SIMONE DE BEAUVOIR,
une femme éprise de liberté
Article
publié dans la Lettre n° 326
du
2 mai 2011
SIMONE DE BEAUVOIR, une femme éprise de
liberté, de et par Véronique Daniel. Mise en scène Alain Bonneval.
Beauvoir sans Sartre ? Impensable ! Sa mort nous sépare, ma mort
ne nous réunira pas. C’est ainsi : il est déjà beau que nos vies
aient pu si longtemps s’accorder. Exergue de toute une vie,
de la rencontre sur les bancs universitaires jusqu’au départ définitif
de Sartre dans la mort, toute une vie de passion, au-delà et peut-être
à cause des infidélités multiples de l’un comme de l’autre. Mais
les amours contingentes, dont la liste est longue, ne sont
jamais parvenues à briser cette complicité, tant d’écriture que
d’engagement politique. Rencontre de deux intelligences autour de
la philosophie, rencontre fugace de deux corps que tente une liberté
de mœurs insolente. Inventer un nouveau couple entre le petit
homme et la bourgeoise hautaine en mal de libération féminine,
voilà ce que leur existence sans frein de noctambules, de parisiens
et de cosmopolites, va prouver dans une fidélité loin du mariage
et de sa prison convenue. Beauvoir y laisse nombre de plumes de
douleur et d’une jalousie qui l’exaspère chaque fois que le très
volage Sartre semble plus ferré que jamais par une nouvelle conquête.
Elle lui rendra la pareille… petit castor sans préférence
sexuelle. Amours libérées, mais surtout égoïstes où la tierce personne
compte finalement si peu. Sauf peut-être Algren qui la révèle à
elle-même, à qui elle écrira des années durant, bien après leur
séparation physique. Sa seule vraie fidélité aura sans doute été
à Sartre qu’elle accompagnera dans tous ses combats, ses victoires
et ses renoncements.
La valse des liaisons ne la détournera pas de sa prédilection pour
l’écriture et de sa volonté de lutter en faveur des femmes, tant
est foncière en elle la révolte face à leur oppression. Elle affrontera
le scandale suscité par la lucidité sans détours ni concessions
de ses divers romans et récits. Vouloir être libre, c’est vouloir
la liberté des autres. Jusqu’à la fin, elle portera le flambeau
de la dignité féminine. Cette vie riche, pleine de curiosité et
de pugnacité, Véronique Daniel la joue au présent, l’esquisse en
pas de danse, la chante sur les airs de Boris Vian, Prévert ou Juliette
Gréco. Dans une mise en scène sobre étayée d’accompagnements musicaux
et de documents sonores de l’époque, on assiste à un bel hommage
rendu à une grande dame. Théâtre du Nord-Ouest 9e. A.D.
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