Parcours en images de l'exposition

DOMAINE DE CHAUMONT-SUR-LOIRE
SAISON D’ART 2023

avec des visuels mis à la disposition de la presse
et nos propres prises de vue

Parcours accompagnant l'article publié dans la Lettre n°578 du 27 septembre 2023



 

Le parcours ci-dessous commence à partir de l'entrée supérieure du Domaine de Chaumont-sur-Loire (grand parking),
avec les bâtiments autour de la cour de la ferme, puis le château, les écuries, le parc historique et le potager.
(Nota : Les œuvres d'un même artiste peuvent être en plusieurs endroits du Domaine. Nous les avons regroupées.)
De là on peut se rendre au Festival International des Jardins (Jardin Résilient en 2023)
et terminer par les Près du Goualoup dont la sortie donne sur le parking.





Cour de la ferme et bâtiments aux alentours

Cour de la ferme. James Basson (Monaco). Le Paysage microcosmique, 2023. Ensemble.
 
COUR DE LA FERME

«La pelouse d'origine, encadrée par l'Idylle que forme la cour de ferme, était un espace libre de tout mouvement et de toute complexité. Lorsque l'on s'approche de la cour, on ne remarque pas les plantes, elles forment un espace et des couleurs sobres. Plus près, on voit trois ou quatre espèces apparaître, dévoilant leurs tonalités et textures. Plus on avance, plus la diversité est visible, le microcosme prend forme, paysage qui peut être ignoré ou embrassé.
Le jardin est planté selon le modèle des paysages de steppes européens, comme celui du plateau du Larzac. Ces paysages sont très pauvres: la terre et l'eau y sont rares, et ils n'offrent pas de protection contre le vent. Les températures sont extrêmes, avec un froid glacial en hiver et une chaleur torride en été. Ici, les plantes sont douées de tolérance plutôt que d'un esprit de compétition. C'est dans l'environnement du peu que l'on trouve la plus grande diversité.
Face au changement climatique, la prochaine génération de concepteurs et de jardiniers va vivre une période passionnante. Qu'est-ce qui remplacera nos terrains de jeu et pelouses qui nous sont si chers? Que ferons-nous des roses qui, pendant des années, nous ont donné tant de joie? Des paysages centrés sur la résilience plutôt que sur l'exubérance. Une esthétique qui nous rapproche de la nature dans son état naturel. Une nouvelle phase de romantisme où nous considérons la nature comme un être cher dont nous voulons prendre soin et dont nous voulons apprendre avant qu'il ne nous quitte.
Le paysage microcosmique est un clin d'œil à ce débat. Il est possible de le manquer, mais si vous vous arrêtez pour regarder vers le bas, il y a beaucoup à voir». James Basson.

Cour de la ferme. James Basson (Monaco). Le Paysage microcosmique, 2023. Détail.
 
Texte du panneau didactique.


YVES ZURSTRASSEN

Scénographie
YVES ZURSTRASSEN

L’art d’Yves Zurstrassen est en constante évolution, mais un élément reste immuable : son désir d’une expression libre et intuitive. Un jeu dynamique de formes abstraites et de couleurs, orange, jaune vif, bleu... mais aussi de noir et blanc, caractérisent ses toiles récentes. Sa peinture s’inspire des sonorités du jazz autant que de l’art abstrait louant toujours l’invention et le jeu. Zurstrassen conçoit ses tableaux étape par étape, scène par scène, combinant différentes techniques et revisitant – toujours dans le but de les déconstruire – les pratiques artistiques qui ont marqué l’histoire de la peinture abstraite au XXe siècle.

Guidant la pensée et la main du peintre, une liberté créatrice et d’improvisation le conduit à parier sur le principe de changement, de surprise, de contre-pied, qui insuffle en continu une intensité à l’espace créé. Un espace que le peintre veut habiter et nous faire partager comme une expérience perceptive et mentale. Chaque tableau étant un territoire pictural construit à la fois par une suite d’intuitions, de contrastes, d’impulsions comme de principes ou d’organisation méthodiques. « Je suis un autodidacte, rappelle Yves Zurstrassen. Je ne suis pas un intellectuel qui projette la peinture, c’est le tableau qui me guide, qui m’apprend ce que je sais, ce que je suis. C’est lui qui me permet d’atteindre une forme de connaissance. »

 
Texte du panneau didactique.
 
