Parcours en images de l'exposition

AUBREY BEARDSLEY (1872-1898)

avec des visuels mis à la disposition de la presse
et nos propres prises de vue

Parcours accompagnant l'article publié dans la Lettre n°513 du 9 décembre 2020




Vue du 2e niveau du musée d'Orsay où se tient l'exposition.


Introduction

 
Aubrey Beardsley (Brighton 1872 - Menton 1898) a construit un univers graphique immédiatement reconnaissable, audacieux et virtuose. Il rencontre dès les années 1890 un succès fulgurant, si bien que cette période a pu être qualifiée de « Beardsley Period » à Londres. Diagnostiqué tuberculeux dès son enfance, il savait que sa vie serait brève ; à sa mort, à l’âge de vingt-cinq ans, il avait réalisé plus de mille dessins. Ses dessins originaux - dont une soixantaine sont réunis ici - sont restés relativement confidentiels car c’est par leur impression dans les livres et magazines qu’ils ont rencontré le public. La réputation de Beardsley s’est en effet construite grâce à une nouvelle technique de reproduction photomécanique des images en noir et blanc : le cliché au trait sur zinc. Ce procédé, réalisé de manière photographique à partir d’un dessin original restitue avec une grande précision le tracé de sa plume calligraphique, nerveuse et assurée.

L’exposition, première monographie de l’artiste en France, propose un parcours chronologique suivant les grandes périodes du style à la fois protéiforme et immédiatement reconnaissable de Beardsley qui disait : « J’ai sept styles différents et tous ont eu du succès ».

Entrée de l'exposition
 
Texte du panneau didactique.
Scénographie
 
Jacques-Émile Blanche (1861-1942). Aubrey Beardsley, 1895. Huile sur toile, 92,6 × 73,7 cm. Londres, National Portrait Gallery.
 
Walter Sickert (1860-1942). Aubrey Beardsley, 1894. Tempera sur toile, 76,2 × 31,1 cm. Londres, Tate, acheté avec l’aide de l’Art Fund, 1932.
 
Abel. Aubrey Beardsley in His Room, Hôtel Cosmopolitain, Menton [Aubrey Beardsley dans sa chambre, hôtel Cosmopolitain, Menton], 1897. Tirage au collodion sur papier, 23,1 × 28,8 cm. Londres, National Portrait Gallery.
 
Aubrey Beardsley (1872-1898). Self-Caricature [Autoportrait caricatural], 1894. Encre, blanc de Chine et aquarelle sur épreuve photographique, 10 × 14,5 cm. Barry Humphries Collection. Photo : © Barry Humphries.
 
Aubrey Beardsley (1872-1898). Autoportrait au lit, 1894. Gravure au trait sur papier, 16,5 cm x 10,4 cm. Royaume-Uni, Londres, Victoria and Albert Museum. Photo : © Victoria and Albert Museum, London.
 
Aubrey Beardsley (1872-1898). Lettre illustrée à John Lane avec autoportrait et potence, mars 1894. Encre sur papier, 17 × 11 cm. Barry Humphries Collection.


Aubrey Beardsley, artiste dandy

Scénographie
Aubrey Beardsley, artiste dandy

Artiste dandy, symbole de la décadence fin de siècle, amoureux du beau bizarre, Aubrey Beardsley construit son image de jeune prodige anticonformiste et provocateur, part intégrante de son succès. Dévoilant l’hypocrisie du puritanisme de la fin de l’ère victorienne, il est pionnier dans la représentation des identités et désirs associés à la liberté sexuelle et à la fluidité des genres. Il se rend fréquemment en France, à Paris, Dieppe et Menton, et finit sa vie dans ce pays qu’il associait à Watteau, Molière, Sade, Balzac, Sand, Gautier, Zola, Flaubert, ainsi qu’à Huysmans, auteur du « bréviaire de la décadence », le roman À Rebours.

 
Texte du panneau didactique.
 
Aubrey Beardsley (1872-1898). Perseus [Persée], 1891. Plume, pinceau, encre de Chine et graphite sur papier, 53,9 × 24,4 cm. New York, The Pierre and Tana Matisse Foundation.
 
