TOUT
PETIT VU DU CIEL ...
Article
publié dans la Lettre n° 295
TOUT PETIT VU DU CIEL … de et avec
Michel Lagueyrie. Mise en scène Marc Fayet.
Tout grand vu de la terre, ou plutôt du parterre, c’est ce
qu’il semble être Michel, sans doute parce qu’il est seul sur scène,
sans autre décor que deux portes orange dans le noir des murs, une
table de café et quelques lumières. Seul, c’est vite dit. Un personnage
important l’accompagne : Mena. Mena est un doudou, mais pas n’importe
lequel. C’est un ours en peluche des plus ordinaires pour le commun
des mortels mais pas pour son propriétaire car ils ont tout partagé
depuis la naissance de Michel, tous les bonheurs et tous les drames.
Et si par malheur on l’égare, on perd ses repères. C’est ce que
se dit Michel en regardant la petite annonce à la boulangerie :
« petit garçon a perdu son doudou… » . Michel, lui, n’a jamais égaré
le sien.
Michel Lagueyrie a le physique de celui qui a une vie pleine derrière
lui, parsemée de joies et de peines, mais surtout, de beaucoup d’amour.
Il raconte cette existence avec Mena son partenaire depuis toujours.
Clichy La Garenne n’est pas un lieu particulièrement huppé mais
c’est là qu’il a passé son enfance, unique enfant d’un couple qui
traversa les ans sans plus d’histoires que la mort des êtres chers
et le chômage. La vie à Clichy est tout l’horizon de Michel, choyé
par des parents simples, soucieux de lui donner toutes les chances
d’avoir un avenir heureux, peut-être avec l’espoir que celui-ci
sera plus souriant pour lui que pour eux. Les vacances à Etretat,
les concours de châteaux de sable, les vacances à la montagne avec
l’inévitable fracture, les parties de train électrique les jeudis
pluvieux, Cyrano raconté le soir avant de s’endormir par un père
mimant tous les rôles, les premiers émois de la sexualité avec une
cousine à la campagne un après-midi d’été et puis le grand saut
vers la liberté : un studio à quelques mètres de l’appartement familial
dans la même H.L.M, et une tournée mémorable en province sur des
planches pas toujours reluisantes ! Notre homme ne s’en sortira
pas plus mal que ses contemporains, à la grande fierté de ses parents
et c’est la mort dans l’âme qu’il leur rendra visite, la maison
de retraire remplaçant l’appartement, où fleure encore bon la présence
maternelle. La roue tourne pour tous. Michel nous le rappelle, souvent
drôle, parfois mélancolique mais encore émerveillé par l’amour qu’il
reçut. A travers ses mots et ses anecdotes, c’est un peu notre propre
enfance que nous revisitons. C’est simple, sans fioritures mais
tellement vrai et tellement bien dit ! Petit Théâtre de Paris
9e.
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