TONTON LEON STORY

Article publié dans la Lettre n° 286


TONTON LÉON STORY de Serge Serout. Mise en scène Daniel Colas avec Cécilia Cara, Didier Brice.
Pantalon trop court, imperméable trop ample, chapeau mou et parapluie, il ne manque que la pipe à tonton Léon pour être un parfait Monsieur Hulot. Après une dure journée de labeur durant laquelle, en tant que contrôleur des impôts, « il contribue à faire payer leurs contributions » aux mauvais payeurs, tonton Léon rentre chez lui. Son logis est curieusement encombré de poupées qu’il collectionne avec amour. Il y en a partout, assises, debout, accrochées au mur. Leur regard de verre semblent renvoyer sa silhouette au propriétaire des lieux. Ce soir, il aspire au calme mais c’est compter sans sa jeune nièce Amélie qui l’attend pour s’endormir avec la même exigence : une histoire. Les histoires de tonton Léon « si morales et si édifiantes » sont toutes un peu bizarres, mais il les raconte si bien et toutes sont pleines d’enseignement. La petite est fort curieuse d’apprendre. D’une logique implacable, elle multiplie les questions auxquelles son tonton a parfois bien du mal à répondre. Si seulement Amélie se contentait de compter les moutons pour s’endormir mais elle ne sait compter que jusqu’à dix. Tonton Léon s’exécute donc et entre explications, compléments d’information, justifications et digressions, ses récits ne prennent pas toujours la voie qu’il avait choisie, dérapent un peu et s’engagent dans une autre histoire qui ressemble à la sienne. Amélie redresse la situation car elle veut connaître la fin du véritable conte. Tonton Léon a une patience d’ange et il faut dire que les verres de vin qu’il appelle à la rescousse sont une aide appréciable. Mais que cherche-t-il lui-même dans le regard d’Amélie ou dans celui de toutes les poupées qui l’entourent ? Un reflet de lui-même ou le miroir de son âme ? Et Amélie, au milieu de tous ces êtres inanimés, est-elle une vraie petite fille ou une vraie poupée ?
Aussi émouvant ou drôle que soit le texte de Serge Serout, dialogue original d’un homme avec lui-même, il est littéralement porté par la mise en scène, la scénographie et le jeu des deux comédiens. Le décor, original et très adapté avec toutes ces poupées, est le bel écrin d’un face à face entre deux comédiens talentueux. Cécilia Cara, tantôt automate descendant de son piédestal, tantôt fillette capricieuse, est excellente, et Didier Brice, formidable dans ce rôle de tonton malmené par la vie. Théâtre des Mathurins 8e.


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