Aubrey Beardsley (1872-1898). Affiche, vers 1894. Annonce de la publication d'un livre pour enfant publié par T. Fisher Unwin, Londres. Royaume-Uni, Londres, Victoria and Albert Museum.
 
Aubrey Beardsley (1872-1898). This Pseudonym and Autonym Libraries [Ce pseudonyme et les bibliothèques autonymes], affiche annonçant des séries de livres publiés par T. Fisher Unwin, imprimés par W. H. Smith & Son, Londres, 1894. Lithographie en couleurs sur papier, 75,9 × 51,6 cm. Londres, Victoria and Albert Museum.


Les débuts, Le Morte Darthur et l’influence préraphaélite

Scénographie
Les débuts, Le Morte Darthur et l’influence préraphaélite

À dix-huit ans, Beardsley rencontre Edward Burne-Jones (1833-1898), grande figure du préraphaélisme. Ce mouvement artistique anglais né au milieu du XIXe siècle se réfère à l’art médiéval, aux primitifs italiens d’avant Raphaël comme Sandro Botticelli et Andrea Mantegna, et étend son influence aux arts décoratifs, au livre et à l’illustration. Après avoir vu le portfolio du jeune artiste, Burne-Jones lui conseille de devenir dessinateur professionnel.

En 1892, grâce à son ami Frederick H. Evans, photographe et libraire, Beardsley fait la connaissance de l’éditeur Joseph Malaby Dent qui lui confie les illustrations d’une nouvelle édition de Le Morte Darthur de Thomas Malory, écrit au XVe siècle à partir des légendes du Roi Arthur. Il réalise pour ce projet en deux ans trois cent cinquante-trois dessins et gagne désormais sa vie grâce à son art.

Beardsley parodie le trait de la gravure sur bois et l’imagerie médiévale des publications de la Kelmscott Press créée par William Morris. Il interprète de manière très libre le texte et introduit de façon récurrente des éléments de mythologie païenne tels que faunes et satyres. Il donne une importance centrale aux motifs floraux pour unifier l’ensemble des illustrations.

 
Texte du panneau didactique.
 
Aubrey Beardsley (1872-1898). Couverture de l’édition en fascicules de Le Morte Darthur, 1892. Encre et gouache sur papier, 32,5 × 26,2 cm. Newark, University of Delaware Library, Museums and Press, Mark Samuels Lasner Collection.
 
Aubrey Beardsley (1872-1898). How Morgan Le Fay Gave a Shield to Sir Tristram [Comment Morgan Le Fay a donné un bouclier à sir Tristam], 1893. Plume et lavis à l’encre de Chine sur graphite sur papier, 27,5 × 21,4 cm. Cambridge, University of Cambridge, The Syndics of the Fitzwilliam Museum.
 
Aubrey Beardsley (1872-1898). Arthur and the Strange Mantle [Arthur et l’étrange manteau], 1893. Dessin original à la plume et à l’encre sur crayon, 29,2 × 22,9 cm. Collection particulière.
 
Aubrey Beardsley (1872-1898). How King Arthur Saw the Questing Beast, and thereof had Great Marvel 1893. Plume, encre, lavis et traces de graphite sur papier, 37, 8 cm x 27 cm. Royaume-Uni, Londres, Victoria and Albert Museum. Photo : © Victoria and Albert Museum, London.
 
Aubrey Beardsley (1872-1898). How La Beale Isoud Wrote to Sir Tristram [Comment La Beale Isoud a écrit à Sir Tristram], 1893. Encre sur graphite sur papier, 27,6 × 21,5 cm. Collection Alessandra et Simon Wilson.
 
Aubrey Beardsley (1872-1898). How La Beale Isoud Nursed Sir Tristram [Comment La Beale Isoud a soigné Sir Tristram], 1893. Encre noire et graphite sur papier vélin blanc cassé, 28,4 × 22,3 cm. Cambridge, Harvard Art Museums / Fogg. Museum, legs de Scofield Thayer.
 
