LA
TECTONIQUE DES NUAGES
Article
publié dans la Lettre n° 197
LA TECTONIQUE DES NUAGES
de José Rivera. Mise en scène Marion Bierry avec Marc Citti, Elisabeth
Vitali, Bernard Ballet, Eric Elmosnino.
C’est la tempête du siècle. Des tourbillons de vent chassent des
rafales de pluie, créant des embouteillages faramineux dans Los
Angeles. Au travers du va-et-vient de ses essuie glace, Anibâl aperçoit
une frêle silhouette, comme un esquif abandonné sur le trottoir,
une jeune femme enceinte avec pour tout bagage un cabas. Elle semble
complètement perdue, elle ne connaît personne dans cette ville où
elle cherche le père de son enfant. Anibâl lui propose de l’héberger.
Celestina a beau lui parler en espagnol, Anibâl ne comprend pas
sa langue maternelle, à part son juron fétiche, intégration oblige.
Pour Celestina, l’espagnol est la langue de l’amour. Très vite,
Anibâl est alerté par les propos extravagants de la belle Celestina.
En étant attentif à son discours, Anibâl fait le compte: Elle aurait
54 ans et serait enceinte depuis deux ans! Celestina répond qu’elle
n’a aucune notion du temps et n’aime pas les calculs. Qu’importe,
Anibâl est amoureux. Il est notoire que les amoureux sont seuls
au monde et que les heures défilent différemment, mais tout de même,
il se passe des choses curieuses. Cette nuit de tempête et d’amour
aurait duré deux ans! Telle est la loi de la tectonique des nuages
et Los Angeles est la ville des anges.
La pièce de José Rivera est un ovni sur nos scènes théâtrales. Enfin
on nous parle d’autre chose que de conflit de générations et d’homosexualité.
Une vraie bouffée d’air frais. Rivera nous parle d’amour, de frémissement,
d’intemporalité. On est sous le charme de ce conte de fées urbain,
délicieusement revigorant, mis en scène alertement par Marion Bierry.
Marc Citti est un Anibâl humain et craquant. Son frère, interprété
par le tonique Eric Elmosnino, fait entrer le monde réel dans ce
nid d’amour hors du temps, perché dans les nuages. Bernard Ballet
apporte la première clef des songes. La lumineuse Elisabeth Vitali
est la déroutante Celestina. Son regard candide auréole le spectacle
d’un charme indéfinissable sous lequel on tombe irrémédiablement.
Théâtre de Poche Montparnasse 6e (01.45.44.50.21).
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