TOUTOU
Article
publié dans la Lettre n° 322
du
7 février 2011
TOUTOU d’Agnès et Daniel Besse. Mise
en scène Anne Bourgeois avec Patrick Chesnais, Josiane Stoleru,
Sam Karmann.
On n’envisage pas toujours les conséquences que peut provoquer la
disparition, ne serait-ce que brève, d’un chien dans un couple.
En rentrant de promenade à 11 heures du soir avec absolument rien
au bout de la laisse, Alex va vite s’en apercevoir. Très gêné par
son inattention due à un badinage avec la voisine, elle-même en
possession d’un chien, il se trouve confronté au désespoir de sa
femme Zoé. Le prof de philo et la grande spécialiste du développement
en Afrique commencent alors à imaginer les motifs de la disparition
du toutou chéri. Le brainstorming est en marche. Le pire
d’abord: le kidnapping et la revente à un laboratoire. Une raison
plus psychologique ensuite : Toutou, peut-être parfois malmené par
ses maîtres, ou dégoûté par l’abus de croquettes, a décidé de déserter.
Viennent alors le chapelet des responsabilités, le complexe de culpabilité,
le tout suivi par le fils, en stage à New-York, tenu au courant
des événements par téléphone. Là débarque Pavel, l’ami de toujours,
avec lequel Alex a œuvré autrefois dans l’humanitaire, temps béni
de l’aventure, en Bosnie entre autres, où il a rencontré sa femme
et Toutou dans la foulée. Revenant d’un voyage à Rome, ville éternelle
dont il compte capter la lumière pour construire un hôpital sublime,
Pavel invoque l’alibi de la clé égarée avant de leur avouer son
peu d’enthousiasme à retrouver sa compagne, et son souhait de passer
la nuit chez eux. Le séjour en Bosnie lie Alex, Zoe et Pavel. L’hystérie
dans laquelle la disparition de Toutou plonge Zoé, réveille tout
à coup des griefs vieux de sept ans qu’ils avaient tous les trois
soigneusement logés dans le tréfonds de leur mémoire. Paradoxalement,
l’image de Toutou, jusqu’ici placé sur un piédestal, se ternit puis
s’effrite peu à peu...
Agnès et Daniel Besse nous offrent une comédie piquante au texte
bien écrit, truffé de répliques pertinentes et drôles. Les trois
comédiens qui l’interprètent la portent d’un bout à l’autre. Après
le mémorable Cochons d’Inde de Sébastien Thiery (Lettre
296), Patrick Chesnais et Josiane Stoleru nous reviennent avec le
même punch et le même talent. Cette fois acompagnés dans leurs déboires
par Sam Karmann, ils ont plus d’un tour dans leur sac (de croquettes)
pour amuser un public conquis d’avance ! Théâtre Hébertot 17e.
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