Aubrey Beardsley (1872-1898). How Sir Tristram Drank of the Love Drink [Comment Sir Tristram a bu le philtre d’amour], 1893. Encre noire et graphite sur papier vélin blanc cassé, 28,3 × 22,1 cm. Cambridge, Harvard Art Museums / Fogg Museum, legs de Scofield Thayer.
 
Aubrey Beardsley (1872-1898). How Queen Guenevere Rode on Maying [La reine Guenièvre à cheval lors des célébrations de mai],
vers 1893-1894. Deux dessins pour une illustration en double page, livre XIX, chapitre i, vol. 2.
Plume, encre et traces de graphite sur papier, 20,9 × 17,2 cm chacun.
Londres, Victoria and Albert Museum, acheté avec l’aide de l’Art Fund.


Un nouvel illustrateur

Scénographie
Un nouvel illustrateur

Suite à sa visite, avec sa soeur Mabel, de la « Peacock Room » (Pièce du Paon) décorée par le peintre James McNeill Whistler (1834-1903) dans la demeure londonienne du collectionneur Frederick Leyland, Beardsley commence à introduire des détails japonisants dans ses dessins. Il s’inspire de la finesse des katagami, pochoirs japonais, et des conventions graphiques des gravures sur bois japonaises : stylisation des formes, traitement en aplat de larges surfaces, absence de perspective linéaire, contraste entre des figures précisément dessinées et des fonds abstraits. Comme beaucoup de ses contemporains, dont les Nabis en France, il apprécie le format vertical allongé des kakemonos, peintures ou calligraphies suspendues en rouleaux.

En 1893, la création de la revue d’art The Studio (« L’Atelier »), qui décloisonne beaux-arts et arts appliqués, contribue à la diffusion du mouvement Arts and Crafts. Beardsley participe à treize numéros et réalise plusieurs couvertures. Le premier numéro lui apporte la notoriété grâce à l’élogieux article intitulé « A New Illustrator: Aubrey Beardsley » de l’écrivain et graveur Joseph Pennell, qui y loue son art « aussi remarquable dans sa réalisation que dans son invention ». Beardsley reçoit dès lors de nombreuses commandes pour des livres et revues littéraires.

Cette même année, il crée pour la série de livrets de mots d’esprit des Bon-Mots des « grotesques », du nom de ces ornements découverts à la Renaissance dans des vestiges romains, mêlant arabesques, végétaux, éléments architecturaux et figures de fantaisie. Il y déploie de son trait fin et souple caricatures et monstres de son invention, créatures embryonnaires entre fœtus et satyres.

 
Texte du panneau didactique.
 
Aubrey Beardsley (1872-1898). Pierrot and Jester [Pierrot et le bouffon], dessin de la série des « Bon-Mots », 1893. Graphite et encre sur papier, 8 × 11,1 cm. Collection Geoffrey Munn.
 
Aubrey Beardsley (1872-1898). Projet pour le frontispice des pièces de John Davidson. Royaume-Uni, Londres, Tate Collection. © Tate, Londres. Dist. RMN-Grand Palais / Tate Photography.
 
Aubrey Beardsley (1872-1898). Virgilius the Sorcerer [Virgilius le sorcier], 1893. Plume, pinceau, encre noire et traces de graphite sur papier vélin ivoire, 23,3 × 14,3 cm. Chicago, The Art Institute of Chicago, don de Robert Allerton.
 
Aubrey Beardsley (1872-1898). Le Dèbris d’un poète [sic], 1892. Encre de Chine et lavis sur papier, 36,7 × 13,8 cm. Londres, Victoria and Albert Museum, don de Canon Gray en mémoire d’André Raffalovich.
 
Aubrey Beardsley (1872-1898). The Kiss of Judas [Le baiser de Judas], 1893. Illustration pour la planche qui précède le récit de Julian Osgood Field, « A Kiss of Judas [Un baiser de Judas] », Pall Mall Magazine, juillet 1893, p. 339-366. Plume et encre sur papier, 31,8 × 22,5 cm. Londres, Victoria and Albert Museum, acheté avec l’aide de l’Art Fund.