Yves Zurstrassen (né en 1956). Huile sur toile, 100 x 100 cm.


SOPHIE BLANC

Sophie Blanc. Mémoires d'enfance (détail de l'installation), 2023.

SOPHIE BLANC
Mémoires d’enfance

« Brindilles de bouleau avec bouts dorés à la feuille d’or, fleurs de muscaris bleues et or, fruits d’arbre du clergé bleus et lichen naturel », « Herbes folles dorées à la feuille d’or, feuilles de chêne dorées à l’or moongold et brindilles de bouleau carbonisées », « Coquelicots dorés à la feuille d’or et chapeaux noirs ». Chacune de ces descriptions pourrait être le début d’un poème et la répétition « feuille d’or » l’antienne d’une mélodie plastique en l’honneur de la nature. Lisière céleste, Se souvenir, Fragments comptent parmi les pièces délicates et précieuses de Sophie Blanc, dont l’intention simple et engagée s’affiche en préambule de toute découverte de son œuvre : « Exprimer mon admiration du monde végétal ».

Doreuse et restauratrice de patrimoine en bois doré depuis 2005, Sophie Blanc a ressenti au fil du temps, et en parallèle de son activité de restauration-conservation, la nécessité de créer. Émerveillée par la beauté de la nature, elle décide de faire des manifestations les plus fragiles de cette dernière de véritables objets précieux. Au premier étage de l’atelier créé avec Jean, son époux, à Montégut-Lauragais, elle classe soigneusement les végétaux glanés dans son environnement immédiat. De ses flâneries bucoliques, l’artiste rapporte des herbes folles, des brindilles, des feuilles de chêne et autres graminées.

 
Texte du panneau didactique.
 
Sophie Blanc. Mémoires d'enfance (détail de l'installation), 2023.


CLAIRE MORGAN

Claire Morgan (née en 1980). Être seul avec toi, 2023. Installation.
CLAIRE MORGAN

Les délicates installations de Claire Morgan témoignent de son extrême attention à l’environnement naturel et aux êtres qui l’habitent. Pour elle, tout ce que produit la nature est plus beau que n’importe quelle création humaine. Dans des mises en scène à l’impressionnante géométrie, des animaux naturalisés par ses soins tendent un miroir où se reflète notre condition humaine. Il est question de vie et de mort, de nature et d’artifice, de sang et de plastique, de réalité et d’illusion. La grâce d’une attitude rivalise avec la beauté d’une bête, mais aussi avec la fragilité de son existence. Même si la question du passage du temps est sans cesse parcourue par l’artiste, ses installations sculpturales s’attachent à le fixer dans le mouvement de la vie et non dans la frayeur de la mort. Mais ce ne fut pas toujours le cas.
Le développement de la taxidermie n’a pas seulement fait évoluer la pratique sculpturale de Claire Morgan mais également son dessin.
 
Texte du panneau didactique.
 
Claire Morgan (née en 1980). Être seul avec toi, 2023 (détail). Installation.


VLADIMIR ZBYNOVSKY

Vladimir Zbynovsky (née en 1964). Esprit de la pierre, 2023. Installation.
VLADIMIR ZBYNOVSKY

La lumière et le temps sont les notions majeures de la recherche artistique de Vladimir Zbynovsky. Par ses principes physiques, la lumière l’incite à une méditation existentielle, génératrice d’œuvres témoignant à la fois de la transformation de la matière et de la conscience de la fugacité humaine. Dès l’origine, son œuvre s’interroge : qu’est-ce que le temps ? Quel est son moteur ? Questions qui naturellement engendrent une réflexion sur la naissance de la matière. D’où la volonté de réunir deux matériaux différents mais qui tous deux évoquent la naissance de l’univers : la pierre et le verre, médium de lumière.
Avec ses premières compositions, Vladimir Zbynovsky cherche à dévoiler un passage, celui qui mène d’un état à un autre. Les pièces, qui naissent alors, sont modelées préalablement avec de la glaise avant d’être coulées, moulées en verre. Aux Beaux-Arts de Bratislava, l’étudiant a appris à considérer et à respecter cette matière, utilisée depuis la Mésopotamie ou l’Égypte ancienne. Avec elle, il touche à une pratique millénaire qui s’est adaptée aux géographies et aux développements techniques des sociétés successives. Bien que travaillées par la lumière, ses créations sont académiques, qualificatif qu’il leur donnera par la suite.
C’est alors qu’un heureux incident mène Vladimir Zbynovsky sur un chemin de traverse. Regardant dans le four, il observe un léger débordement de verre, qui engendre spontanément une forme parée d’une pureté inattendue. Intéressé par ce don du hasard, l’artiste y voit une incitation à une expression plus minimaliste, plus directe. Naissent alors des blocs de verre rectangulaires épousant la pierre. Avec le verre, la sculpture de pierre développe une quatrième dimension et interpelle l’artiste qui s’interroge sur la nature de cette dernière. Relève-t-elle du temps ou de l’espace ? Telle est la question. Le verre s’érige en seuil, en portail. Il devient un lieu de passage, le résultat d’une transformation.

