VISITES A MISTER GREEN

Article publié dans la Lettre n° 194


VISITES A MISTER GREEN de Jeff Baron. Adaptation Stéphanie Galland et Thomas Joussier. Mise en scène Jean-Luc Tardieu avec Philippe Clay et Thomas Joussier.
Mister Green, juif très pratiquant, a perdu sa femme, son pilier, il y a trois mois. Depuis, il vit reclus chez lui, le téléphone coupé, se nourrissant à peine, sa boîte à lettres débordant d’un courrier qu’il ne relève même plus. Un soir, débarque Ross, jeune cadre dynamique et de bonne famille. C’est lui qui l’a renversé avec sa voiture sur la chaussée. Le juge l’a condamné à un travail d’intérêt public, s’occuper une fois par semaine du vieil homme durant six mois. Après plusieurs refus catégoriques, Mister Green se voit obligé d’accepter cette intrusion dans son quotidien. Visite après visite, Ross va devoir apprendre au vieillard meurtri, à rouvrir son coeur.
Jeff Baron a touché à l’opéra et a collaboré à des scénarios pour le cinéma et la télévision avant de créer cette première pièce. Dès les premières répliques, on sent que l’auteur a investi beaucoup de lui-même, de son expérience et de ses propres sentiments dans ces deux personnages. Il y a quelque chose d’authentique dans la souffrance cachée de chacun, dans la difficulté de vivre, dans le besoin d’aimer et d’être aimé, sous une attitude faussement désinvolte. C’est une pièce sur la vie, qui aborde avec intelligence, subtilité et émotion, des thèmes de l’existence: les relations parents-enfants, le conflit des générations, la religion et ses conséquences, l’homosexualité. Les dialogues très vifs, souvent caustiques et la peinture des personnages sont très vrais mais, mal interprétés, ils peuvent facilement glisser dans la caricature. Il faut toute la délicatesse de Thomas Joussier et de Jean-Lus Tardieu pour s’écarter de cet écueil et offrir dans toute sa simplicité la peine, l’émotion et l’espoir qui émergent tout au long de ces conversations. Philippe Clay, que l’on a un immense plaisir à revoir sur scène, et Thomas Joussier, n’incarnent pas des personnages. Ils sont eux-mêmes, personnes à part entière et sans tricher, blessés par la vie et qui vont peu à peu se livrer malgré leur différence. Admirable! Théâtre La Bruyère 9e.


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