LE
VIEIL HOMME RANGE
Article
publié dans la Lettre n° 201
LE VIEIL HOMME RANGE
de Jean-Pierre Dopagne. Mise en scène Michel Wright avec René Hainaux,
Fanny Delbrice.
Seule dans la maison de son père un 30 décembre, Jeanne Cambier
remplit les derniers cartons. Depuis la disparition d’Henri Cambier,
archéologue reconnu et romancier, un an et quinze jours plus tôt,
il a fallu se rendre à l’évidence. Celui-ci s’est noyé dans la rivière
près de laquelle on a retrouvé sa voiture. Avec les documents de
son père, c’est aussi beaucoup d’elle-même que Jeanne s’apprête
à brûler et de ce père qu’elle aimait et qu’elle voulait éblouir
sans jamais y parvenir. L’a-t-il aimée ou est-il passé à côté d’elle
sans la voir, c’est la question qu’elle se pose, lorsque la porte
s’ouvre et que le père paraît. La première stupeur et les premiers
griefs passés, Henri et Jeanne vont se retrouver ou plutôt se trouver
et les peines, l’apparente indifférence, la frustration du temps
perdu seront peu à peu balayées par la tendresse réciproque qui,
sans le savoir, les avait toujours unis.
Jean-Pierre Dopagne, auteur belge passionné par la musique et l’Antiquité
grecque, a été remarqué en 1994 par l’Enseigneur, pièce que
le succès avait emportée dans une tournée internationale. Le
Vieil Homme Rangé a été créé en 1999. Sous l’extrême pudeur
de l’écriture percent une émotion et une multiplicité de sentiments
savamment contenus. Michel Wright respecte avec finesse cette pudeur
dans une mise en scène très simple où le jeu des comédiens est essentiel.
René Hainaux, « homme de théâtre francophone », interprète magnifiquement
son personnage et Fanny Delbrice lui donne la réplique avec un jeu
sobre tout en nuances, où l’on sent ce que l’on nomme le métier.
Le jeu des relations père-fille est depuis quelque temps en vogue
au théâtre. Mais cette fois, la justesse des propos, l’originalité
des situations font mouche. Théâtre de l’Oeuvre 9e.
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