 
Texte du panneau didactique.
 
Vladimir Zbynovsky (née en 1964). Esprit de la pierre, 2023 (détail). Installation.


FABRICE HYBER
(galeries de la cour Agnès Varda)

Cour Agnès Varda
Fabrice Hyber (né en 1961). Sous les forêt, des vies, 2023. © Fabrice Hyber.
FABRICE HYBER

L’œuvre de Fabrice Hyber embrasse et épouse un mouvement, naturel et sans fin, capable de faire naître une réalité et une énergie nouvelles, des idées portées par un imaginaire sans interdit. Inventeur de métamorphoses poétiques, anticipant les mutations à venir, l’artiste cultive l’art du mélange, déplace les limites, ouvre les possibles. Paris, Osaka, Nantes, Rabat, Marfa, Lisbonne, Nijni-Novgorod, Moscou, Hambourg, Gand, Oslo, Tokyo en sont aujourd’hui les témoins.
L’activité et la pensée artistiques de Fabrice Hyber, qui se définit comme un artiste quantique, sont constamment traversées par les notions de mutation et de transformation. De formation scientifique, l’artiste, qui fit également l’École des Beaux-Arts de Nantes, conçoit son œuvre sous la forme d’un gigantesque rhizome qui se développe d’écho en écho. Partant invariablement de la pratique du dessin et de la peinture, elle investit tous les modes d’expression passant sans cesse d’un médium à l’autre : « Peu importe la matérialité de l’œuvre, seule compte sa capacité à déclencher des comportements. »
Ses toiles sont des univers tourbillonnants pleins de formes cellulaires, d’arbres aux multiples ramifications, d’êtres hybrides, de flèches, de spirales... Fasciné par le mode de fonctionnement viral, Fabrice Hyber, dès les années 1980, anticipe notre mode de communication en réseau. Pour le passage à l’an 2000, il se voit confier l’Arc de Triomphe où il décide de lancer le site inconnu.net, abordant des questions jusqu’alors restées sans réponse : « Chacune de vos questions en amènera une autre. Cette arborescence nous fera tous avancer dans la même direction : vers l’inconnu. »
Source d’inspiration constante, les arbres sont à l’honneur dans les toiles exposées à Chaumont-sur-Loire. Non pas des arbres observés dont il faudrait transmettre la forme mais des arbres imaginaires qui se déploient comme une pensée en cours de développement.

 
Texte du panneau didactique.
 
Fabrice Hyber (né en 1961). Sous les forêt, des vies, 2023. © Fabrice Hyber.


Château

Cour du château de Chaumont-sur-Loire


ALECHINSKY

Alechinsky (né en 1927). Michel Butor, Le rêve de l’ammonite, 1975. Lithographies.


Voir l'article et le parcours consacrés spécifiquement à cette rétrospective.