Salomé

Scénographie
Salomé

Dans le Nouveau Testament, Salomé, fille d’Hérodiade, devient l’instrument de la vengeance de sa mère, que Saint Jean-Baptiste (Iokanaan) dénonçait pour avoir épousé Hérode Antipas, le frère de son premier mari. Celle-ci conseille en effet à sa fille de demander à son beau-père, charmé par ses danses, la tête de Jean- Baptiste.

Oscar Wilde (1854-1900) consacre une pièce à ce mythe de la femme fatale, très présent dans les arts du dernier tiers du XIXe siècle. Il écrit d’abord Salomé en français (créée au Théâtre de l’Œuvre à Paris en 1896). Cette version inspire à Beardsley un dessin paru dans The Studio qui décide Wilde et son éditeur John Lane à le choisir pour illustrer l’édition anglaise de la pièce. L’artiste réalise dix-huit planches, images du désir et de la mort, alliant mythe et univers contemporain, raffinement et grotesque, foisonnement de détails et stylisation extrême. En 1894, seuls dix dessins sont publiés dans la première édition anglaise de la pièce. Ils deviennent rapidement les images de Beardsley les plus célèbres.

Les impressions exposées dans cette salle proviennent d’un portfolio publié par John Lane en 1907, première édition à contenir l’ensemble des compositions originales de Beardsley ainsi qu’un dessin supplémentaire, « Salomé sur une banquette ».

 
Texte du panneau didactique.
 
Oscar Wilde (1854-1900). Salomé. Londres, John Lane, The Bodley Head, 1907. Ouvrage imprimé, 17,8 × 22 cm. Collection Stephen Calloway. Photo : © Collection Stephen Calloway.
 
Aubrey Beardsley (1872-1898). Dessin pour la page de titre, 1893.
 
Aubrey Beardsley (1872-1898). A Portfolio of Aubrey Beardsley’s Drawings Illustrating Salome by Oscar Wilde [Portfolio de dessins d’Aubrey Beardsley illustrant Salome d’Oscar Wilde], Londres, John Lane, The Bodley Head, 1907. Gravures au trait sur papier d’après des dessins de 1893, 34,5 × 27,5 cm. Collection Stephen Calloway. Dessin pour la liste des images de Salome, 1893.
 
Aubrey Beardsley (1872-1898). The Toilette of Salome [La toilette de Salomé] (première version), 1893.
 
Aubrey Beardsley (1872-1898). John and Salome [John et Salomé], 1893.
 
Aubrey Beardsley (1872-1898). The Stomach Dance [La danse du ventre], 1893.
 
Aubrey Beardsley (1872-1898). The Dancer’s Reward [La rétribution de la danseuse], 1893.
 
Aubrey Beardsley (1872-1898). The Climax [Le paroxysme], 1893.
 
Aubrey Beardsley (1872-1898). Cul-de-lampe, 1893.


Le Yellow Book

Scénographie
Le Yellow Book

En 1894, Beardsley devient directeur artistique du Yellow Book (« Le Livre jaune »), une revue d’avant-garde qui met l’art et la littérature sur un pied d’égalité. Elle devient, grâce aux dessins stylisés et audacieux du jeune artiste, l’une des publications iconiques de la décennie. Le choix du jaune donne le ton : couleur à la mode, il rappelait surtout les couvertures des romans populaires érotiques français. Si Beardsley acquiert une grande notoriété grâce à cette revue, dont il réalise aussi les couvertures, elle est de courte durée. Il est en effet associé dans l’opinion publique à Oscar Wilde depuis ses illustrations pour Salomé, puis renvoyé de l’équipe du Yellow Book, après la condamnation de l’écrivain en 1895 pour outrage aux bonnes mœurs. Il se trouve dans une situation financière très précaire, quitte un temps l’Angleterre pour la France et rejoint à Dieppe, en Normandie, une communauté d’artistes et écrivains anglais.

 
Texte du panneau didactique.
 
