SŒUR EMMANUELLE
Confessions d’une religieuse
Article
publié dans la Lettre n° 376
du
29 décembre 2014
SŒUR EMMANUELLE. Confessions d’une religieuse.
Adaptation Françoise Thuriès. Mise en scène Michael
Lonsdale avec Françoise Thuriès.
Le souvenir que nous conservons de sœur Emmanuelle lors de ses rares
apparitions était celui d’une femme au caractère bien trempé qui
n’hésitait pas à morigéner les foules pour obtenir ce qu’elle voulait
: des dons indispensables, afin d’améliorer le sort dramatique de
ses chiffonniers, éboueurs du Caire, de ne plus voir les masures
en bidons troués, les quartiers remplis d’immondices, sans eau,
sans électricité, de ne plus voir ces femmes exsangues et maigres
« avec leur enfant froid dans les bras ». Dotée d’une énergie farouche,
elle passera 23 années au milieu de ses déshérités, vivant dans
les mêmes conditions qu’eux, se nourrissant de cette phrase: « Fends
le cœur de l’homme, tu trouveras le soleil ».
Françoise Thuriès et Michael Lonsdale ont déjà « exploré » la vie
des saints tels que François d’Assise, Sainte Thérèse de Lisieux
ou Thérèse d’Avila. Dans une belle osmose, ils cernent au plus près
le personnage de cette religieuse disparue il y a six ans. Ils relatent
avec fougue l’enfance et la jeunesse de Madeleine, traumatisée par
la mort brutale de son père, son existence tout à fait originale
pour une femme de son époque, un parcours sans fautes qui lui fera
prendre des décisions qui engageront toute sa vie, un parcours qui
lui fera voyager en Angleterre pour en apprendre la langue, puis
en Turquie où elle s’imprégnera d’une autre civilisation, étudiera
les grands philosophes et toutes les religions, accumulant ainsi
un savoir impressionnant.
La mise en scène très vivante donne une grande liberté d’action
à Françoise Thuriès. Elle incarne cette femme d’exception avec une
telle exactitude qu’elle parvient à reproduire non seulement ses
gestes mais aussi sa voix. Elle est la sœur Emmanuelle restée dans
notre mémoire, certes moins médiatisée que d’autres, mais tout aussi
« sainte ». On ne s’ennuie pas une seconde. Théâtre du Petit
Hébertot 17e.
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