STEFAN RÂMNICEANU

Scénographie
STEFAN RÂMNICEANU

L’œuvre de Stefan Râmniceanu peut difficilement être associée à un mouvement en particulier même si son attachement à la tradition byzantine roumaine est bien connu. « Condensé de sensations et d’expériences diverses, sa peinture est un subtil dosage de dogme et de rêve, où les formes et les émotions se correspondent étroitement, constituant un vibrant poème cosmique », affirmait en 2001 Arlette Sérullaz, conservatrice générale honoraire au département des Arts graphiques du Louvre.
Le langage de la matière est au cœur de la recherche plastique de Râmniceanu tandis que la plupart de ses œuvres présentent une structure tridimensionnelle. L’accumulation de strates, aux pénétrantes variations de couleur, donne à ses tableaux une structure en relief. « La perspective ne m’intéresse pas beaucoup, je rentre dans la profondeur de la matière, c’est plutôt ce qui se cache en elle qui m’interroge. Comme je vis beaucoup dans mon monde intérieur, à travers cette chimère, qu’est la peinture, j’essaie d’exprimer toutes mes angoisses, mes désespoirs, mes effrois », explique l’artiste.
À l’heure où la provocation est souvent érigée en système créatif, Stefan Râmniceanu prend le parti de la spiritualité dans l’art. L’artiste définit cette quête comme un chemin initiatique vers la figure – archétype d’un « homme universel », résurgence contemporaine de l’homme de la Renaissance. À y regarder de plus près, son énergie créatrice n’est pas sans évoquer la maxime d’Albert Camus, « tout blasphème est révérencieux, il participe au sacré », tant la volonté de rupture qui traverse la création de Râmniceanu s’est enrichie des traditions picturales des siècles passés. « Je ne peins ni avec des tubes de peinture ni avec des pinceaux, je peins avec la mémoire des choses », déclare-t-il.

 
Texte du panneau didactique.
 
Stefan Râmniceanu (né en 1954). Archives, 2014. 24 dossiers, technique mixte, membrane bitumineuse, pigment, corde, 200 x 167 x 50 cm.
Stefan Râmniceanu (né en 1954). Livres.
 
Stefan Râmniceanu (né en 1954). L’Érudit, 2002. Technique mixte, 165 x 200 cm.
 
Stefan Râmniceanu (né en 1954). Le Savant, 2001. Technique mixte, 223 x 151 cm.
Stefan Râmniceanu (né en 1954). Dynasty, 2012. Acier patiné, 300 x 100 x 300 cm.


LEE UFAN

LEE UFAN

L’œuvre de Lee Ufan est une quête de redéfinition de l’art. Toujours l’artiste a étroitement mêlé philosophie et création artistique. Il fut, au milieu des années 1960, l’un des fondateurs du mouvement minimaliste japonais Mono-ha, qui s’intéressait à la nature même du matériau, s’efforçant d’instaurer un dialogue entre ceux façonnés par l’homme et les matières premières brutes, initiant une réflexion sur l’artificiel et le naturel. La place de l’homme dans la nature et différents questionnements sur des dualités, telles que le présent et l’éternité, le plein et le vide, le fini et l’infini, sont au cœur de son propos, tandis que la prise en compte de l’environnement fait partie intégrante du processus créatif.
« La rencontre avec un lieu, la communication avec le monde extérieur sont aussi importants que les outils et matériaux qui me seront nécessaires pour mener un travail. Tous ces éléments sont réunis dans ma démarche ; ils entrent en collision les uns avec les autres jusqu’à ce que s’installe une parfaite harmonie ou dissonance. C’est exactement comme des instruments, ayant chacun leur caractère propre, dirigés par un chef d’orchestre. Chaque œuvre nécessite par ailleurs mon implication pleine et entière, physique et mentale », déclarait l’artiste en 2017 à l’occasion de l’inauguration de Topos (Excavated), au Castello di Ama, en Italie.

Depuis les années 1960, Lee Ufan déploie sa pensée et son œuvre entre la Corée, son pays natal, le Japon, et l’Occident, notamment la France, ainsi qu’entre la philosophie et l’art.
 
Texte du panneau didactique.
 
Lee Ufan (né en 1936). Le Fil infini, 2023. Installation. © E. Sander.


