TROIS FOLLES JOURNÉES
ou la Trilogie de Beaumarchais

Article publié exclusivement sur Internet avec la Lettre n° 321
du 17 janvier 2011


TROIS FOLLES JOURNÉES ou la Trilogie de Beaumarchais. Adaptation Frédéric Cherboeuf et Sophie Lecarpentier. Mise en scène Sophie Lecarpentier avec Valérie Blanchon, Stéphane Brel, Frédéric Cherboeuf ou David Migeot, Florent Guyot, Guillaume Marquet, Solveig Maupu, Alix Poisson, Julien Saada.
Quelle gageure de condenser en quelque trois heures et demie les trois pièces majeures de Beaumarchais ! Nul n'ignore bien sûr la fantaisie débridée du Barbier de Séville et les aléas amoureux dans Le Mariage de Figaro. En revanche, on connaît peu La Mère Coupable, pièce très rarement jouée, qui, dans une tonalité mélodramatique, évoque Léon, fruit des amours adultérines de la Comtesse Rosine avec Chérubin, le deuil familial et la colère jalouse du Comte.
Le fil rouge qui conduit cette saga de la famille Almaviva est démultiplié entre facétie politique et sociale et avatars de l'amour et de la fidélité qui s'émoussent au long d'un quart de siècle de séductions, noces et trahisons.
L'introduction, très sombre, tirée de La Mère Coupable sonne le glas de Rosine et est reprise en miroir à la fin de cette trilogie adaptée.
Si les textes sont amputés de scènes moins essentielles à cette démonstration de l'usure du temps qui vient éroder les grandes passions, on retrouve très joyeusement servis les morceaux de bravoure coutumiers, avec leur verve et leur impertinence attendues. Figaro virevolte et parfois gémit, Bartholo grince, Bazile calomnie, le Comte éructe en secret. Chérubin cultive son ambiguïté d'adolescent traversé de désirs inédits.
Les femmes, Rosine, Suzanne, Marceline, Fanchette, sont attendrissantes, émouvantes, délicieusement perverses, pleines d'inventivité et de grâce moqueuse. A la fois mêmes et singulières, ressemblantes et originales. La mise en scène est aérée et lumineuse dans un espace de claire-voie et contre-jour, et le jeu des actrices prouve une fois encore, si besoin était, que Beaumarchais est manifestement amoureux de ses inventions féminines !
Le public emboîte sans réticence le pas aux acteurs enjoués et le pari de la cohérence de cette trilogie est gagné. Théâtre de l'Ouest Parisien Boulogne-Billancourt 92.


Retour à l'index des pièces de théâtre

Fermez cette fenêtre ou mettez-la en réduction pour revenir à « Spectacles Sélection »