LES SEPT JOURS DE SIMON LABROSSE

Article publié dans la Lettre n° 327
du 23 mai 2011


LES SEPT JOURS DE SIMON LABROSSE de Carole Fréchette. Mise en scène Stéphane Hervé et Amélie Dumetz avec David Braun, Stéphane Hervé, Violaine Nouveau.
Il y eut un soir, il y eut un matin, ainsi s’inaugure la genèse de Simon, le démiurge des métiers originaux, ceux par lesquels il tente de conjurer son chômage persistant. Avec ses yeux bleus, du bleu des ciels de ses espérances, même déçues, le joyeux Simon offre au monde son inoxydable optimisme. Pas facile avec ses deux acolytes. Son ami Léo, parce qu’il a été, par un accident de cortex, définitivement amputé des mots heureux, hurle sa sinistrose poétique. Nathalie est obsédée de son intérieur et prend des cours de bouche. Sa Nathalie à lui a eu l’idée saugrenue de partir au loin consoler les démunis, alors il lui adresse un message quotidien enregistré jusqu’au jour où une méchante recouvreuse de dettes lui confisque son ghetto (blaster). Confronté à la pusillanimité, à l’insensibilité, à la radinerie de ses congénères, il tente de leur offrir en vain le secours des généreuses substitutions qu’il invente chaque jour, finir leurs phrases, alléger leur mauvaise conscience, aimer à distance… entre autres inventions. Et surtout combler le vide d’un monde sourd et égoïste, qui a perdu le sens de l’Autre, de la légèreté, de l’humour salvateur.
La mise en scène, alerte et joyeuse, ne laisse aucun répit à ces sept journées. David Braun confère à Simon le regard enjoué et rêveur des vrais poètes du monde. Stéphane Hervé joue de son physique à la Desproges pour ressasser son désespoir d’handicapé de la vie. Violaine Nouveau fait merveille dans des rôles très divers, de nunuche coincée, de méchante aigrie, de narcissique folle de son corps. Et tous inventent le délicieux métier de concocteur de rires émus. Sans chômage, celui-là. Manufacture des Abbesses 18e. A.D.


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