BERNARD SCHULTZE

Bernard Schultze (1915-2005). Sculptures végétales.
BERNARD SCHULTZE

Bernard Schultze (1915-2005) était l’un des principaux représentants de la peinture abstraite gestuelle en Europe. En 1952, il fonde le groupe d’artistes Quadriga avec Karl Otto Götz (1914-2017), Otto Greis (1913-2001) et Heinz Kreutz (1923-2016), inaugurant l’Art Informel en Allemagne. Dès le début de sa carrière, il adopte le point de vue d’André Breton selon lequel les processus créatifs doivent être guidés par l’inconscient, ce qui l’amène à développer un vocabulaire pictural singulier en résonnance avec d’autres pratiques artistiques de la première moitié du XXe siècle et une esthétique existentielle de la destruction se reflétant dans des structures déformées et en lambeaux ainsi que dans des couleurs qui évoquent blessures et décomposition, certainement en lien avec sa propre expérience de la guerre.
Marquées par leur abstraction gestuelle, les œuvres de Bernard Schultze présentées au Domaine de Chaumont-sur-Loire arborent les couleurs fluorescentes caractéristiques de la palette de l’artiste (vert, orange, rouge, bleu). Jaillissant du mur comme si elles s’extrayaient d’un ailleurs invisible, les sculptures-peintures, dont les matériaux ont été rendus homogènes par la main de l’artiste, se déploient dans l’espace comme une forme organique, composant des paysages abstraits et fantastiques.
 
Texte du panneau didactique.
 
Bernard Schultze (1915-2005). Sculptures végétales (détail).


PASCAL CONVERT

Pascal Convert (né en 1957). Vestigium, 2023.
PASCAL CONVERT

La spiritualité, la mémoire et le sens sont au cœur de l’œuvre de Pascal Convert, à la fois mystérieuse et profonde. Son travail porte essentiellement sur l’empreinte et le refus de l’oubli. L’artiste entretient des liens particuliers avec tout ce qui a disparu, les objets, autant que les êtres. Il utilise souvent le procédé de la cristallisation.
« À peine le jour commence-il à tomber que la nuit avance à la hâte entre les murailles du Château de Chaumont-sur-Loire. La lumière vespérale descend ici plus vite que partout ailleurs, les grands arbres du parc dissimulent le soleil couchant qui coule en ruine sur l’entrecroisement des vitraux, teintant une dernière fois de rouge les livres posés sur les rebords de la bibliothèque.
La lumière agonise doucement jusqu’à ce qu’on ferme les portes et que l’on pose les grands chandeliers sur l’immense table de la salle à manger sur laquelle un miroir noir recouvre la nappe blanche qui l’habillait d’ordinaire en mariée.
En gypse blanc immaculé les chandeliers ne craignent pas la mort lente des cierges en cire qui se tordent sous la douleur de la flamme.
Formes lunaires, aux pans tournoyant d’une courbure à l’autre, d’une face à l’autre, dans un double mouvement ascendant et descendant d’ossature, entre l’être et le non être, vestiges de temps révolus ils reviennent pour un dîner dont on ne sait plus rien si ce n’est qu’il a eu lieu ». Pascal Convert.

 
Pascal Convert (né en 1957). Livres cristallisés, 2023.



Texte du panneau didactique.
 
Pascal Convert (né en 1957). Livres cristallisés.
La bibliothèque des Broglie du château de Chaumont-sur-Loire, détruite par incendie en 1957.
Pascal Convert (né en 1957). Livres cristallisés.
Pascal Convert (né en 1957). Ceux de 14.

L’artiste présente des souches, en bois enduit d’encre de chine et d’autres vitrifiées, venues des champs de bataille de Verdun. Bouleversantes, gorgées de mémoires superposées, elles laissent une empreinte puissante dans les esprits.


GRÉGOIRE SCALABRE

Cour des écuries avec, à gauche, l'œuvre de Patrick Blanc, Spirale végétale (installation pérenne).
GREGOIRE SCALABRE

Grégoire Scalabre est un céramiste accompli. Chacune de ses sculptures est une trouvaille, un objet spectaculaire de concentration et d’imagination excédant de loin les frontières traditionnelles de la discipline pour s’imposer dans les événements d’art contemporain en France comme à l’international. Fruits d’un long travail méthodique, chaque pièce témoigne de diverses techniques au service de textures et de formes inédites. Née d’une assiduité à l’ouvrage confinant à la méditation, l’œuvre se déploie avec souffle et mystère.
Exposée sous l’auvent des écuries, L’Ultime Métamorphose de Thétis est une pièce monumentale. Elle est au Domaine de Chaumont-sur-Loire l’incroyable ambassadrice d’un artiste hors normes.
Ainsi L’Ultime Métamorphose de Thétis (voir ci-dessous) exposée pour la première fois à Venise pour Homo Faber 2022, est composée de milliers d’amphores miniatures (entre 2 et 3 cm) aux tons allant du blanc au vert en passant par le beige. Haute de 2 mètres, large de 1,6 mètre et pesant 450 kilos, la pièce est composée de 70 000 amphores miniatures tournées et émaillées une à une par la main de l’artiste. Cette prouesse physique, technique, artistique n’est pas une première. Déjà Soâne et Cignus, par exemple, s’inscrivaient dans cette veine de l’accumulation phénoménale de pièces uniques.
 