Aubrey Beardsley (1872-1898). The Yellow Book. Londres, Elkin Mathews & John Lane, vol. 2, juillet 1894. Revue, 17,5 × 20,9 cm. Collection Stephen Calloway. Photo : Collection Stephen Calloway.
- Aubrey Beardsley (1872-1898). The Yellow Book, Londres, John Lane, vol. 3, octobre 1894. Revue, 17,5 × 20,9 cm. Collection Stephen Calloway.
- Aubrey Beardsley (1872-1898). The Yellow Book, Londres, John Lane, vol. 4, janvier 1895. Revue, 17,5 × 20,9 cm.
Collection Stephen Calloway.
 
Aubrey Beardsley (1872-1898). Projet de couverture de "Yellow Book". Titre anglais : Cover Design for the ‘Yellow Book’. Royaume-Uni, Londres, Tate Collection. © Tate, Londres. Dist. RMN-Grand Palais / Tate Photography.
 
Aubrey Beardsley (1872-1898). Dessin pour la couverture de The Yellow Book, vol. 5, 1895. Encre sur graphite sur papier, 12,5 × 15,3 cm. Brighton & Hove, Royal Pavilion and Museums.


The Rape of the Lock et l’esprit du XVIIIe siècle

Beardsley admire beaucoup le poète Alexander Pope (1688–1744), un goût poétique dont se moque Oscar Wilde qui avait proclamé : « il y a deux manières de ne pas aimer la poésie : l’une est de ne pas l’aimer, l’autre est d’aimer Pope. » (« There are two ways of disliking poetry; one way is to dislike it, the other is to like Pope »). En 1896, Beardsley se lance dans l’illustration du poème héroï-comique The Rape of the Lock La Boucle de cheveux enlevée », 1712) qui tourne en ridicule un incident réel : Lord Petre (Le Baron), coupe une boucle des cheveux d’Arabella Fermor (Belinda) sans sa permission, provoquant une querelle entre leurs familles. Beardsley s’inspire des gravures en taille-douce du XVIIIe siècle français, qu’il admire et collectionne, pour développer un nouveau style, décoratif et opulent, surchargé de motifs dont la délicatesse rappelle l’art de la broderie. Ainsi, le texte est publié en 1897 non pas comme « illustré », mais comme « brodé » avec onze dessins d’Aubrey Beardsley (« Embroided with eleven drawings by Aubrey Beardsley »).

 
Texte du panneau didactique.
 
Aubrey Beardsley (1872-1898). The Wagnerites, 1894. Plume et encre de Chine avec rehaut de blanc sur papier, 20.6 cm × 17.7 cm. Royaume-Uni, Londres, Victoria and Albert Museum. Photo : © Victoria and Albert Museum, London.
 
Aubrey Beardsley (1872-1898). Black Coffee [Café noir], 1895. Encre noire, lavis gris et graphite sur papier vélin blanc cassé, 15,7 × 15,9 cm. Cambridge, Harvard Art Museums / Fogg Museum, legs de Scofield Thayer.
 
Aubrey Beardsley (1872-1898). Frontispiece to Chopin's Third Ballade. Royaume-Uni, Londres, Tate Collection. © Tate, Londres. Dist. RMN-Grand Palais / Tate Photography.
 
Aubrey Beardsley (1872-1898). La Dame aux camélias, 1894. Encre et aquarelle sur papier, 27,9 x 18,1 cm. Royaume-Uni, Londres, Tate Collection. © Tate, Londres. Dist. RMN-Grand Palais / Tate Photography.
 
Aubrey Beardsley (1872-1898). The Cave of Spleen [La grotte de la mélancolie], 1896. Encre sur papier, 25,5 × 17,3 cm. Boston, Museum of Fine Arts, William Sturgis Bigelow Collection.
 
Aubrey Beardsley (1872-1898). The Rape of the Lock [La Boucle de cheveux enlevée], 1896. Plume et encre sur graphite sur papier, 25 × 17 cm. Collection particulière. Catalogue raisonné Paul Mellon publishing.
 
Aubrey Beardsley (1872-1898). The Battle of the Beaux and the Belles [La bataille des beaux et des belles], vers 1896. Plume et encre noire, 25,7 × 17,6 cm. Birmingham, University of Birmingham, The Henry Barber Trust, The Barber Institute of Fine Arts.


