, XIXe siècle – début du XXe siècle. Bois. Troyes, musée d'Art moderne, collections nationales Pierre et Denise Lévy. Vente Fénéon des 11 et 13 juin 1947, n° 30.


7 - L’exposition des Futuristes à Paris



Scénographie
L’exposition des Futuristes à Paris

Fénéon organise en 1912 la première exposition à Paris des Futuristes italiens à la galerie Bernheim-Jeune. Ce mouvement d’avant-garde s’était constitué trois ans plus tôt autour du poète Filippo Tommaso Marinetti que Fénéon avait rencontré en 1899 dans les bureaux de La Revue blanche. Alors que ces artistes soulevaient l’indignation en Italie, il leur ouvre les portes de la galerie pour l’inauguration de ses nouveaux locaux de la rue Richepance.
Trente-quatre toiles d’Umberto Boccioni, Carlo Carrà, Luigi Russolo, Gino Severini, Giacomo Balla, sont présentées du 5 au 24 février. Ces peintures vivement colorées, aux formes diffractées, représentent un jalon important de l’évolution de l’art moderne, entre néoimpressionnisme et cubisme.
Les Futuristes exaltent le monde urbain, la machine, le mouvement, le tumulte, la vitesse. Ils prônent la violence pour abattre les traditions et les conservatismes. Leur intérêt pour la poésie symboliste, le divisionnisme et la révolution rejoignent certaines des valeurs défendues par Fénéon dans le domaine esthétique et politique. Ils partagent également un même rejet des musées et des institutions culturelles, le manifeste du Futurisme publié par Marinetti dans le Figaro du 20 février 1909 allant même jusqu’à prôner leur destruction.
L’exposition fait scandale. Une bagarre éclate au cours de la conférence inaugurale donnée par Marinetti dans la galerie. Après cet épisode tumultueux, elle poursuit sa tournée à travers l’Europe.
Fénéon quitte la galerie Bernheim-Jeune en 1924. Son engagement en faveur des artistes novateurs et sa défense des arts non occidentaux font de lui un personnage-clé de la modernité.


 
Texte du panneau didactique.
 
Louis-Alfred Natanson. Félix Fénéon, 1895. Photographie. Archives Vuillard, Paris. © Archives Vuillard, Paris.
 
Giacomo Balla (1871-1958). Lampe à arc, 1910–11 (daté 1909 sur la toile). Huile sur toile, 174,7 × 114,7 cm. New York, The Museum of Modern Art, Hillman Periodicals Fund, 1954. Photo © Kate Keller / © Adagp, Paris, 2019.
 
Carlo Carrà (1881-1966). Les Funérailles de l’anarchiste Galli, 1910-1911. Huile sur toile, 198,7 × 259,1 cm. New York, The Museum of Modern Art, legs Lillie P. Bliss Bequest (échange), 1948. Photo © Paige Knight.
 
Umberto Boccioni. Le Rire, 1911. Huile sur toile, 110.2 x 145.4 cm. New York, The Museum of Modern Art. © Digital image, The Museum of Modern Art, New York\Scala, Florence.
 
Luigi Russolo. La Révolte, vers 1911. Huile sur toile, 150,8 × 230,7 cm. La Haye, Kunstmuseum Den Haag. © Kunstmuseum Den Haag.

 


Chronologie

Un homme de lettres au ministère de la Guerre

1861
29 Juin 1861 Naissance à Turin de Louis-Félix Fénéon. Son père est d’origine bourguignonne, sa mère d’origine Suisse.


1881
Après des études à l’Ecole Normale de Cluny (Bourgogne), il passe le concours de rédacteur au ministère de la guerre. Il s’installe à Paris.

1883
Fénéon commence à écrire des chroniques pour La Libre Revue artistique et littéraire.

1884
Fénéon fonde La Revue Indépendante, « politique, littéraire et artistique » revue symboliste à laquelle participent, entre autres, Mallarmé, Verlaine et Huysmans.
Il découvre Seurat au Salon des artistes indépendants où est exposée Une baignade, Asnières. Fasciné par le tableau, il devient un fervent défenseur de son esthétique.

Symbolisme et néo-impressionnisme

1885
Fénéon est introduit aux « mardis » de Mallarmé.
Il collabore à de nombreuses petites revues symboliste ou libertaire comme La Vogue ou L’Endehors.
Rencontre avec Charles Henry qui vient de publier « Introduction à une esthétique scientifique".