Texte du panneau didactique.
 
Grégoire Scalabre (né en 1974). L'Onde. Création de l'artiste pour le Domaine de Chaumont-sur-Loire.

L'Onde est une évocation de la nature, une ode à son infinie complexité, aux multiples degrés de compréhension auxquels nous accédons lorsque nous nous déplaçons dans un jardin. Dans un premier temps, une vue d'ensemble nous immerge dans l'histoire du paysage puis au fil de notre déplacement nous en découvrons les détails infinis, jusqu'à la fleur, nous révélant soudain la complexité du vivant. Le plus petit élément constitutif de cette œuvre en est le vase, décliné sous différentes typologies, dans une exploration de l'histoire des arts décoratifs. Au-delà de son esthétique, sa fonction première est de faire entrer le jardin dans un intérieur.
Nous en éprouvons une joie sensorielle immédiate, pourtant de ce simple fait, il constitue aussi un symbole d'assujettissement de la nature à l'homme. L'artiste prend ici le contrepied de cette rupture d'un cycle, de cette violence sous-jacente, en imposant aux vases une forme de la nature en une accumulation vertigineuse, composant un ordonnancement du chaos. Cette œuvre nous invite ainsi à nous mouvoir et au fil de notre déplacement nous révèle ces différents degrés de lecture qui de l'onde, mouvement organique ici figé dans son élan vital, nous amène pas à pas au vase en contrepoint à sa nature.

 
Grégoire Scalabre (né en 1974). L'ultime métamorphose de Thétis. Haute de 2 mètres, large de 1,6 mètre et pesant 450 kilos, la pièce est composée de 70 000 amphores miniatures tournées et émaillées une à une par la main de l’artiste.
 
Grégoire Scalabre (né en 1974). L'ultime métamorphose de Thétis (détail).
 
Grégoire Scalabre (né en 1974). Cygnus.
Ce remarquable médaillon mural en porcelaine, Cygnus, est composé de plus de 9 000 vases miniatures en porcelaine, patiemment jetés sur la roue par Scalabre. Cygnus s'inspire des épaves historiques de la Compagnie des Indes orientales. Les naufrages étaient fréquents tout au long de l'ère géorgienne. Parmi la cargaison perdue, il y avait un nombre estimé de près de 200 pièces de porcelaine fine en provenance d'Asie. Les vaisseaux individuels de Scalabre convergent et sont incrustés sur une grande forme en forme de couronne semblable à des balanes sur un navire. La forme en couronne, évoquant traditionnellement l'éternité, rend hommage au fret mythique de la porcelaine, à jamais retiré de toute l'humanité, renaissant au plus profond de la mer.
 
Grégoire Scalabre (né en 1974). Cygnus (détail).


Parc historique

 
Le parc du Château de Chaumont est une création assez récente au regard de l’histoire du Château lui-même. À partir de 1880, Henri Duchêne, architecte paysagiste, opère une transformation radicale du site au profit d’un vaste parc d’agrément dans le style paysager, dit aussi «à l’anglaise». Les travaux durent de 1884 à 1888. La composition imaginée par l’architecte paysagiste offre ainsi au Château l’écrin et le faire-valoir dont il a été jusque–là dépourvu. Le parc comporte en outre divers aménagements, fabriques ou éléments attractifs : le réservoir appelé également «château d’eau», le pont pittoresque ou «rustique» et le cimetière des chiens.


