LE
SENATEUR FOX
Article
publié dans la Lettre n° 226
LE SENATEUR FOX de Luigi Lunari. Adaptation
française Rosetta Morselli, Nicole Thévenin. Mise en scène Jean-Luc
Tardieu avec Pierre Mondy, Catherine Rich, Guillaume de Tonquedec,
Anne Habermeyer, Jean-Marie Lecoq, Joël Demarty, Guilhem Pellegrin.
La façade de la villa, le jardin, la terrasse où le maître des lieux
a installé son bureau d’été, tout respire l’Italie en ce jour d’élections.
Victor-Emmanuel Fox est un homme heureux. Membre d’un parti majoritaire,
il a toutes les chances de s’asseoir dans le fauteuil convoité.
Une petite alerte cardiaque pourrait l’inquiéter mais il a choisi
d’en jouer pour extorquer à ses «amis» politiques les secrets de
leurs magouilles financières. La présence à ses côtés de son secrétaire,
Angelo Colombi, la trentaine, d’une redoutable efficacité, ne peut
que le rassurer. Une petite contrariété va pourtant jeter une ombre
sur ce tableau idyllique. Marie-Victoire, sa fille unique, s’obstine
dans son intention de vouloir épouser Angelo. Mais ce dernier, fils
naturel né d’un amour aussi bref que coupable, ne peut prétendre
à cette union. Victor-Emmanuel se montre d’autant plus intraitable
que le jeune homme lui donne des précisions sur le passé de sa mère
qui le jettent dans la plus grande des confusions. C’est alors que
sa femme, Blanche-Marie, jusqu’ici effacée et obéissante, vivant
dans l’ombre d’un mari respecté, décrète que le bonheur de sa fille
unique va au-delà de toute autre considération. Mais la découverte
d’un épisode ignoré du passé de son mari va l’obliger à dévoiler
l’un du sien et c’est toute une vie, faite de conventions et d’apparences,
qui va s’écrouler.
Si l’action de la pièce se déroule dans l’Italie d’hier, elle n’est
pas tellement italienne ni d’hier. Luigi Lunari met le doigt sur
un monde dont les agissements n’ont ni frontières, ni époque. C’est
avec une réjouissante causticité qu’il égratigne non seulement le
monde politique mais aussi l’église et les institutions. La mise
en scène de Jean-Luc Tardieu orchestre avec un bel enthousiasme
le ballet incessant des intérêts de chacun, servi par le très joli
décor de Dominique Arel. Pierre Mondy nage comme un poisson dans
les eaux troubles du sénateur Fox, redoutable requin sous ses airs
bonasses. Il est entouré d’Anne Habermeyer, très juste dans le rôle
de Marie-Victoire et de Guillaume de Tonquédec, excellent Angelo.
La palme revient pourtant à Catherine Rich, magistrale en épouse
falote, qui a du être belle mais que son mari n’a jamais pris la
peine de regarder et dont on retiendra le grand moment d’émotion
offert lors du récit de son amour coupable. Théâtre de la Porte
Saint-Martin 10e.
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