UNE FEMME SEULE
Article
publié dans la Lettre n° 380
du
23 mars 2015
UNE FEMME SEULE. Texte de Dario Fo
et Franca Rame. Mise en scène Bérénice Collet avec Violaine Brébion
ou Amélie Manet, Matthieu Tricaud ou Léo Pochat.
Une noria de cravates à repasser, un bébé qui pleure, un infirme
qui trompette. Femme au foyer modèle, l’épouse n’a que ces compagnies
pesantes pour tout univers. Alors, quand se présente la nouvelle
voisine aperçue par la fenêtre d’en face, la parole se délie. Et,
entre rires et sursauts, le spectateur se fait témoin des fissures
d’une existence en claustration maritale, harcelée d’appels des
naïvetés perverses, que le bon sens et les conseils avisés de l’invisible
voisine font voler en éclats. Quand l’épouse se lâche, il ne fait
pas bon se trouver en ligne de mire de sa lucidité chaotique ! Le
téléphone sonne, les musiques tonitruent à qui mieux mieux, les
plâtres fracassent les vitres, les voyeurs ne voient plus, dans
un univers d’hystérie bon enfant et jubilatoire, où la jeune femme
trouvera finalement le chemin d’une libération expéditive…
Tout est loufoque, déjanté. Et on pourrait se contenter de se laisser
emporter dans l’hilarité des commentaires incohérents et décousus,
sur fond de danse dénudée. Derrière l’absurdité manifeste, se profile
la solitude mal accompagnée d’une esclave conjugale aux veines tailladées,
confite en repassage, à qui n’est laissée que la stupidité de son
sort. Le lot de tant de femmes… La scène explose, tout comme le
public dans les rires. Réjouissant. A.D. Manufacture des Abbesses
18e.
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