1886
Fénéon participe à la rédaction du Petit Bottin des Lettres et des Arts, annuaire sarcastique des personnalités du monde littéraire et artistique.
Il rencontre Seurat, Signac, Camille Pissarro, Dubois-Pillet à la huitième et dernière exposition des impressionnistes. Seurat y expose Un dimanche d’été à la Grand-Jatte.
Publication d’articles sur les Impressionnistes repris sous la forme d’une brochure : Les Impressionnistes en 1886.
Il crée le terme « néo-impressionnisme ».
Il prépare le manuscrit des Illuminations de Rimbaud.

1890
Fénéon publie un portrait de Paul Signac dans la collection Les Hommes d'aujourd'hui.
A la fin de l’été, Signac entreprend un portrait emblématique de Fénéon achevé en 1891.

1891
23 mars Fénéon assiste au banquet d’adieu de Gauguin avant son départ à Tahiti.
29 mars Mort de Seurat. Fénéon, Luce et Signac réalisent l’inventaire de son atelier.

1892
Les attentats anarchistes se multiplient à Paris. Fénéon, fiché comme anarchiste, fait l’objet d’une surveillance policière.

1893
Fénéon arrête la critique d’art

1894
Février, mort du père de Fénéon.
Avril, une bombe explose au restaurant Foyot, en face du Sénat. Fénéon est soupçonné d’avoir participé à l’organisation de l’attentat. Il est arrêté le 29 avril et incarcéré à la prison de Mazas. Il est révoqué de ses fonctions au ministère de la Guerre au mois de mai.
6-12 août, Audience du « Procès des Trente » où Fénéon se fait remarquer par ses réponses « subtiles et aiguisées » (Georges Clemenceau). Il est acquitté le 12 août.
Thadée Natanson lui propose le poste de rédacteur à La Revue blanche, une revue littéraire et artistique de sensibilité anarchiste.
Début de l’Affaire Dreyfus.

1895
Toulouse-Lautrec peint les panneaux pour la baraque de la Goulue où Fénéon est portraituré en compagnie d’Oscar Wilde.
Création d’Ubu Roi d’Alfred Jarry par le théâtre de l’OEuvre. Jarry surnommera Fénéon « celui qui silence », ce dernier ayant décidé de se taire après le procès des Trente.

1896
Fénéon devient rédacteur en chef de la Revue Blanche. Il y côtoie et publie des écrivains comme Alfred Jarry, Léon Blum, Oscar Wilde, André Gide puis Paul Valéry et Guillaume Apollinaire ainsi que des peintres : Pierre Bonnard, Henri de Toulouse-Lautrec, Edouard Vuillard, Kees van Dongen.

1897
Il épouse Stéphanie Goubaux, dite Fanny (1868-1946).
Sa maîtresse, Camille Plateel, rencontrée à Bruxelles, s’installe à Paris.

1899
Signac publie D’Eugène Delacroix au Néo-impressionnisme, manifeste du néo-impressionnisme, aux éditions de La Revue blanche.
Naissance de Gilbert Gardin, fils naturel de Fénéon et d’une blanchisseuse. A la mort de Fénéon, Fanny le désignera comme exécuteur testamentaire de son père.

1900
Mars-avril, Fénéon organise la première rétrospective Seurat. A la suite de l’exposition, il achète Une baignade à Asnières.

1901
Fénéon s’occupe des éditions de La Revue Blanche où il publie, entre autres, Dostoïevski et Stendhal.

1903
La Revue Blanche cesse de paraître. Fénéon entre au Figaro.

Vers la modernité

1904
Fénéon écrit des introductions pour des catalogues d’exposition : Kees van Dongen à la galerie Vollard, Maximilien Luce et Paul Signac à la galerie Druet.
Il passe l’été à Saint-Tropez près de Signac. Il y fait la connaissance de Matisse.

1905
D’après Jean Laude, Fénéon commence à collectionner des objets sculptés africains.

1906
Fénéon quitte Le Figaro pour Le Matin pour lequel il écrit ses Nouvelles en trois lignes.
Introduit par Félix Vallotton, il rejoint la galerie Bernheim Jeune où il fait entrer Cross et Bonnard (1906), Signac (1907), Matisse (1908), Van Dongen (1909).
Mort de Marie-Louise Fénéon, sa mère qui vivait avec le couple.

1908
Fénéon devient directeur artistique de la galerie Bernheim-Jeune.
A l’invitation d’Apollinaire, il se rend dans l’atelier de Picasso où il voit Les Demoiselles d’Avignon.

1912
Fénéon organise la première exposition des Futuristes italiens chez Bernheim-Jeune.
Il accompagne sa maitresse Suzanne des Meules, à un Bal masqué chez Van Dongen.
Il voyage en Allemagne (Brème et Hambourg) pour le compte de la galerie Bernheim afin de prendre contact avec des collectionneurs.

