VOLTAIRE'S FOLIES

Article publié dans la Lettre n° 20

VOLTAIRE'S FOLIES. Spectacle réalisé d'après Voltaire par Jean François Prévand avec (en alternance) Yves Pignot, Remy Kirch, Gérard Maro, Jean Barney, Serge Beauvois, Gilbert Bahon, Jean François Prévand.
On connaît essentiellement Voltaire grâce à des oeuvres telles que Zadig ou Candide, beaucoup moins à travers les pamphlets qu'il écrivit entre 1757 et 1774 et qui, publiés clandestinement, n'étaient pour la plupart même pas signés. Il les appelait lui même « ses fusées volantes ». Ils furent regroupés plus tard sous le titre plus général de « dialogues philosophiques ». Ils reflétaient les prises de position de l'écrivain face aux injustices de la société comme dans les affaires Calas, Sirven et de la Barre ou son indignation face à l'intolérance, l'hypocrisie, l'intégrisme et les préjugés. Jean François Prévand a eu l'excellente idée de les adapter à la scène sous le titre de « Voltaire's Folies » : « J'ai choisi onze pamphlets qui témoignent tous de l'engagement politique de Voltaire. Ce sont des cris d'indignation, d'ironie ardente, amère, écrits 15 ans avant les grande bouleversements de la Révolution Française ». Durant près de deux heures et en alternance avec d'autres comédiens, quatre artistes miment, singent et dialoguent furieusement. Ils incarnent des personnages truculents tels que des fanatiques brandissant leur pancarte, une poularde et un chapon caquetant d'indignation puis d'inquiétude, un empereur de Chine discutant catholicisme ou mieux encore un serpent absolument désopilant, entraînant le public dans une cascade de rires communicatifs. Seule « la prière à Dieu » dernière scène, tirée du traité sur la tolérance apporte tout à coup un sentiment empreint de gravité. Si Voltaire à l'époque ne s'était pas privé de frapper fort et sans ménagement, Jean François Prévand garde le ton, reprenant les mêmes sujets graves et les traitant avec la même ironie acerbe. Destinés à secouer les idées reçues pour faire progresser des idées nouvelles, ignorés durant le XIXe siècle, il nous les fait redécouvrir aujourd'hui et l'on s'aperçoit avec stupeur qu'ils sont restée profondément actuels et que depuis deux siècles le monde a bien peu changé. Comédie de Paris 9e.

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