UN FIL A LA PATTE

Article publié exclusivement sur Internet avec la Lettre n° 350
du 11 février 2013


UN FIL A LA PATTE de Georges Feydeau. Mise en scène Lise Quet avec Nicolas Fantoli, Cyndy Rodrigues, Julien Large, Lionel Rondeau, Damien Prévot, Rémi Dessenoix ou Florent Bresson, Amandine Calsat, Claire Pouderoux.
Lucette a la cuisse légère, la voix puissante, l’amour jaloux. Autour d’elle s’agite une cour de jeunes mâles oisifs et pique-assiette. Le parasite, turfiste impénitent, la pille sans vergogne, l’haleine nauséabonde du gaffeur tuerait net les mouches, l’amant traître va convoler ailleurs pour renflouer une trésorerie défaillante. Laissés pour compte de cette vaine farandole, la godiche de sœur zézaie ses frustrations, les valets en prennent pour leur absence de grade et Bouzin… Piètre chansonnier, clerc de notaire étriqué, objet de rejet et molestation unanime, il manifeste une pleutrerie sans égale entre deux portes. Car il y a le Général, l’amoureux virulent qui a la main leste et le duel facile. C’est qu’il a l’honneur chatouilleux et vindicatif quand un autre coq semblerait lui disputer la Lucette de ses amours ! Entre deux leçons de phonétique déconcertante, il secoue et pourchasse les créatures à sa portée.
Ce beau demi-monde se joue la farce de l’hypocrisie matrimoniale pour fauchés. La mère brade sa fille, qui rêve de mauvais garçons pour égayer un avenir de future divorcée.
Derrière la façade d’un délire haletant et généralisé, les paroles et surtout les gestes n’ont d’autre propos que le rire du spectateur aux dépens de ces bourgeois veules, égoïstes et vicieux, de leur âpreté au gain, de leurs indémêlables mensonges. Feydeau plante ses crocs tous azimuts, même si on pourrait croire à une brève tendresse à l’égard de la demi-mondaine ou de la fille à marier, vite noyée dans le cynisme final.
Rythmés par la très belle voix de Lucette-Cindy Rodrigues, les huit comédiens déchaînés caracolent et virevoltent dans cette basse-cour du vaudeville, dans un décor de portes et de clinquant divers. Les quiproquos s’emmêlent, les portes claquent, les clés se perdent, rideaux et paravents tentent de cacher les feintes dérisoires, jusqu’à ce que, dans le dépouillement du palier final, habits et masques tombent enfin.
Qui épousera qui ? A-t-on vraiment envie de le savoir ? Que le rire fou s’avance ! Théâtre de Belleville 11e. A.D
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