1914
Mars, Apollinaire publie un article sur Fénéon dans le Mercure de France où il le qualifie de « faux-Yankee de la rue Richepanse ».
Fénéon publie les Petits Bulletins réunissant des informations artistiques, qui cessent de paraitre avant la déclaration de guerre.

1917
A la suite de la Révolution russe, Fénéon décide de donner sa collection au peuple Russe. Il revient sur sa décision quelques temps plus tard, suite au massacre d’anarchistes en Russie.

1919
Création du Bulletin de la vie artistique qui paraitra deux fois par mois jusqu’en 1926.

Les arts lointains

1920
Fénéon assure avec Cocteau jusqu’en 1924 la direction littéraire des éditions de la Sirène fondées en 1917. Parmi les auteurs publiés : Cendrars, Cocteau, Radiguet, Joyce, Stevenson et Lucie Cousturier.
Dans les numéros de novembre et décembre du Bulletin de la Vie Artistique parait à l’initiative de Fénéon : « Enquête sur les arts Lointains. Seront-ils admis Louvre ?».

1923
9 Novembre 1923 - 27 janvier 1924 : Fénéon prête soixante-dix objets, dont trente poulies de Côte d’Ivoire, à l’exposition Arts indigènes des Colonies françaises au musée des Arts Décoratifs de Paris.

1924
A 63 ans, « mûr pour l’oisiveté », Fénéon prend sa retraite et quitte la galerie Bernheim.
Il se résout à vendre Une baignade, Asnières au directeur de la Tate Gallery à Londres.
Fanny Fénéon ouvre un cinéma puis une boutique de brocante.

1926
26 mars Ouverture de l’exposition « Man Ray et objets des îles » à la galerie surréaliste à la suite de
laquelle on présume que Fénéon commence à acquérir des objets océaniens.

1930
Sept de ses objets figurent à l’exposition Afrique Océanie à la Galerie Pigalle à Paris.

1931
Fénéon emménage 10, avenue de l’Opéra qui restera son dernier domicile parisien.

1935
Février Fénéon prête onze objets à l’exposition African Negro Art organisée par le Musée d’art moderne de New York.

1936
Suite de la victoire du Front Populaire, coalition de partis de gauche qui gouverne la France de mai 1936 à avril 1938, Fénéon hisse un drapeau rouge sur le toit de son immeuble de l’avenue de l’Opéra.

1937
Fénéon fait la connaissance de John Rewald qui laissera un texte de souvenirs sur leur rencontre.

1938
Décembre, Fénéon est opéré d’un cancer de l’intestin.

1939
Les Fénéon séjournent à Saint-Palais-sur-Mer, villa Ubu. Ils se rendent également à Valescure où ils louent un appartement.

1940
Février-Juin, Félix et Fanny séjournent à Marseille, invités par Suzanne Des Meules. Juillet, court séjour à Royan puis retour à Paris où Fénéon se fait soigner à la clinique Geoffroy Saint Hilaire.

1941
Fénéon rencontre Jean Pauhlan qui publiera après la guerre un choix de ses écrits précédé d’une importante étude critique « F.F. ou le critique ».

La fin d’une collection

1941
4 décembre, première vente de sa collection afin de payer ses frais d’hospitalisation ainsi que ceux de sa femme et de sa maitresse Camille Platele. Elle comprend 87 oeuvres dont 9 tableaux de Seurat.

1942
Les Fénéon s’installent à La Vallée-aux-Loups dans l’ancienne propriété de Châteaubriand à Chatenay-Malabry, transformée en clinique par le docteur Le Savoureux

1943
Avril, Fénéon est élu à l’Académie Mallarmé.

1944
29 février, mort de Fénéon à la Vallée-aux-Loups. Il est incinéré au cimetière du Père Lachaise.

1946
Mort de Fanny Fénéon au Plessis-Trévise.

1947
30 avril, 30 mai et 9 juillet, trois vacations dispersent la collection de tableaux, dessins et gravures de sa collection. Elle propose 251 oeuvres et 137 gravures et affiches. L’état achète Les Poseuses de Seurat, préempte des dessins de ce dernier et un Matisse fauve.
11 et 13 Juin ont lieu la dernière vente de la collection. Elle est consacrée aux « arts lointains » et comporte 457 oeuvres.
Les ventes, qui rapportent quelques 20 millions de francs, sont données au profit de l’Université de Paris, à charge pour elle, de créer un prix littéraire et artistique : le Prix Félix Fénéon récompensant un écrivain et un artiste (peintre ou sculpteur) âgés de 35 ans au plus.



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