LE TEMPS DES SURICATES

Article publié dans la Lettre n° 373
du 27 octobre 2014


LE TEMPS DES SURICATES de Marc Citti. Mise en scène Benjamin Bellecour avec Vincent Deniard et Marc Citti.
Hamlet, côté loge et coulisses. Deux laissés-pour-compte de la célébrité y mitonnent leurs frustrations diverses, entre leurs brèves apparitions sur scène. Mathieu n’a pas su, en son temps, s’accrocher au train d’une gloire entrevue. Avec son grand corps encombré de lui-même, Edouard a beau être « soyeux », il peine à se dépétrer de sa timidité, de ses doutes, d’un passé de persécution infuse. Celui-ci s’évertue, celui-là persifle. Les tirades d’Hamlet s’égrènent en off, les deux seconds rôles tendent une oreille plus ou moins attentive, partent pour leurs apparitions de faire-valoir, ratent parfois l’entrée en scène… Par une complexe mise en abîme des espaces, échecs, désillusions, forfanteries, amours déçues s’emboîtent entre la lumière crue des spots et le clair-obscur des souvenirs et des espoirs fugaces. Les costumes s’emmêlent, les fantômes commentent, le ridicule de la mise en scène en filigrane allège le drame qui menace. Les larmes et l’irréparable ne sont jamais loin, mais il demeure, au creux de cette arène de la médiocrité et de l’amertume, une trame de vraie solidarité. Tel est aussi et surtout le miracle du théâtre, l’au-delà du miroir qui rend le jeu palpable et dédouble les imaginaires. L’œil écoute, les suricates veillent. A.D. Théâtre des Béliers Parisiens 18e.


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