ALBRECHT ALTDORFER
Maître de la Renaissance allemande

Article publié dans la Lettre n°513 du 9 décembre 2020



 
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ALBRECHT ALTDORFER. Maître de la Renaissance allemande. Cette exposition monographique rend hommage à l’un des artistes majeurs du XVIe siècle allemand, moins connu que ses contemporains Albrecht Dürer ou Lucas Cranach. Avec plus de 200 œuvres présentées de manière chronologique, plus quelques sections thématiques, nous avons un aperçu très complet de la richesse et de la diversité de l’œuvre de cet artiste. Les commissaires présentent aussi des œuvres de ses contemporains permettant de les confronter avec celles d’Altdorfer (vers 1480 - 1538).
La première section permet de caractériser le style de ses années de jeunesse à Ratisbonne (Bavière). On voit qu’Altdorfer connaissait parfaitement ses contemporains et les maîtres italiens du Quattrocento, tels que Mantegna, grâce aux estampes qui circulaient beaucoup en Europe à cette époque. En revanche, il ne les copiait pas mais s’inspirait de leur sujet (Jugement ou Rêve de Pâris), tout en recherchant un style qui lui serait propre. De cette période, nous voyons surtout des gravures sur bois ou des burins et quelques peintures.
La section suivante est consacrée à une technique très particulière, les dessins en clair-obscur, réalisés à l’encre noire et à la gouache blanche sur des « papiers préparés », c’est-à-dire sur des papiers sur lesquels on avait appliqué au pinceau un fond de couleur. Altdorfer réalisa plus d’une cinquantaine de dessins selon cette technique. On admire tout particulièrement son Départ pour le sabbat (1506) parmi une dizaine d’autres.
Dès 1512, la notoriété d’Altdorfer est bien établie. Il conçoit une série très originale par son iconographie, sa construction et son format, la Chute et Rédemption de l’humanité (1512). Ces 40 bois gravés, de 7 x 5 cm seulement, connaissent un immense succès, de la Pologne à la France. Il reprend ce type de composition, dans lequel il intègre le spectateur dans l’espace de la narration, pour ses peintures, dont on voit quelques exemples : une Crucifixion (vers 1520), Le Christ prenant congé de sa mère (vers 1518-1520) ou encore Saint Florian roué de coups (vers 1520).
Le parcours se poursuit avec quatre sections thématiques. La première est consacrée aux commandes de Maximilien Ier qui souhaitait prouver le caractère illustre et très ancien de la lignée des Habsbourg. C’est ainsi que l’on peut admirer la série exceptionnelle des 36 gravures sur bois du Cortège triomphal (vers 1512-1515), à côté d’un Livre de prières et de représentations d’un Arc de triomphe de la même époque.
Altdorfer n’appartient pas à une famille d’orfèvre, comme Dürer, mais il s’intéresse à ces objets précieux, comme les coupes et les vases d’apparat, et en grave un certain nombre qui pouvaient servir de modèle à des orfèvres. À côté d’une série de vingt-trois eaux-fortes, les commissaires ont placé quatre gobelets dorés réalisés par des orfèvres de Nuremberg, séduits par les créations d’Altdorfer.
Les deux sections suivantes, « Le paysage » et « L’architecture » sont très intéressantes car c’est la première fois qu’un artiste réalise des tableaux, des aquarelles et des gravures, où le paysage ou l’intérieur d’une église ou d’une synagogue n’est plus le décor d’un récit biblique ou mythologique, mais le sujet unique de l’œuvre. Celles-ci rencontrent un grand succès, surtout auprès des artistes de la jeune génération.
Les dernières sections sont consacrées aux œuvres tardives. À partir des années 1520, très occupé par des fonctions officielles, Altdorfer abandonne la production de dessins autonomes pour se consacrer essentiellement à la peinture. Il réalise alors de prestigieuses commandes comme la Bataille d’Alexandre (1529), son tableau le plus célèbre, comportant des milliers de personnages, que l’on découvre dans une vidéo qui nous le décrit minutieusement. On voit aussi quelques peintures, parmi lesquelles se détachent une Adoration des Mages (vers 1530-1535), un Portrait de femme (vers 1520-1530) ou encore une Vierge à l’Enfant (1531).
Les commissaires évoquent aussi le plus ambitieux décor de bains privés du Nord de l’Europe, avec cette Étude pour le décor des bains du palais épiscopal de Ratisbonne (vers 1533-1538). Cet édifice a été détruit et il ne reste que vingt-deux fragments de peintures murales qui proviennent majoritairement de la paroi dont la composition nous est connue grâce au dessin exposé ici. Une exposition très intéressante, bien documentée, avec de nombreux cartels descriptifs et une belle scénographie. R.P. Musée du Louvre 1er. Jusqu’au 4 janvier 2021. Lien : www.louvre.fr.


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