LE TECHNICIEN

Article publié dans la Lettre n° 321
du 17 janvier 2011


LE TECHNICIEN d’Éric Assous. Mise en scène Jean-Luc Moreau avec Roland Giraud, Maaike Jansen, Patrick Guillemin, Elisa Servier, Zoe Bruneau, Jean Franco, Jean-Yves Roan, Arthur Fenwick. Séverine Chapuis a été trompée puis quittée par son mari il y a vingt ans. Abandonnée sans un sou d’une façon indigne par un homme sans foi ni loi, elle s’est battue pour parvenir à monter une maison d’édition littéraire qui a aujourd’hui pignon sur rue. Si sa situation financière est bien établie, va vie sentimentale est aussi au beau fixe. Elle entretient une liaison heureuse avec le directeur financier de ladite maison.
Tout irait donc pour le mieux si un beau matin ne réapparaissait dans sa vie Jean-Pierre, son ex-mari. Mais le businessman cynique et fortuné qu’elle a connu n’est plus qu’un souvenir. L’homme ruiné qui lui fait face est un chômeur en fin de droits, presque S.D.F. Criblé de dettes et sommé de quitter un logement dont il ne peut plus acquitter le loyer, il vient lui demander pardon et mendier un emploi. Séverine aurait pu le renvoyer à son trottoir mais elle décide de lui donner une seconde chance et comme la vengeance est après tout un plat qui se mange froid, elle lui propose un emploi de technicien… de surface, autrement dit d’homme de ménage, bien sûr sous un nom d’emprunt, car il est hors de question de révéler que Jean-Pierre est son ex-mari. Homme à tout faire, c’est donc ce que devient Jean-Pierre, avalant au jour le jour les heures de travail, et les humiliations. Mais sous la salopette sommeille toujours le costume trois pièces. Jean-Pierre ne va pas manquer de ressources pour améliorer son sort….
Éric Assous est décidément une valeur sûre. Son nom sur une affiche est synonyme de comédie joliment troussée. Celle-ci, très bien écrite, brosse une flopée de personnages originaux, placés dans des situations limites, complètement incongrues. Son imagination est débordante, sa logique imparable, les quiproquos s’enchaînent à une vitesse folle, bref c’est un excellent cru.
Jean-Luc Moreau est une fois de plus au rendez-vous. Rompu à ce genre depuis des années, il conçoit une mise en scène dynamique, dont le rythme ne faiblit pas, avec sa dextérité coutumière, malgré le nombre impressionnant de contrats qu’il honore avec un professionnalisme tout aussi constant. Cette hyperactivité doit sans doute le galvaniser et l’inspirer car ses mises en scène possèdent chacune un cachet de nouveauté et d’originalité. La diversité des personnages, la personnalité des comédiens qui les incarnent et la complicité qu’il entretient avec eux, en sont bien sûr le pivot. Ici le couple détonant que forment Roland Giraud et Maaike Jansen ainsi que leurs comparses, s’engagent avec fougue et talent dans des tribulations aussi inénarrables que drôles qui mènent à un épilogue où l’amour triomphe.
Le public ressort heureux d’avoir passé ces deux heures en leur compagnie, citant pour prolonger le plaisir les rebondissements à répétition si bien imaginés. C’est sans conteste l’apanage des meilleures comédies ! Théâtre du Palais Royal 1er.


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