L’Antiquité paillarde, illustrer Aristophane et Juvénal

Scénographie
L’Antiquité paillarde, illustrer Aristophane et Juvénal
En convalescence dans le sud de l’Angleterre durant l’été 1896, Beardsley commence ses deux séries les plus explicitement sexuelles, inspirées de textes classiques. La première est un ensemble de huit dessins pour Lysistrata d’Aristophane (411 av. J.-C.), comédie satirique où femmes athéniennes et spartiates font la grève du sexe afin d’amener les hommes à cesser le combat. L’autre série s’inspire de la Satire-VI de Juvénal (fin Ier- début IIe ap. J.-C.), attaque misogyne contre les mœurs des femmes de la Rome antique. Beardsley trouve dans ces sujets matière à exprimer son humour irrévérencieux et son absence de tabous pour aborder les aspects les plus divers de la sexualité. Il déploie un nouveau style linéaire inspiré notamment par les estampes érotiques japonaises et la céramique de la Grèce antique. Ces séries trop provocantes pour circuler ouvertement ne furent connues que d’un petit public d’initiés par souscription privée auprès de l’éditeur, Leonard Smithers. Converti au catholicisme peu avant sa mort, Beardsley lui demanda de détruire tous ses « dessins obscènes », ce que l’éditeur ne fit pas…

 
Texte du panneau didactique.
 
Aubrey Beardsley (1872-1898). The Impatient Adulterer [L’adultère impatient], 1896-1897 (non publiée). Encre sur graphite sur papier, 18,2 × 9,8 cm. Londres, Victoria and Albert Museum, acheté avec l’aide de l’Art Fund.
 
Aubrey Beardsley (1872-1898). Lysistrata Shielding her Coynte, [Lysistrata protégeant son con], 1896. Encre sur graphite sur papier, 25.6 cm × 17.5 cm. Royaume-Uni, Londres, Victoria and Albert Museum. Photo : © Victoria and Albert Museum, London.
 
Aubrey Beardsley (1872-1898). Lysistrata Haranguing the Athenian Women [Lysistrata haranguant les Athéniennes], 1896. Plume et encre sur papier, 27,4 × 19,4 cm. Londres, Victoria and Albert Museum, acheté avec l’aide de l’Art Fund.
 
Aubrey Beardsley (1872-1898). Lysistrata Defending the Acropolis [Lysistrata défendant l’Acropole], 1896. Plume et encre sur papier, 27,2 × 19,1 cm. Londres, Victoria and Albert Museum, acheté avec l’aide de l’Art Fund.
 
Aubrey Beardsley (1872-1898). The Lacedaemonian Ambassadors [Les ambassadeurs de Lacédémone], 1896. Plume et encre sur graphite sur papier, 26,2 × 18 cm. Londres, Victoria and Albert Museum, acheté avec l’aide de l’Art Fund.
 
Aubrey Beardsley (1872-1898). The Toilet of Lampito [La toilette de Lampito], 1896. Plume et encre sur papier, 25,6 × 17,5 cm. Londres, Victoria and Albert Museum, acheté avec l’aide de l’Art Fund.
 
Aubrey Beardsley (1872-1898). The Examination of the Herald, 1896. Encre sur graphite sur papier, 26.2 cm × 18 cm. Royaume-Uni, Londres, Victoria and Albert Museum. Photo : © Victoria and Albert Museum, London.


Le Savoy

Scénographie
Le Savoy

Suite à sa rencontre à Dieppe, en 1895, avec Leonard Smithers, libraire et éditeur spécialisé dans la pornographie, Beardsley participe à la création de la revue The Savoy, lancée en 1896. Il en devient le directeur artistique tandis que la partie littéraire est confiée à l’écrivain et poète Arthur Symons. Le titre de la revue fait référence à l’hôtel Savoy nouvellement ouvert à Londres, premier bâtiment public entièrement éclairé à l’électricité, réputé pour sa modernité. En seulement huit numéros, The Savoy s’impose comme une publication de référence, avec notamment des textes de Stéphane Mallarmé, William Butler Yeats et Joseph Conrad. Beardsley réalise toutes les couvertures dont certaines sont censurées par des libraires londoniens. Il écrit et illustre une version ludique et érotique de l’opéra Tannhaüser de Wagner, Venus and Tannhaüser, publiée sous une forme expurgée dans The Savoy sous le titre Under the Hill (« Sous la colline »). En raison du conservatisme social et moral qu’elle combat, la revue doit cesser de paraître au bout d’une année.

