TROIS
JOURS DE PLUIE
Article
publié dans la Lettre n° 232
TROIS JOURS DE PLUIE de Richard Greenberg.
Adaptation française Jean-Marie Besset. Mise en scène Jean-Marie
Besset et Gilbert Désveaux avec Léa Drucker, Pierre Cassignard,
Mathieu Bisson.
En 1995 à New-York, dans le loft déserté, Walker s’est endormi.
Il attend sa soeur Nan pour se rendre chez le notaire afin de régler
la succession de leur père Edmund Janeway. Décédé il y a un an,
celui-ci reste l’un des meilleurs architectes de sa génération.
Outre la réalisation de gratte-ciel ambitieux, il a dessiné les
plans de la maison familiale avec son associé et ami Théodore Miller,
lui-même décédé prématurément en 1966. Chez le notaire, ils retrouvent
Philip, le fils de Théodore. L’ouverture du testament réserve une
surprise. Walker espérait recevoir la maison familiale à laquelle
il tient. Cela ressemble pour lui à une trahison. Pourquoi son père
l’en a-t-il dépossédé au profit de Théodore? Quels étaient ses liens
affectifs avec le fils de son associé? Les plans de la maison ont-ils
été réellement dessiné par lui ou est-ce l’oeuvre de Théodore? Autant
de questions qu’un journal intime tenu par son père et trouvé dans
le loft n’éclairera pas parce que Walker, pris par ses propres sentiments,
ne saura pas décrypter, entre les lignes, ceux de son père.
En 1960, Edmund et Théodore partageaient le loft dans lequel Walker,
Nan et Philip se retrouvent aujourd’hui. Une solide amitié liait
les deux jeunes architectes qui s’étaient rencontrés sur les bancs
de l’université, une amitié et une collaboration qu’ils croyaient
indestructibles. Jusqu’à ces trois jours de pluie durant lesquels
Edmund a fait plus ample connaissance avec Lina, la petite amie
de Théodore, jusqu’à ce que Théodore, bouleversé par la trahison,
rencontre Maureen sous la pluie. De leur amitié ravagée, il ne reste
que cette maison qui représente tant, mais source de dispute pour
leurs enfants. Leurs interrogations restent sans réponse. Que sait-on
réellement de ses propres parents?
Richard Greenberg est un auteur à succès, tant à New-York qu’à Londres,
et reçoit de nombreux prix pour ses oeuvres. Cette pièce qui se
déroule sur deux époques distantes de trente ans, parle de la famille,
de l’amour et de l’amitié et permet à travers ces thèmes d’en explorer
d’autres, le destin et le sentiment de culpabilité entre autres.
Adaptateur féru et efficace de pièces américaines, Jean-Marie Besset
excelle particulièrement dans l’adaptation de celle-ci, sans doute
parce que les problèmes soulevés parlent particulièrement à l’auteur
de Ce qui arrive et ce qu’on attend. On y décèle en tout
cas la même résonance. En collaboration avec lui, Gilbert Désveaux
réalise une mise en scène minutieuse, qui se joue de la difficulté
liée aux deux époques. Le décor judicieux, l’interprétation des
trois comédiens qui jouent les six rôles, enfants parents, est une
grande réussite parce qu’ils parviennent à créer deux ambiances,
deux climats aussi différents que ceux des années 60 et 90. Les
interrogations des enfants renvoient au parcours des parents et
laisse un goût doux-amer. Un très joli travail. Théâtre de l’Atelier
18e.
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