UNE SCÈNE
Article
publié dans la Lettre n° 336
du
6 février 2012
UNE SCÈNE. Texte et mise en scène
Diastème avec Andréa Brusque et Julien Honoré.
Oui, c’est - enfin! - dit, il l’a ob-sti-né-ment dans la peau.
Enfin, parce qu’il faut qu’elle le quitte pour qu’il le lui dise,
cet amour quasi nervalien de prince mélancolique. Et elle le secoue,
le bouscule, le renverse au propre comme au figuré.
Beau ténébreux, Julien Honoré l’est sans conteste, dans la pudeur
et l’ironie douce-amère de ceux qui ne savent comment exprimer l’intime
de leurs sentiments. A trop fouailler ceux des autres quand on est
écrivain, à trop mettre en scène leur comédie, on ne peut que se
réfugier dans le silence même bavard, même caustique, de ses propres
émotions. Et les citations des autres diserts en littérature sont
un tel refuge contre la mise à nu, la mise à vie… De pirouettes
verbales en cascades physiques, il ramasse la chaise dont elle l’a
éjecté, il met en mots la douleur de son insupportabilité sans elle,
il clame l’évidence de leur couple en amour fou.
Elle ? Comédienne sans fard ni voile, elle revendique son lot de
tendresse quotidienne, dit la folie et la peur qu’il
lui inspire parfois et dont il prétend rire. Envers et contre
lui, au cerne de ses bras, Andréa Brusque pleure, rit, hurle, craque
comme nous pour l’irrésistible amant, rit malicieusement et mène
la danse !
Jalousies multiples, faux départs et vrais retours, on est en plein
théâtre, Marivaux peut-être, le « vrai » et le « faux », la vie
et la scène si entremêlées que le rendez-vous ultime réserverait
bien quelque surprise… N’est pas maître du jeu qui le prétend, et
les pyromanes savent si délicieusement jouer avec le feu… Ciné
13 Théâtre 18e. A.D.
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