 
Texte du panneau didactique.
 
Aubrey Beardsley (1872-1898). Autumn [Automne], 1896. Encre sur papier, 26,7 × 14 cm. Newark, University of Delaware Library, Museums and Press, Mark Samuels Lasner Collection.
 
Aubrey Beardsley (1872-1898). Tristan und Isold, 1896. Encre sur papier, 18,6 com x 16,2 cm. Royaume-Uni, Londres, Victoria and Albert Museum. Photo : © Victoria and Albert Museum, London.
 
Aubrey Beardsley (1872-1898). Tannhäuser, 1891. Plume, encre, lavis et gouache sur papier, 18,5 × 18,7 cm. Washington, National Gallery of Art, Rosenwald Collection, 1943.
 
Aubrey Beardsley (1872-1898). The Lady with the Monkey, 1897. Encre et lavis sur papier, 22 cm × 18.9 cm. Royaume-Uni, Londres, Victoria and Albert Museum. Photo : © Victoria and Albert Museum, London.
 
Aubrey Beardsley (1872-1898). The Lady with the Rose [La dame à la rose], 1897. Encre noire, lavis gris et graphite sur papier vélin blanc cassé, 19,9 × 16,7 cm. Cambridge, Harvard Art Museums / Fogg Art Museum, legs de Scofield Thayer.


Les derniers dessins

Scénographie
Les derniers dessins

Entre 1897 et son décès en mars 1898, Beardsley s’attelle à différents projets qui resteront inachevés. En 1897, il illustre Mademoiselle de Maupin (1835) de Théophile Gautier. Ce roman raconte les aventures d’une jeune femme qui se travestit en homme et échappe ainsi à l’arbitraire du genre et à l’assignation sexuelle ; androgyne, elle est attirée autant par les hommes que par les femmes et se sent appartenir à ces deux sexes. La préface du livre est un manifeste de l’art pour l’art, contre la vision utilitaire et moralisatrice de la beauté. Dans ses dessins, Beardsley réalise des tons subtils de gris au lavis et à l’aquarelle. Il commence des dessins pour Volpone, une comédie de Ben Jonson (début du XVIIe siècle). Ces chefs-d’œuvre graphiques sont inspirés par l’art baroque et par l’exubérance des coiffures et costumes des XVIIe et XVIIIe siècles.

Beardsley meurt à Menton, en France, à l’âge de vingt-cinq ans. Déjà phénomène de son vivant, il entre alors dans la légende. Le début du siècle connaît un véritable « Beardsley Boom », période brève et intense de production de copies et imitations du style de l’artiste. Son graphisme précis, audacieux et abstrait ainsi que son esprit rebelle inspireront de nombreux artistes.

 
Texte du panneau didactique.
 
Aubrey Beardsley (1872-1898). The Fruit Bearers [Les porteurs de fruits], 1895. Encre noire et graphite sur papier vélin blanc cassé, 25 × 17,8 cm. Cambridge, Harvard Art Museums / Fogg Art Museum, legs de Scofield Thayer.
 
Aubrey Beardsley (1872-1898). Ali Baba, 1897. Gravure au trait sur papier, 20.4 cm × 16.8 cm. Royaume-Uni, Londres, Victoria and Albert Museum. Photo : © Victoria and Albert Museum, London.
 
Aubrey Beardsley (1872-1898). Lettrine « V » à l’éléphant pour Volpone, 1898. Gravure au trait en demi-teinte sur papier, 11,3 × 10,1 cm. Londres, Victoria and Albert Museum. Photo : © Victoria and Albert Museum, London.