LE SYSTEME RIBADIER

Article publié dans la Lettre n° 278


LE SYSTÈME RIBADIER de Georges Feydeau. Mise en scène Christian Bujeau avec Léa Drucker, Bruno Solo, Jean-Noël Brouté, Romain Thunin, Fabienne Galula, Gérard Darier.
Angèle n’a pas du tout goûté les frasques de Monsieur Robineau, son premier mari, qu’elle a d’ailleurs découvertes bien après. Ces fredaines l’ont rendue d’une jalousie insupportable, voire maladive. Elle surveille Eugène Ribadier, le second, avec une telle suspicion que ce dernier a bien du mal… à la tromper ! « Ne te fie pas aux apparences […], cherche, épie, surveille et si tu ne vois rien, dis-toi que tu as mal cherché... ! » est devenu son leitmotiv. De guerre lasse, Eugène a mis au point un système qu’il juge imparable. Doué de facultés hypnotiques, il endort sa femme en la regardant dans les yeux à chacune de ses sorties inavouables puis la réveille dès son retour en lui soufflant sur le front. « Ni vu ni connu ». Cette liberté le grise et lui permet les incartades les plus folles surtout qu’il a en ce moment « un petit roman en train ». Un grain de sable va pourtant gripper le système en la personne d’Aristide Thommereux, consul à Jakarta qui débarque après deux ans d’exil volontaire. L’océan n’était pas de trop pour l’empêcher de succomber au charme de la femme de son meilleur ami Robineau. Mais qu’apprend-t-il à son retour ? L’objet de sa flamme, veuve durant son absence, est déjà remariée. Il tente de la reconquérir mais éconduit, envisage de repartir aussi sec tout en regrettant d’être revenu: « Quel voyage pour passer une soirée à Paris ! » Mais Ribadier l’accueille à bras ouverts, l’installe dans le petit pavillon attenant et va même jusqu’à lui confier son secret. Il n’aurait pas dû...
L’action a été replacée dans les années 30, années folles qui se prêtent particulièrement à l’ambiance et au rythme de la pièce. Le décor bien dans le ton et les costumes ravissants achèvent de donner le petit coup de jeune à l’ensemble. Au mur, le portrait imposant de feu Monsieur Robineau a quelque chose de familier, de déjà vu… On a la solution à ce clin d’œil original en parcourant le programme !
Le mari qui trompe sa femme jalouse comme une tigresse, l’amoureux transi et le cocu furieux, ce quatuor infernal cher à Feydeau marche une fois de plus à merveille, grâce à la mise en scène de Christian Bujeau qui a su dépoussiérer la pièce et dirige en parfait spécialiste du genre des comédiens enthousiastes. Léa Drucker prête avec talent son charme et sa jolie silhouette à la terrible Angèle. Pour un premier rôle au théâtre, Bruno Solo, excellent Ribadier, est d’un formidable naturel, parcourant la scène comme un vieux routier des planches. Jean-Noël Brouté, savoureux amoureux transi, Gérard Darier, inénarrable cocu ombrageux, Fabienne Galula, rigolote soubrette qui n’a pas froid au yeux et Romain Thunin, chauffeur intrépide auquel aucune balustrade ne résiste, complètent la distribution avec une formidable énergie. Théâtre Montparnasse 14e.


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