AUBREY BEARDSLEY
(1872-1898)

Article publié dans la Lettre n°513 du 9 décembre 2020



 
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AUBREY BEARDSLEY (1872-1898). Cette exposition reprend celle présentée à Londres, à la Tate Britain, au début de 2020. C’est la première monographie en Europe depuis l’exposition de 1966, à Londres.
En 1891, Beardsley, âgé de dix-huit ans, rencontre Edward Burne-Jones (1833-1898), grande figure du préraphaélisme, ce mouvement artistique anglais qui se réfère à l’art médiéval. Celui-ci lui conseille de devenir dessinateur professionnel. Son succès se construit grâce aux nouvelles techniques de reproduction de l’image, qui permettent de diffuser de manière fidèle ses dessins, réalisés exclusivement en noir et blanc. Beardsley a construit un univers graphique d’une grande variété en lien, entre autres, avec la tradition anglaise, l’art des vases grecs, l’art japonais, l’art nouveau … Malgré sa disparition prématurée à Menton, des suites de la tuberculose, il laisse une production abondante de dessins, plus de mille, illustrant toutes sortes d’ouvrages et de revues.
Après une introduction, où l’on voit divers portraits du jeune artiste, décrit comme un « artiste dandy », le parcours de l’exposition, globalement chronologique, suit la carrière de Beardsley, ponctuée par les différents ouvrages qu’il illustra.
Le tout premier, Le Morte Darthur de Thomas Malory, écrit au XVe siècle à partir des légendes du Roi Arthur, comprend 353 dessins, plus un grand nombre de vignettes, que Beardsley réalise en deux ans. Une quinzaine de ces dessins, tous originaux, comme tous ceux présentés ici, sont exposés dans cette section.
Après cette première publication, en 1893, Beardsley participe à treize numéros de la revue The Studio qui décloisonne beaux-arts et arts appliqués et réalise plusieurs couvertures. Cela lui attire de nombreuses commandes pour des livres et des revues littéraires dont on voit quelques exemples dans la section « Un nouvel illustrateur ».
Contemporain d’Oscar Wilde (1854-1900), qu’il a rencontré chez Burne-Jones, Beardsley réalise pour celui-ci, en 1893, dix-huit planches, images du désir et de la mort, pour la version traduite en anglais de sa pièce Salomé, publiée en 1894. Seuls dix dessins sont publiés dans la première édition et deviennent les images de Beardsley les plus célèbres. Elles sont exposées ici.
La section suivante évoque sa participation, à partir de 1894, à une revue d’avant-garde, The Yellow Book, grâce à laquelle, Beardsley acquiert une grande notoriété. Malheureusement, associé dans l’opinion publique à Oscar Wilde, il est renvoyé de la revue après la condamnation de l’écrivain pour outrage aux bonnes mœurs. Il quitte pour un temps l’Angleterre et rejoint, à Dieppe, une communauté d’artistes et écrivains anglais.
En 1896 il illustre un poème héroï-comique publié en 1712, The Rape of the Lock (La Boucle de cheveux enlevée), qui raconte un incident réel. Lord Petre ayant coupé une boucle des cheveux d’Arabella Fermor sans sa permission, cela provoqua une querelle entre leurs familles. Cette fois, les dessins de Beardsley sont tellement surchargés de motifs que le texte est publié avec la mention « Brodé avec onze dessins d’Aubrey Beardsley ».
La section suivante est précédée d’un avertissement pour les personnes sensibles. En effet, nous y voyons une partie des dessins érotiques illustrant Lysistrata d’Aristophane (411 av. J.-C.) et la Satire-VI de Juvénal (fin Ier – début IIe ap. J.-C.). Beardsley y déploie son humour irrévérencieux et sans tabous, dans un style inspiré des estampes érotiques japonaises et de la céramique de la Grèce antique. Ces ouvrages ne furent vendus que par souscriptions privées auprès de l’éditeur !
Fort de cette première participation avec Leonard Smithers, éditeur spécialisé dans l’érotisme, Beardsley participe en tant que directeur artistique à la création de la revue The Savoy, lancée en 1896. Il réalise toutes les couvertures de cette revue, qui s’impose comme une publication de référence, avec des textes d’auteurs renommés (Mallarmé, Yeats, Conrad). Mais, en cette fin d’ère victorienne, elle doit cesser de paraître au bout d’une année en raison du conservatisme social et moral qu’elle combat.
L’exposition se termine avec des dessins réalisés pour divers projets inachevés, Beardsley décédant en 1898, à l’âge de vingt-cinq ans. Une exposition étonnante permettant de mieux connaître cet artiste exceptionnel, dont on avait déjà admiré les dessins dans l’exposition consacrée à Oscar Wilde, au Petit Palais, en 2016. R.P. Musée d’Orsay 7e. Jusqu’au 10 janvier 2021. Lien : www.musee-orsay.fr.


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