LA
SALLE DE BAIN
Article
publié dans la Lettre n° 214
LA SALLE DE BAIN d’Astrid Veillon.
Mise en scène Jean-Luc Moreau avec Pascale Roberts, Astrid Veillon,
Florence Geanty, Mathilde Penin, Héléna Soubeyrand.
Ce soir est un grand soir: Loulou fête ses trente ans! « fêter »
n’est peut-être pas le verbe approprié pour exprimer ce changement
de dizaine intempestif qui glisse sournoisement, il faut bien l’avouer,
vers une quarantaine cauchemardesque. Si Loulou, très épanouie,
respire la beauté et la santé, elle voit tout de même ces fameux
trente ans et son célibat d’un mauvais oeil. Elle regrette même
d’avoir largué un peu vite sa dernière conquête et n’a qu’une envie
ce soir, celle de renouer, quoique... Moumoune sa mère, à coup de
bouquet de fleur, vient de tenter l’impossible pour récupérer l’ex
en question qui lui plaisait beaucoup. Arrivent Marie, mariée, belle
situation, deux enfants, épuisée par sa vie de femme orchestre et
qui songe à divorcer, puis Ange qui vient de se faire larguer et
Coco, forte de ses vingt ans et de ses certitudes qui ont le don
d’agacer les trois autres. Cette soirée d’anniversaire, vécue dans
la salle de bains où l’on papote, s’engueule, pleure davantage que
l’on se remaquille, va être chaude en nouvelles croustillantes et
péripéties de toutes sortes.
Tous les ingrédients de la très bonne comédie sont rassemblés dans
cette oeuvre pétillante d’Astrid Veillon, bien placée pour parler
avec un humour décapant des aspirations des jeunes femmes d’aujourd’hui,
mariées ou non, et si mal dans leur vie. Ses dialogues drôles et
incisifs décoiffent et mettent à mal avec un sexisme amusant la
gent masculine tout en égratignant les amies. La mise en scène détonante
de Jean-Luc Moreau ne laisse aucun moment de répit aux cinq comédiennes
qui vont et viennent avec un punch du tonnerre, tout en discutant,
riant, pleurant avec un entrain échevelé et secouées parfois par
quelques fous rires pas toujours dans le texte pour la plus grande
joie d’un public hilare. On retrouve avec grand plaisir Pascale
Roberts, inénarrable en mère poule, qui essaye désespérément de
comprendre sa progéniture et ses copines et de rester dans la course.
Comédie de Paris 9e (08.92.70.21.20).
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