TAILLEUR POUR DAMES
Article
publié dans la Lettre n° 384
du
15 juin 2015
TAILLEUR POUR DAMES de Georges Feydeau.
Adaptation Jean Poiret. Mise en scène Agnès Boury avec José Paul,
Philippe Uchan, Guilhem Pellegrin, Florence Maury, Sébastien Castro,
Véronique Barrault, Caroline Maillard, Maud Le Guénédal.
Lorsque l’on se rend au bal de l’Opéra dans l’idée de séduire une
jolie femme, mariée à un mari ombrageux, on évite d’oublier ses
clés. Le docteur Moulineaux n’a pas observé cette précaution indispensable
lorsqu’il tente de rentrer discrètement chez lui au petit matin.
Etienne, son domestique, n’a rien pu faire : Madame, au courant,
demande une explication légitime. Moulineaux lui allègue sans réfléchir
la première excuse qui lui vient à l’esprit. Il a veillé toute la
nuit un patient mourant, un certain Bassinet. Celui-ci sonne justement
à la porte, en parfaite santé ! La mère d’Yvonne survient inopinément
et renchérit. Moulineaux va alors faire ce que font tous les maris
pris de court, proférer un deuxième mensonge, puis un troisième
qui vont le conduire à une situation ubuesque, louer à Bassinet
l’ancien appartement d’une couturière et s’inventer un second métier,
tailleur pour dames.
Les intrigues des comédies de Feydeau sont invariablement construites
sur un mensonge qui en déclenche une cascade. Ce mécanisme a fait
la notoriété de son auteur. Agnès Boury exploite avec maîtrise les
ressorts de ce vaudeville inénarrable, tant les péripéties conduites
par les mensonges sont enchevêtrées. Les comédiens se défoulent.
José Paul, désopilant Moulineaux pris au piège, s’en sort d’une
pirouette éhontée, pressé par Caroline Maillard, délicieuse Yvonne
bien trop naïve. Sébastien Castro, Bassinet dépassé par les événements,
est l’homme de la situation. Philippe Uchan est un mari jaloux convaincant
lorsqu’il espère coincer femme et amant présumés mais tout aussi
affairé à dissimuler une liaison qu’il s’apprête à conclure avec
une certaine Rosa, Maud Le Guénédal, très efficace. Florence Maury,
épouse bien coupable, et Véronique Barrault, belle-mère autoritaire,
sont excellentes. Guilhem Pellegrin, est épatant en domestique qui
en a vu bien d’autres, imperturbable au milieu de tout ce charivari.
L’épopée s’achève dans une cacophonie totale, où plus personne n’est
ce qu’il dit être réellement. Portés par une entente parfaite, ils
réussissent haut la main la plus difficile des entreprises, celle
de faire rire. MP.P. Théâtre Montparnasse 14e.
Retour
à l'index des pièces de théâtre
Nota:
pour revenir à « Spectacles Sélection »
utiliser la flèche « retour » de votre navigateur
|