WATERLOO

Article publié sur Internet entre les Lettres n° 286 et 287


WATERLOO d'après l'œuvre de Victor Hugo. Ecrit, mis en scène et interprété par Francis Huster.
Sur la scène, le grand piano restera muet. Au-dessus du clavier, une partition avec ces mots : Victor Hugo. Waterloo « Symphonie de mots ». Francis Huster tient aujourd'hui une promesse faire à Jean-Louis Barrault, celle de lire le texte sur Waterloo, glissé dans Les Misérables. Avec ce texte, il en a rassemblé d'autres et a organisé le spectacle en douze séquences, chacune racontant un épisode de la bataille. Après cette brève mise au point faite d'une voix douce, presque timide, le ton change, s'affirme, à la fois bouleversant et accusateur. Le comédien entre dans son récit et interprète la symphonie de mots. Francis Huster possède un talent rare, celui de vivre et de faire vivre ce qu'il raconte. Nous sommes donc à quelques lieues d'un village où il ne se passa rien mais dont le nom fut curieusement retenu pour nommer une des batailles les plus célèbres au monde et qui décida le 18 juin 1815 du destin du monde. Et quelle bataille ! 100 000 morts et un fleuve de sang. « Napoléon et Wellington ne sont pas des ennemis, ce sont des contraires », la précision, la prévision, la prudence de « la vieille guerre classique », face à la géniale intuition du « despote allant jusqu'à tyranniser le champ de bataille ». Après une nuit sans sommeil et l'attente du matin, « le carnage tiré au cordeau » est sans pitié et tourne tout d'abord en faveur du vautour qui, autrefois, du haut de ses vingt-six ans, a si superbement battu la vieille chouette en Italie. A quarante-six ans, Napoléon n'a rien perdu de son génie et pendant que Wellington décide de la retraite, l'Empereur des français dépêche une estafette pour prévenir que la bataille est gagnée. Mais tout à coup tout change. « Y a-t-il un âge pour la myopie du génie » ? Un chemin creux insoupçonné, un petit pâtre qui guide trop bien, un autre qui guide mal et c'est la déroute sanglante et la ruine de la grande armée. Celui qui « voulait pour la France le sceptre du monde » se retrouva à Sainte-Hélène et l'avenir du monde ce décida ce jour-là. Pour Victor Hugo, déjà européen, cette bataille était la première pierre qui allierait dans l'avenir les Etats-Unis d'Amérique et les Etats-Unis d'Europe. Ce souhait de la fraternité des hommes lié à la puissance de Dieu pour le bien de tous, on peut le méditer aujourd'hui. Au moment où la France prend la présidence de l'Union européenne, c'est chose faite pour Francis Huster qui porte un toast et boit en l'honneur de l'Europe. Il vient à point nommé et avec quel panache ! Théâtre de la Gaîté Montparnasse 14e (01.43.22.16.18).


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