UN SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ
Article
publié dans la Lettre n° 398
du
13 juin 2016
UN SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ. Shakespeare / Purcell. Mise en scène Antoine Herbez. Direction musicale Didier Benetti avec Orianne Moretti, Maxime de Toledo, Francisco Gil, Ariane Brousse, Laetitia Ayrès, Jules Dousset, Ivan Herbez, Victorien Disse, Alice Picaud, Marie Salvat.
Un quatuor inégalement amoureux, un bouffon facétieux, des nymphes sylvestres, un couple royalement féérique. Malheur aux pauvres humains qui feront les frais de la querelle des deux divinités, la volage Titania et le jaloux Obéron, qui les ont pris en otages involontaires de leur querelle conjugale. Hermia aime son Lysandre, mais pas le Démétrius que son père lui impose, Helena n’est pas payée de retour dans sa passion pour le même Démétrius. Chacun poursuit l’autre dans l’obscurité touffue des bois. Le suc d’une fleur magique devrait résoudre contradictions et conflits, mais Puck le lutin étourdi complique davantage l’imbroglio amoureux. Alors les rivaux s’affrontent, les dulcinées ne s’y retrouvent plus, la reine Titania s’amourache d’un âne. Et Obéron tisse les fils, telle une araignée imperturbable mais bienveillante. Le dénouement amoureux ne fait aucun doute, chacun retrouvera sa chacune, les dieux se réconcilieront, le lutin sera pardonné.
Dans cette facétie joyeuse, la mise en scène joue sur les contrastes, la forêt est une épure où l’obscurité se manifeste par des panneaux mobiles troués de l’esquisse en creux des arbres, sur fond de clair obscur. Dans un ballet de karaté et de chevelures empoignées, les humains s’écharpent en tous sens, sans se retrouver autrement que dans le sommeil artificiel de leur épuisement, la reine s’endort au creux d’un praticable en escalier sur lequel Obéron veille. Les humains côtoient des immortels invisibles à leurs yeux, Puck brait comme l’âne qu’il devient momentanément, pour punition de son étourderie. Et tous chantent, dansent, jouent du violon, du violoncelle, de la guitare et du théorbe.
Dans cet univers du blanc et du noir, les costumes champêtres sont aussi somptueux que les voix et les cordes qui déploient l’élégance émue de la Fairy Queen de Purcell, entrelacée à la poésie de Shakespeare.
On est sous le charme, au sens propre et figuré, de cette harmonie que créent des acteurs chanteurs musiciens danseurs, manifestement heureux de concourir, avec une justesse sans faille, à un feu d’artifice de drôlerie et de magie. A.D. Théâtre 14 14e.
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