LE CORPS ET L'ÂME
De Donatello à Michel-Ange
Sculptures italiennes de la Renaissance

Article publié dans la Lettre n°515 du 6 janvier 2021



 
Pour voir le parcours en images de l'exposition, cliquez ici.

LE CORPS ET L’ÂME. De Donatello à Michel-Ange. Sculptures italiennes de la Renaissance. Cette exposition, riche de quelque 140 œuvres, présente la sculpture d’une période allant, en simplifiant, de 1450 à 1520, considérée comme l’apogée de la Renaissance. Elle commence avec Donatello (vers 1386-1466), qui s’est inspiré des sculptures antiques pour traduire dans ses œuvres l’émotion et les mouvements de l’âme, et se termine par Michel-Ange (1475-1564), l’un des créateurs les plus célèbres de l’histoire. Le premier n’est représenté que par deux plaques de bronze. Il était sans doute difficile de faire venir de Florence des sculptures telles que Judith et Holopherne ou la Madeleine repentante, aussi grandes que les Esclaves de Michel-Ange, présents dans cette exposition et qui n’ont eu qu’à changer de salles. En revanche nous avons un grand nombre de sculptures réalisées par des artistes moins connus dont certaines proviennent d’églises ou de petites communes où l’on n’a pas l’habitude de se rendre. Cela montre une fois de plus la richesse du patrimoine artistique de l’Italie, jusque dans ses moindres recoins.
Le parcours de l’exposition est structuré en quatre grandes parties : « En regardant les antiques : la fureur et la grâce », « L’art sacré : pour émouvoir et convaincre », « De Dionysos à Apollon » et « Roma Caput Mundi : Rome centre du monde ». Des subdivisions, que l’on retrouvera dans le parcours en images qui complète cet article, existent pour chacune d’entre elles.
La première partie s’ouvre avec des sculptures antiques telles les Trois Grâces ou un devant de sarcophage du Louvre. Elles montrent comment traduire tant la grâce que la fureur. C’est ce que font des artistes comme Duccio avec sa Sainte Brigitte de Suède (1459) ou Giovanni avec sa Bataille (vers 1475-1480). Des exemples de toutes sortes, y compris des dessins et des peintures, illustrent « La grâce » d’une part et « La fureur » d’autre part. On peut citer pour la première Le Parnasse (1496-1497) de Mantegna, les Deux anges volants (1480) de Verrocchio ou encore une Marie Madeleine (vers 1500), un dessin de Michel-Ange. Pour la seconde, on remarque tout particulièrement la Bacchante en délire (avant 1507) d’un artiste de Vénétie et Le Rapt d’Europe (vers 1490-1495) de Bellano où la femme est manifestement furieuse d’être enlevée par le taureau. Cette section se termine en montrant que Florence est devenue au début du Cinquecento « l’école du monde » avec Léonard de Vinci et Michel-Ange. Tous deux commencent la décoration du Palazzo Vecchio avec des scènes de batailles, aujourd’hui disparues, La Bataille d’Anghiari pour le premier, La Bataille de Cascina pour le second. Elles inspirent leurs contemporains et leur rayonnement est considérable.
La représentation du corps, nu ou habillé, dans des expressions tourmentées ou apaisées, sert aussi l’art sacré. On le voit avec cette Crucifixion (1450-1455) de Donatello, ces scènes de Flagellation du Christ (Martini, Sperandio de Mantoue, Moderno) ou de Déploration du Christ (Cairano, Bellano). Il en est de même avec ces figures de saints dont les plus populaires sont Marie Madeleine (Settignano, Mazzoni, Del Maino), Saint Jérôme, dans toutes les attitudes (Verrocchio, Riccio, Andrea della Robbia), Saint Sébastien, Saint-Jean Baptiste et bien sûr avec la Vierge. Le summum est atteint avec ces groupes de figures grandeur nature, en bois sculpté à la riche polychromie, théâtralisant la Déploration du Christ (Del Maino, 1493-1494).
Vers la fin du Quattrocento, comme en peinture (Pérugin, Raphaël), les sculpteurs reviennent à une vision de l’homme plus apaisée. Ils traduisent dans le marbre des sentiments comme la tendresse, la mélancolie, la fierté ou la souffrance. À côté de figures religieuses, on trouve des sujets profanes, le Tireur d’épine (Riccio, Sansovino, Gagini) ou mythologiques, Venus anadyomède (Lombardo, vers 1508-1516), Pan et Luna (Minello, vers 1525) qui font la joie des collectionneurs pour leurs studioli.
Dans les années 1500, l’Antiquité classique devient un modèle inépuisable d’inspiration pour les artistes de la Renaissance. Les papes et le haut clergé rivalisent pour passer d’importantes commandes aux artistes afin de renforcer leur prestige et de rendre encore plus visible la grandeur de l’Église. Raphaël, Bramante et Michel-Ange sont à Rome et travaillent sur des projets gigantesques comme le plafond de la chapelle Sixtine ou le monument funéraire de Jules II. De ce dernier, inachevé, nous avons les deux Esclaves du Louvre sculptés par Michel-Ange, allégories de la lutte de l’âme contre les chaînes du corps.
L’exposition se termine, en particulier, avec ce que Le Laocoon, une sculpture majeure de l’Antiquité découverte en 1506 dans une vigne de l’Esquilin, l’une des collines de Rome, a inspiré aux artistes du début du Cinquecento. Non seulement le sujet lui-même a été repris mais il a servi de modèle pour exprimer la douleur associée à la beauté physique. On le retrouve dans ce Christ à la colonne (vers 1510-1520) et cette Femme angoissée (vers 1515-1520) de Il Gobbo ou encore dans La Justice (vers 1520-1522) et ce Couple d’apôtres (vers 1516-1523) de Bambaia. Une exposition remarquable avec des panneaux didactiques très lisibles, de nombreux cartels et une scénographie aérée. R.P. Musée du Louvre 1er. Jusqu’au 18 janvier 2021. Lien : www.louvre.fr.


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