UN CHÊNE. Texte de Tim Crouch. Mise en scène  Jean-Marc Lanteri avec Marc Bertin (et un-e acteur-rice invité, chaque soir  différent-e). 
                  L’hypnotiseur  a perdu ses pouvoirs magiques, il est vrai que, trois mois auparavant, il a  renversé une petite fille avec sa Ford Focus. Ce soir, un homme, issu du  public, se présente à sa prestation, le père de la petite Claire, qui vient lui  demander non des comptes, mais de l’aide pour conjurer le deuil, celui de son  épouse Aurore, de sa seconde fille Marie, le sien propre. L’hypnotiseur  bafouille, accueille cet hôte inopiné et déconcertant, lui propose une plongée  dans l’univers de la mémoire revisitée. Jusqu’à l’invention mentale de scènes  douloureuses, voire dégradantes. Au fil de cette mise en abîme inédite, les  rôles se créent, s’inversent, s’entrelacent. Qui est qui ? Tout est à la  fois tangible et fictif, illusoire et suscité par la parole et le pouvoir de  suggestion. A l’intérieur d’un espace vide autour duquel les spectateurs sont  en vis-à-vis, lumière et obscurité se succèdent, scandées par la musique  chorale et surtout ce prélude hésitant de Bach, métaphore de l’enfant sacrifiée  à l’issue de sa leçon de piano. L’hypnose en gestation déroule une  mystification dans laquelle le maître du jeu voit sa créature lui échapper, se  refuser à revenir à la réalité, malgré les ordres que les claquements de doigts  lui intiment. D’ailleurs, l’invité est-il bien un spectateur impromptu ou un  acteur déjà dans le rôle qui lui est soufflé au fur et à mesure ? Qui est  assis sur les chaises du fond ? Qui sont les témoins assis face à  face ? Qu’en est-il de l’arbre ? Sur le thème si douloureux de la  mort de l’enfant, s’élabore un parcours entre émotion et rire, entre réalité et  fiction, autosuggestion et lucidité sous-jacente, auquel le public résisterait  peut-être s’il n’en devenait rapidement le complice souriant.
                  Etonnant. A.D. Maison d’Europe et d’Orient-théâtre du Viaduc 12e.