LA
VALSE DES PINGOUINS
Article
publié dans la Lettre n° 267
LA VALSE DES PINGOUINS de Patrick
Haudecoeur. Mise en scène Jacques Décombe avec Patrick Haudecoeur,
Philippe Beglia, Isabelle Spade, Jean-Pierre Lazzerini, Guillaume
Laffly, Véronique Viel, Bob Martet, Sara Giraudeau, Patricia Grégoire,
Edouard Pretet.
Paul et Paulette sont mariés depuis ce matin. Ne pouvant s’offrir
de voyage de noces, ils se louent comme extra, pour la soirée, chez
Monsieur Morini et sa femme Clarisse. Ils espèrent ainsi profiter
du luxe des lieux tout en faisant leur service. Le maître de maison,
bottier de père en fils, a invité le gratin de la région, dont le
Comte Jean-Patrick de Lagarandière, qu’il souhaite convaincre d’investir
dans la société afin de commercialiser une paire de bottes révolutionnaires
que son second et inventeur Florin Moselle vient de mettre au point.
Ceci dit, pour Gaétan le majordome, la soirée s’annonce périlleuse.
Monsieur, par l’intermédiaire de Florin, « a commandé des artistes
qui viennent de Paris » pour animer la soirée, mais les Picolo’s
arrivent à deux, le troisième compère, sur qui repose leur spectacle,
étant à l’hôpital. Madame, fille d’artificier qui « a fini manchot
», a décidé d’offrir un feu d’artifices en bouquet final, quant
à Paul et Paulette, ils sont davantage préoccupés par leur « lune
de miel» que par leur service. Le pauvre Gaétan, homme à tout faire,
est donc très sollicité car il est aussi chargé de traduire les
borborygmes d’Annabelle, la jeune fille de la maison qui, à la suite
de la malencontreuse visite d’un zoo à l’âge de six ans, a de graves
problèmes d’élocution. Si l’on ajoute que Florin, amoureux d’Annabelle,
est poursuivi par les assiduités de Clarisse, et que monsieur Morini
a la ferme intention d’utiliser Lagarandière comme cobaye pour essayer
la paire de bottes prototype, la soirée ne va pas être de tout repos.
Après la formidable carrière de Frou-Frou les Bains, Molière
du Meilleur Spectacle Musical 2002, Patrick Haudecoeur sévit de
nouveau avec la création de cette comédie chantée. Réussir aussi
bien dans le même genre est un pari audacieux qu’il relève avec
un formidable talent. Outre la pièce elle-même et ses trouvailles
à perte de vue, outre le comique des dialogues et des situations
que la mise en scène de Jacques Decombe exploite à ravir, Patrick
Haudecoeur sait s’entourer de grands professionnels de la scène,
tant dans la comédie que du chant, de la danse ou de l’acrobatie.
Ils se dépensent sans compter dans la bonbonnière sucrée, décor
tout à fait représentatif du salon des Morini, et nous offrent un
spectacle d’une rare qualité, animé par seize morceaux musicaux,
certains très connus, d’autres écrits pour le spectacle, et joués
par d'excellents musiciens. Dix comédiens sur scène, on ne peut
citer la performance de chacun mais tous sont exceptionnels. On
retiendra parmi eux la prestation d’Edouard Pretet, génial dans
le rôle de Joséphine… la gorille, et les dons multiples de Sara
Giraudeau, Annabelle pétillante, artiste complète, aussi talentueuse
dans le bégaiement que dans la prononciation d’allitérations telles
que « les chaussettes de l’archiduchesse ou le chasseur sachant
chasser… ». Si Patrick Haudecoeur n’existait pas, il faudrait l’inventer
pour le salut du moral des spectateurs ! Théâtre des Nouveautés
9e.
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