SUR UN AIR DE TANGO

Article publié dans la Lettre n° 245


SUR UN AIR DE TANGO de Isabelle de Toledo. Mise en scène Annick Blancheteau et Jean Mouriere avec Etienne Bierry, Olivier Marchal, Lisa Schuster.
La scène du théâtre n’est pourtant pas bien grande. Mais l’ingéniosité de Jacques Voizot fait merveille. Son décor, la salle d’un petit restaurant de bord de mer avec une vue superbe sur l’océan, donne une étonnante impression d’ampleur. Il est deux heures du matin. Epuisé par sa journée de travail, Pierre s’apprête à fermer lorsque Max, son père, fait irruption. Il désire s’attarder un instant pour bavarder. Malgré la fatigue, Pierre l’installe devant une assiette. Il est pourtant au plus bas de sa forme. Sa femme Alice a une liaison et va sans doute le quitter. Il ne comprend pas cette trahison. Il a travaillé plus que de raison pour que sa femme et ses deux enfants ne manquent de rien. La perspective d’une séparation le mine, aussi rudoie-t-il un peu ce père veuf et capricieux qui décrète ne plus vouloir entrer dans la maison de retraite où il a réservé sa place. Trois mois plus tard, Max a changé d’avis et décide de faire le grand saut. L’asile de vieux, il faut bien s’y résoudre. Mais il a des projets: se remettre à la danse de salon, comme autrefois avec sa femme, et apprendre les claquettes ! Pierre et Alice ont quant à eux entamé une procédure de divorce et se partagent tant bien que mal la garde des enfants. Annick Blanchetot, dans sa mise en scène, prend à bras le corps cette jolie pièce d’Isabelle Toledo où, en quelques coups de plume, est évoqué tout ce qui fait les petites joies et les grandes peines de la vie. L’auteur a parfaitement cerné l’enfance, la jeunesse, la vieillesse avec ses attentes et ses déceptions, dans lesquelles louvoient le couple, les enfants, les parents. Elle met plus particulièrement l’accent sur les relations père-fils chargées d’affection mais aussi de rapports conflictuels.
La mise en scène intimiste s’organise autour des deux personnages principaux, Max et Pierre, interrompue par les visites d’Alice. Sa souplesse offre aux comédiens la liberté nécessaire à une expression tout personnelle. Olivier Marchal exploite diablement bien un rôle difficile, tout en nuances qui, sans son talent, pourrait basculer dans le mélo ou la caricature. Juste et touchant, il fait face à Etienne Bierry, monument du théâtre, magnifique dans le rôle d’un père au terme de sa vie. Les incursions pleines de fraîcheur de Lisa Schuster apportent beaucoup à ce tête à tête émouvant. Théâtre de Poche Montparnasse 6e.


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