UN HOMME EXEMPLAIRE

Article publié dans la Lettre n° 216


UN HOMME EXEMPLAIRE de Carlo Goldoni. Mise en scène Jean-Claude Penchenat avec Pierre Puy, Stanislas Grassian, Daniel Carraz, Jean-Claude Penchenat ou Philippe Drancy, Tiziana Di Monte, Nathanaël Maïni, Sarah Bensoussan, Mathieu Desfemmes, Didier Garreau, Julien Alric, Alexis Perret, Guylène Ouvrard.
C’est à Venise, à l’époque du Carnaval, que Carlo Goldoni place son argument et ses personnages dont il veut brosser des portraits représentatifs de son époque. Rompant résolument avec le théâtre classique auquel s’accrochent tous les dramaturges du XVIIIe siècle, l’auteur veut représenter la rue, son peuple et les difficultés de sa vie quotidienne, coincé entre une grande bourgeoisie qui le méprise et l' exploite et une faune de vauriens qui l' escroquent.
Momolo, « un homme exemplaire » est le vénitien par excellence, l’homme frivole qui veut profiter de l’existence et des autres, avec l’égoïsme et l’insouciance de la jeunesse. Il est celui qui n’attend de la vie que ses plaisirs, en un mot « celui qui vit bien, qui sait vivre ». Il est aimé d’un amour pur et désintéressé par Eleonora, fille du docteur Lombardi, mais les chaînes du mariage ne l’incitent pas à se déclarer. L’arrivée en ville d’un jeune couple venu de Rome pour découvrir Venise et son carnaval va secouer la petite communauté. Certains chercheront à exploiter leur naïveté, d’autres les recevront avec sympathie et désintéressement.
Un homme exemplaire est la première pièce de Goldoni et si elle ne possède pas encore la puissance des suivantes, on sent déjà le tournant magistral qu’il fait prendre au théâtre de son temps. Ses personnages sont déjà bien brossés sans être pour autant caricaturaux. Les dialogues fusent, incisifs et pétillants.
Jean-Claude Penchenat a transposé l’oeuvre dans les années 50-60 parce qu’elle ressemble déjà à la grande comédie italienne de ces années-là. Les costumes, les thèmes musicaux Felliniens, une mise en scène vive, un décor unique, aux changements opérés de façon amusante par un comédien énonçant les didascalies de l’auteur, tout cela donne un spectacle agréable, très actuel, à tel point que le discours très XVIIIe paraît décalé par rapport au propos. Théâtre 14-Jean-Marie Serreau 14e, jusqu’au 26 juillet 2003.


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