UN
BEAU SALAUD
Article
publié dans la Lettre n° 228
UN BEAU SALAUD de Pierre Chesnot.
Mise en scène Jean-Luc Moreau. Adaptation Bernard Tapie avec Bernard
Tapie, Agnès Soral, Natacha Amal, Pascale Roberts, Isabelle Petit-Jacques,
Remy Roubakha, Mathilde Penin.
Le qualificatif lapidaire ne laisse pas de choquer notre homme.
Personnage principal à qui s’adresse cette apostrophe, François
tente de justifier, en aparté, cette envie irrésistible de quitter
sa femme, après vingt ans d’un bonheur sans nuages, pour
des horizons australiens plus cléments en compagnie d’un nymphette
de vingt-sept ans, objet d’un coup de foudre récent. A première
vue, son comportement est indéfendable, mais on se laisse peu à
peu convaincre par le charmeur. Ce qu’il nous décrit ne ressemble
pourtant pas tout à fait à ce que nous découvrons chez lui: Dans
le salon d’un appartement cossu au magnifiques tableaux, preuves
de l’activité professionnelle de François, et objets du superbe
décor, Catherine, sa deuxième épouse, prépare avec fébrilité et
amour l’anniversaire surprise de son mari, en compagnie de Mado,
la première épouse. Mais voici que, contre toute attente, survient
Barbara, une jeune femme très énervée. Elle se présente à elles
comme la maîtresse de François depuis dix ans, et annonce tout de
go son infortune, elle à qui il promettait de divorcer pour l’épouser
dès que la petite serait grande! Catherine ne cille pas à
la vue de Barbara, elle est au courant de cette liaison depuis belle
lurette. Elle s’empresse tout de même de lui montrer la photo de
la petite qui s’en va gaillardement sur ses vingt ans. Mais
l’annonce d’une nouvelle rivale l’inquiète, surtout à la vue du
portrait que lui brandit Barbara. Nouvel aparté de François, pas
très à l’aise: il tente d’expliquer la présence de cette Barbara
qu’il a rencontrée après dix ans de bonheur sans nuages avec
Catherine. Le charmeur devient moins crédible et surtout moins sûr
de lui car ses trois femmes, la première stupeur passée, décident
d’agir...
Aucune chance de s’ennuyer avec cette comédie endiablée remarquablement
mise en scène par un Jean-Luc Moreau toujours aussi inspiré et orchestré
de main de maître par Bernard Tapie. Avec l’entregent et le bagou
qui le caractérisent, celui-ci a tôt fait de mettre le public dans
sa poche. Jouant autant sur le registre de François que sur celui
de Bernard, on finit par ne plus faire la part des choses entre
personne et personnage. Ses femmes sont merveilleusement
drôles. Agnès Soral est une Catherine fantastique, Pascale Roberts
a un rôle en or dont elle se tire fort bien. Natacha Amal, quant
à elle, est irrésistible dans le rôle très physique de Barbara.
Isabelle Petit-Jacques, la belle soeur psy, et Remy Roubakha mettent
leur grain de sel avec talent. On regrette la prestation trop courte,
car talentueuse, de Mathilde Penin. Théâtre de Paris 9e (01.48.74.25.37).
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