LA VALSE DU HASARD
Article
publié dans la Lettre n° 392
du
8 février 2016
LA VALSE DU HASARD de Victor Haïm. Mise en scène Carl Hallak et Patrick Courtois avec Marie Delaroche et Patrick Courtois.
Un jeu sans enjeu, puisque sans règles. Si ce n’est celle de l’arbitraire, voire de l’absurde. S’agirait-il de l’éternité ? Certes, puisqu’un accident a fauché la vie de cette femme élégante au sortir d’un moment festif. Mais qui est l’homme matois, pervers, sadique, à qui elle devrait rendre des comptes ? Il a bien des allures charnelles, des désirs enfouis, des pulsions mal maîtrisées, cet Ange qui a tout pouvoir de déterminer le sort de la jeune femme encore sous le choc, c’est le cas de le dire. Démunie, désorientée, pétrie d’angoisse, elle se prête faute de mieux à un affrontement déconcertant avec ce confesseur accoucheur de désarrois et d’aveux. Face à ce procureur faussement bienveillant d’un tribunal aux contours et au rôle indéfinissables qui manifeste son autoritarisme par messages translucides, elle prend peu à peu, entre colère, révolte et séduction, les marques de son destin dans l’intemporalité définitive.
Dans un espace fantasmagorique circonscrit d’une cinquantaine de valises de mémoire, on oscille entre la matérialité des corps, les sentiments tangiblement humains et la perspective entrevue d’un jugement post mortem. Pourquoi cent points ? Pourquoi les sautes bizarres du gain ou de la perte ? Que gagne-t-on à cette loterie parfaitement injuste et aléatoire ? Qui est le démiurge de l’espoir et de la cruauté entretenus ?
L’Ange préposé aux basses et hautes œuvres de justice et sa proie en confession élaborent, dans l’émotion, la jubilation et une complicité épisodique, une tapisserie chatoyante de sentiments ambigus et de dévoilements inopinés, qui renvoient le spectateur à ses propres atermoiements et finalement à son éventuelle mauvaise foi. Mais dans le rire et l’humour salvateur, avec une ironie sans cynisme.
Un joli moment d’une lucidité téléguidée à laquelle il est sain de ne pas résister. A.D. Studio Hébertot 17e.
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