LA VÉRITABLE HISTOIRE DE MARIA CALLAS
Article
publié dans la Lettre n° 351
du
4 mars 2013
LA VÉRITABLE HISTOIRE DE MARIA
CALLAS de Jean-Yves Rogale. Mise en scène Raymond Acquaviva
avec Andréa Ferréol, Pierre Santini, Sophie Carrier,
Lola Dewaere, Raymond Acquaviva, Cécile Pallas.
L’arrivée d’un enfant dans un foyer n’est pas toujours source de joie pour ses parents. Le premier drame de Maria se tient là. Lorsqu’après avoir perdu son petit garçon, sa mère, émigrée aux Etats-Unis, met au monde un troisième enfant, il lui faudra trois ans, paraît-il, pour lui donner un prénom. Maria a toujours reproché à sa mère son manque d’affection, de n’avoir fait d’elle qu’une bête de scène. « Tu es une grosse vache ingrate », lui affirmait-elle, constatation pour le moins douloureuse pour une adolescente qui n’a jamais vraiment accepté son physique. « Je rêvais d’être belle et légère », ce à quoi sa mère répondait : « Les cantatrices sont toutes grosses, il faut manger », la cantonnant définitivement dans son rôle et mettant un terme à toute discussion par cette phrase lapidaire: « Penser c’est bon pour les grands esprits et je ne crois pas que ce soit ton cas ».
Maria a vingt-quatre ans lorsque Battista Meneghini croise son chemin. Il est le premier à la trouver belle malgré ses cent kilos. « Vous êtes belle, Maria, galbée comme une commode Louis XV !» Elle ne lui résiste pas malgré la différence d’âge. Faisant fortune sur son dos, il fait d’elle la diva que le monde entier a admirée et admire encore. Elle le quittera cependant pour Aristote Onassis. Contre les vents et les marées de cette vie tumultueuse, Maria chante, dotée d’une mémoire infaillible et de cette voix inimitable qui fit moult admirateurs mais aussi des envieuses. Le second drame de Maria est son désir d’enfant que son impresario de mari « oubliera de lui faire » et dont Aristote Onassis l’obligera à se défaire. L’amour qu’elle lui voue est plus fort que cet enfant tellement désiré. Lorsque Aristote décèdera, Maria ne le supportera pas.
Les oeuvres retraçant la vie de Maria Callas sont nombreuses
mais la pièce de Jean-Yves Rogale exprime avec une force
particulière les drames vécus et les sentiments exprimés
par l’artiste. La mise en scène complexe et pleine
d’idées de Raymond Acquaviva - sa ballerine-machiniste
est une vraie trouvaille- est le détonateur parfait de l’émotion
ressentie tout au long de ce voyage musical où les morceaux
sont merveilleusement choisis. Le casting, parfait, est parachevé
par un maquillage de premier ordre et une variété
de costumes seyants, les robes en particulier. Andréa Ferréol
joue la mère avec beaucoup de force, Lola Dewaere et Sophie
Carrier assurent avec talent le rôle de Maria et l’idée
de garder Maria jeune auprès de Maria adulte est excellente
pour le déroulement de l’histoire elle-même mais
aussi pour la prestation remarquée de Lola Dewaere. Pierre
Santini se glisse avec conviction dans le rôle d’Onassis
qui lui sied comme un gant, tout comme Cécile Pallas, Jackie
Kennedy, froide et calculatrice. Un spectacle mémorable,
bercé par la voix de cette cantatrice immense que restera
à jamais Maria Callas. Théâtre Déjazet
3e.
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