LA SAVETIERE PRODIGIEUSE

Article publié dans la Lettre n° 244


LA SAVETIERE PRODIGIEUSE de Federico García Lorca. Traduction André Belamich. Mise en scène Stéphanie Tesson avec Julie Delarme, Bernard Douby, Florence Cabaret, Céline Larrigaldie, Juliette Piedevache, Jean-Pierre Leblan, Licinio da Silva, Pablo Penamaria, Xinarca.
Une très jeune fille a épousé un vieux savetier. Cueillie dans la promesse de l’âge, elle n’a pas eu le temps de connaître les émois des premières rencontres amoureuses ni de profiter des avantages de sa fraîche beauté. Elle fait payer cette frustration à son pauvre mari qui courbe l’échine sur son labeur entre deux esclandres. Le village entier assiste aux scènes, témoins et voyeurs des disputes les plus vives. Seul un enfant a pris la savetière en affection. Complice, il lui rapporte les commérages. Un beau jour, las des récriminations continuelles de sa femme, le savetier décide de déserter le foyer pour n’y plus revenir. Les mois passent. La jeune femme a ouvert une buvette pour subsister. Sa solitude lui pèse mais elle reste fidèle à cet époux qui finit par lui manquer. Un marionnettiste arrive alors au village. Ses contes enchantent tout un chacun. Il n’est autre que le mari déguisé...
Avant de mourir assassiné à l’âge de trente-huit ans, Federico García Lorca a laissé quelques petits chefs-d’oeuvre poétiques et théâtraux. La Savetière prodigieuse fut créée à Madrid en 1930, à son retour de New-York. C’était l’époque où à la tête de La Barraca, un « théâtre ambulant, populaire et gratuit », il sillonnait les routes, jouant ses pièces sur de simples tréteaux, afin de partager avec les plus humbles son amour pour le théâtre.
Stéphanie Tesson est une fine analyste du théâtre quelque soit l’époque. Sa formidable mise en scène de La Paix d’Aristophane (Lettre 200) possédait déjà cette qualité rare de faire revivre une oeuvre au plus près de la pensée et du style de l'auteur. Ici sa mise en scène vive et rythmée par une musique très présente, met parfaitement en relief la simplicité de l’intrigue et le côté naîf des personnages tout comme la poésie, inhérente aux oeuvres de Lorca, qu’André Belamich exprime fort bien dans sa traduction. Le décor retrouve l’esprit de La Barraca et les personnages celui de la Commedia dell’arte, chacun représentant par le maquillage et le comportement son statut de prétendant, de commère ou celui de maire drapé dans la dignité de sa fonction. Les comédiens se prêtent merveilleusement au jeu. Lorca n’aurait pas renié la fraîcheur, la poésie et le soupçon de rêve doux-amer qui se dégagent du spectacle. Théâtre Artistic Athévains 11e - Texte publié par L’Avant-Scène Théâtre (n°1184).


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