DENIS MONFLEUR

Scénographie
DENIS MONFLEUR

La pierre n’a pas toujours été aussi dure. Il y eut le grès, puis le marbre. Mais l’envie de départ a fini par s’imposer car le granit n’a rien de décoratif et suppose un engagement physique à nul autre pareil. Derrière ce choix, il y a la voie de la difficulté et de la différence. Denis Monfleur n’est pas sculpteur à user de ces matières qui font œuvre par elles-mêmes. Avec lui, la beauté se gagne et vient de l’intérieur. Il est de ceux, qui, à coups de maillets, permettent à l’expression d’affleurer la pierre après un corps-à-corps sans concession avec la matière. Ses sculptures surgissent de terre, incorruptibles de toute éternité.
Baignées de soleil, fouettées par le vent, inondées par la pluie, elles ne deviennent rien de plus que ce qu’elles sont: des éléments de nature. Elles en viennent et y retournent dans un cycle de transformation où la main du sculpteur demiurge s’empare d’impressionnants volumes pour en faire émerger des formes totémiques et des hommes-créatures, émouvants et bruts. Pour en arriver là, Denis Monfleur travaille des volumes monumentaux de plusieurs tonnes. La forme naît de soustractions répétées. La main n’est pas en contact avec la pierre, elle dirige le métal qui frappe pour dégager le sujet. L’œuvre traite de l’homme, du temps et de la force. « Quand Denis Monfleur taille ses têtes et ses personnages dans le basalte, il dit la vision qu’il a de l’homme. Il dit les contradictions, la violence et la poésie, l’égoïsme et les élans de générosité parfois, les passions avouables ou condamnables – tout ce que restituent les nuances de la pierre, les ombres et les lumières, les anfractuosités et les pics, le poli et le rugueux, l’élégance des courbes et la tension des arêtes », affirme le critique d’art Olivier Cena, pour Télérama.

 
Texte du panneau didactique.
 
Denis Monfleur (né en 1962). Installation.


LIONEL SABATTÉ

Lionel Sabatté. Chemin croisés, 2023. Installation.
LIONEL SABATTÉ

L’œuvre de Lionel Sabatté est d’une beauté étrange, de celle qui naît des métamorphoses de la matière.
Tout ce qui est vivant intéresse l’artiste. Végétal, animal, humain, toutes les formes connues de vie et même celles à découvrir sont au cœur de ses recherches. Pour en témoigner, il multiplie les collectes improbables (ongles, peaux mortes, poussière, cendre...), récupère des éléments de nature (souches, arbres, végétaux), oxyde le métal, agrège le ciment sur du fer à béton... Lionel Sabatté n’a pas d’autre obsession que celle de faire parler la matière, de savoir en restituer la moindre énergie, pour renouveler l’appréhension que nous avons de notre environnement immédiat comme du monde.
Souvent Lionel Sabatté s’adonne à la création in situ opérant un dialogue avec l’endroit investi, cherchant à trouver les proportions idéales en rapport avec le lieu. Lieu de passage ou de refuge, l’œuvre inédite conçue par Lionel Sabatté pour Chaumont-sur-Loire est un lieu de transition, inscrit dans le paysage comme une caverne, un sous-bois, une chrysalide. Construite en ciment et filasse végétale appliqués sur du fer à béton, cette œuvre agit comme un passage d’un monde à un autre, créant une porosité entre la réalité et le conte. Qui l’a bâtie ? Qui l’habite ? Entre ruine et habitat surgissant de terre, l’œuvre agit comme un puissant levier d’imaginaire.
 
Texte du panneau didactique.
 
Lionel Sabatté. Chemin croisés, 2023. Détail de l'installation.


CHRISTIAN LAPIE

Christian Lapie (né en 1955). Vue d'ensemble des quatre groupes de sculptures présentées dans le parc historique.
CHRISTIAN LAPIE

Après des études à l'École des Beaux-Arts de Reims [1972-1977], puis à l'École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de paris [1977-1979], Christian Lapie installe son atelier en Champagne. L'idée de rendre visibles les cicatrices de la Première Guerre mondiale fait évoluer sa pratique. D'une peinture à la cire, subtile et élaborée, il passe à des pigments bruts, associés aux sédiments recueillis sur les anciens champs de bataille. En 1992, il séjourne au cœur de la forêt amazonienne et rencontre les Caboclos installés le long du Rio Madeira. Cette population dont la dignité contraste avec la vie réduite à l'essentiel, bouscule sa position d'artiste. Christian Lapie développe alors une écriture universelle pour initier un dialogue d'un lieu à l'autre, d'un continent à l'autre.

