LA SERVA AMOROSA

Article publié dans la Lettre n° 71


LA SERVA AMOROSA de Carlo Goldoni. Mise en scène Jacques Lassalle avec onze comédiens dont Alain Pralon, Claire Vernet, Catherine Hiegel, Nicolas Silberg, Jacques Sereys, Jean-Yves Dubois, Anne Kessler, Jean-Philippe Puymartin.
Ce n'est pas la première fois qu'une pièce de Carlo Goldoni est montée à la Comédie Française, mais celle-ci est l'une des nombreuses qui vont marquer cette année le bicentenaire de sa mort.
Considérant la commedia dell'arte comme décadente, Goldoni consacra sa vie à renouveler l'art théâtral en Italie puis en France. Il marque sa préférence pour le naturel et l'observation directe de la vie. La femme est sous sa plume montrée bien souvent sous son meilleur jour. Créée en 1752, La serva amorosa en est un brillant exemple.
Ottavio, un riche veuf, s'est remarié avec Béatrice, une femme beaucoup plus jeune, qui a un fils Lelio. Une fois dans la place, elle n'a de cesse que de se débarrasser du fils d'Ottavio, Florindo, afin de pouvoir hériter et mettre ainsi son propre fils à l'abri du besoin. Florindo, chassé, s'est installé dans une pauvre demeure. Coraline, sa soeur de lait et servante de la maison l'a suivi. Son âme simple et généreuse va faire son possible pour sortir Florindo de cette situation inconfortable. Sa première tâche est de faire taire les mauvaises langues que cette cohabitation fait jaser. Puis, alors que celui-ci reconnaissant, lui propose le mariage, elle projette de lui faire épouser Rosaura, fille du riche Pantalon, que Florindo ne laisse pas indifférente. Sur ces entrefaits, Béatrice force son mari à convoquer le notaire pour qu'il procède à l'écriture d'un testament en sa faveur. Avec la complicité du notaire, Coraline tentera de déjouer ses plans et de montrer à Ottavio sa femme sous son véritable jour.
Dans cette pièce où l'amour et l'argent ont la première place, la servante tient non seulement le rôle principal, ce qui est nouveau à l'époque, mais elle est aussi dotée de toutes les vertus. Si Florindo, jeune bourgeois jusqu'ici gâté par la vie et préservé, se laisse aller au découragement au premier coup du sort, Coraline, mieux armée, possède davantage de maturité, bien qu'ils soient du même âge, pour prendre les choses en main. Catherine Hiegel est une Coraline parfaite, vive et pleine d'entrain. Son formidable talent trouve là un rôle à sa mesure. Elle est sans aucun doute aidée par la remarquable mise en scène de Jacques Lassalle, d'une lenteur étudiée respectant le rythme de l'oeuvre, mais sans temps mort, et par la qualité d'interprétation des autres comédiens. A cette grande réussite, s'ajoute celle des costumes et du décor d'une grande originalité et efficacité (les meubles montent et descendent des ceintres). Il est rare qu'une pièce réunisse autant de qualités d'interprétation, de mise en scène et de scénographie. c'est le cas ici, sans faiblir, durant trois heures. Comédie Française 1er.


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