LE SOLEIL N'EST PLUS AUSSI CHAUD

Article publié dans la Lettre n° 210


LE SOLEIL N’EST PLUS AUSSI CHAUD de Aldo Nicolaj. Adaptation Jacques Collard. Mise en scène Thierry Lavat avec Anna Gaylor, Philippe Mareuil, Max Fournel.
Un banc, à l’ombre de l’arbre d’un square, invite toujours à la conversation. Au milieu des cris d’enfants, Libero feuillette une revue. Il porte fièrement ses 76 ans. Luigi vient s’asseoir à ses côtés. Corpulent, ses jambes portent plus difficilement le même âge. A mesure qu’ils font connaissance, deux tempéraments bien distincts se dessinent. Si Luigi apprécie la compagnie, Libero la fuirait plutôt. L’abord plutôt revêche qu’il apparente ne rebute pas Luigi qui a besoin de s’épancher. Après ce premier contact, les deux hommes vont prendre un certain plaisir à se retrouver et une amitié inquiète les rend bientôt inséparables. Leur conversation roule sur le bilan de deux vies bien remplies durant lesquelles ils pensent avoir tout fait pour leurs enfants, guère reconnaissants. Leurs bavardages sont parfois interrompus par les incursions intempestives d’Ambra, institutrice à la retraite et célibataire, qui a une prédilection pour les chats. La retraite ne reflète en rien leurs espoirs. Luigi et Libero, qui chez sa fille, qui chez son fils, sentent qu’ils sont devenus une charge, mais si le premier s’en plaint dès les premières rencontres, l’autre, trop fier, mettra du temps à confier son amertume. L’un et l’autre regretteront leur paternité, Ambra quant à elle, traînera le regret de n’avoir pas eu d’enfants et de ne s’être occupée que de ceux des autres. Un jour leur amitié sera nécessaire pour affronter les dangers de l’asile de vieillards qui se profile. La perspective d’un voyage les enchante. L’espoir fait vivre.
La pièce d’Aldo Nicolaj parle d’un sujet qui dépasse les frontières ou vieillesse et tendresse semblent deux mots incompatibles. En Italie comme ailleurs, il ne fait pas bon vieillir à l’aube du troisième millénaire. Conduits par une mise en scène discrète, Philippe Mareuil, Max Fournel et Anna Gaylor expriment avec conviction, sobriété et beaucoup d’émotion l'angoisse d’être délaissés et de mourir seuls, anonymes, derrière le rideau d’un dortoir. Espace Pierre Cardin 8e jusqu’au 8 mars 2003.


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