Avec le temps, l'artiste est passé de la surface au volume pour dresser d'imposantes figures dont la force symbolique le dispute à leur valeur universelle. Au-delà du microcosme champenois, son travail a gagné l'étendue d'une géographie qui ne compte plus de frontières, ni géographiques, ni culturelles. Puissantes et silencieuses, les figures de Christian Lapie sont extraites d'imposants troncs d'arbres qu'il choisit pour la rectitude de leur fût et taillées à la tronçonneuse en forme humaine, enfin recouvertes d'une gangue sombre qui les charge d'intemporalité. Installées par groupes ou isolées en fonction des situations où il est invité à intervenir, l'artiste les dresse à la verticale et, tout soudain, l'espace les accapare.
Figures sombres et intemporelles, étranges et protectrices à la fois, ces sculptures captent inexorablement le regard par l'extraordinaire et universelle présence qu'elles dégagent. Trois nouveaux groupes de sculptures sont venues dialoguer avec ce groupe de figures hiératiques qu'est La constellation du fleuve.

Christian Lapie est connu pour ses grandes sculptures de figures de bois brut et sombre. Son œuvre questionne notre mémoire individuelle et collective. Ses installations de figures spectrales naissent de lieux choisis. Empreints d'histoire, quel que soit le continent. Ces œuvres monumentales et puissantes interrogent et donnent carrière à l'imagination. Et le critique Philippe Piguet de surenchérir: «Le devoir de mémoire auquel il est fait allusion est un devoir civique, tout simplement humain.»
Christian Lapie est aussi peintre et dessinateur, c'est son travail au fusain qui est ici présenté.

 
Texte du panneau didactique.
 
Christian Lapie (né en 1955). Seule l'ombre, 2023.
 
Christian Lapie (né en 1955). Les Figures monde, 2023.
 
Christian Lapie (né en 1955). L'ordre du monde, 2023.
 
Christian Lapie (né en 1955). La Constellation du fleuve, 2015.
 
Christian Lapie (né en 1955). Une longue plainte, 2022. Une figure, chêne brossé, 294 x 28 x 20 cm, 64 kg, plaque 50 x40 cm.
 
Christian Lapie (né en 1955). La figure, 2017. Lavis et fusain sur dibond préparé, 150 x 105 cm.
 
Christian Lapie (né en 1955). L’Entour, 2017. Lavis et fusain sur dibond préparé, 150 x 105 cm.


BOB VERSCHUEREN

Tout au fond, œuvre de Bob Verschueren (né en 1945), Le Clan des voltigeurs, 2023. Branches et nichoirs pour martinets.
BOB VERSCHUEREN

Bob Verschueren utilise les éléments de la nature comme moyen d’expression. À partir de végétaux issus du lieu investi, il transforme arbres, branches, feuilles... en sculptures spectaculaires, évoquant à la fois la splendeur et la déliquescence de toute chose vivante.
Pour réaliser ses installations, Bob Verschueren cueille, récolte, trie, assemble des éléments qu’il récolte dans l’espace environnant. La nature fragile et périssable des matériaux qu’il utilise lui impose une négociation permanente avec la nature. Cette nouvelle installation au Domaine réunit à la « cime » de trois branches, dressées à la verticale tel un bouquet, 250 parallélépipèdes, dont la plupart sont des nichoirs pour martinets, espèce rare en voie de disparition.
 
Texte du panneau didactique.
 
Bob Verschueren (né en 1945). Le Clan des voltigeurs, 2023. Branches et nichoirs pour martinets.


Potager

 
Une vue du potager
POTAGER

Véritable «héritage vivant» du savoir transmis de génération en génération et du travail de jardiniers qui ont su, au fil du temps, sélectionner, cultiver et préserver une extraordinaire diversité de variétés de légumes, de plantes aromatiques, le Domaine de Chaumont-sur-Loire vous offre l'occasion de vérifier qu'un potager est bien plus qu'un alignement morne de plantes vivrières, mais tout au contraire un lieu d'échanges et de découvertes, d'inventions dans la mise en valeur des végétaux.
Les légumes, communs ou rares, connus ou méconnus et même oubliés, sont à l'honneur au jardin potager du Domaine. Cet espace naturel a été transformé pour accueillir des plantes, parfois indigènes, souvent voyageuses, où se croisent variétés anciennes ou plus fraîchement acclimatées.
 
Texte du panneau didactique.
 
Une vue du potager.