ZAZIE DANS LE MÉTRO
Article
publié dans la Lettre n° 381
du
13 avril 2015
ZAZIE DANS LE MÉTRO d’après Raymond Queneau.
Adaptation et mise en scène Sarah Mesguich avec Joëlle Luthi ou Léopoldine
Serre, Jacques Courtès, Charlotte Popon ou Amélie Saimpont, Tristan
Wilmott ou Alexis Consolato, Alexandre Levasseur, Frédéric Souterelle.
Dur dur de préserver l’innocence de l’enfance, quand les adultes offrent
de si déconcertants visages de la nature humaine… Mais rien ne semble
étonner Zazie, qui a échappé au viol, au meurtre, aux satyres de tout
poil ! Et elle rêve de métro souterrain et de bloudjinnzes.
Le soir, tonton Gabriel est danseuse de charme dans un établissement
douteux, mais pas normosessuel, puisqu’il est marié, pas vrai ?
A Marceline bien sûr, la douce silencieuse. Est-il satyre, est-il
brocanteur véreux, est-il flic, Trouscaillon et ses jarretelles, le
vilain monsieur louche qui piste la fillette facétieuse ? Aucune importance,
car elle en a vu d’autres, et les juges, elle sait comment leur dénoncer
les affreux, sa mère l’a mise à bonne école de ce côté-là ! Et le
buvetier, le trouble Turandot, avec son perroquet bavard ? Et la Mado-P’tits-pieds,
fleur-bleue désabusée qui rêve d’épousailles avec le taxi Charles,
et la veuve Mouaque un peu trop nympho… De cette galerie de personnages
hauts en couleurs, rien n’échappe au regard et à l’in petto de Zazie,
témoin espiègle et naïf, autant qu’arrêt-sur-images, focale grossissante
des turpitudes adultes. Elle trépigne, hurle, marche, s’étonne et
commente, exige et bouscule, avec ses mots grossiers et ses questions
insolites. Mais sa gouaille décapante et la verdeur de son langage
ne parviennent pas à voiler sa candeur lucide et déconcertante sur
un monde de non-dits et d’aveux impossibles.
Bistrot, night-club louche, lits entrevus, coucheries esquissées,
virée dans un Paris en vidéo à bord d’un demi-taxi poussif, la mise
en scène alerte et efficace donne à voir une traversée de Paris, sans
métro ni beaucoup de dodo. Mais quel mémorable week-end !
Le sommeil a terrassé l’enfant. A son réveil, la mère est de retour,
la grève du métro est terminée, le train attend. Et Zazie ? Elle a
vieilli. Et nous, nous avons rajeuni ! Merci, Monsieur Queneau, votre
Zazie intelligemment revisitée par Sarah Mesguich et servie par de
si joyeux drilles, n’a pas pris une ride. A.D. Théâtre du Lucernaire.
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