UNE
HEURE ET DEMIE DE RETARD
Article
publié dans la Lettre n° 245
UNE HEURE ET DEMIE DE RETARD de Gérald
Sibleyras en collaboration avec Jean Dell. Mise en scène Bernard
Murat avec Patrick Chesnais, Evelyne Buyle.
Pierre éteint les lumières de son appartement cossu et impersonnel
qui sent la patte de l’architecte d’intérieur et la réussite professionnelle
de son propriétaire. La main sur la poignée de la porte d’entrée,
il attend… Laurence va et vient mais ne semble pas vouloir faire
un pas vers la sortie. Ils sont pourtant invités par l’associé de
Pierre à qui ce dernier vient de vendre les parts de leur cabinet
de conseil. Le dîner est important. Il s’agit de fêter l’événement,
pour lui source de fierté, et de ne pas décevoir son associé. Mais
Laurence en a décidé autrement. Elle n’ira pas. Conciliant, Pierre
lui accorde dix puis trente minutes de retard, « c’est un ami, il
comprendra ». Mais Laurence n’en a cure, elle a l’intention de s’épancher.
Près de trente ans de vie commune à déballer, il y a beaucoup à
dire !
Ensemble ou séparément Gérald Sibleyras et Jean Dell occupent régulièrement
le haut de l’affiche grâce à l’écriture de pièces à succès, un
Petit jeu sans conséquences , le Vent des peupliers,
l’Inscription, entre autres. Ils savent croquer les moments
cruciaux de l’existence, la lassitude suivant les premières années
de vie commune, l’angoisse qui accompagnent les dernières années,
ou encore le regard des autres. Ils cernent avec acuité des caractères,
des situations et des actes où chacun peut se retrouver ou reconnaître
un voisin. Une heure et demie de retard ne fait pas exception à
ces qualités d’observation. Vingt-huit ans d'existence partagée
sont source de joie mais aussi de reproches. L’approche de la retraite,
donc de la vieillesse, source d’angoisse. Gérald Sibleyras décrit
avec humour et tendresse les sentiments qui animent ses personnages
avec un sens de la répartie et du rythme détonants. Le choix des
comédiens est essentiel. Il est ici particulièrement judicieux.
Evelyne Buyle se glisse à ravir dans le peau de Laurence, capricieuse
et d’une inconsciente mauvaise foi. Patrick Chesnais est magistral
dans le rôle de Pierre dont il exploite avec dextérité tous les
sentiments, gestes, intonations et regards à l’appui. Grâce à la
mise en scène trépidante de Bernard Murat, ils nous entraînent dans
une heure et demie de folie douce et d’humour. Théâtre des Mathurins
9e.
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