RUMEURS
Article
publié dans la Lettre n° 394
du
21 mars 2016
RUMEURS de Neil Simon. Adaptation Dominique Deschamps. Mise en scène Éric Delcourt et Dominique Deschamps avec Samantha Benoit, Alain Bouzigues, Christophe Canard, Éric Delcourt, Jean-Marie Lhomme, Amélina Limousin, Amadine Maugy, Marie Montoya, Lucie Muratet, Romain Thunin.
Lorsque Chris et Ken Gorman, tous deux avocats, passent la porte de la magnifique résidence de Charly et Myra Brook, ils sont les premiers invités à arriver. Venus fêter les dix ans de mariage de leurs hôtes, ils trouvent Charly, premier adjoint au maire de New York, baignant dans son sang, dans sa chambre au premier étage. La blessure est légère mais la question qu’ils ne manquent pas de se poser reste pour le moment sans réponse : Charly, sous valium, dort comme un bébé et Myra a carrément disparu. Dans la cuisine, les viandes à peine décongelées traînent sur la table, rien n’est prêt et aucun domestique ne s’active. Sidérés, les Gorman partagent bientôt leur surprise puis leur préoccupation avec les autres invités qui font peu à peu leur entrée. Ils savent qu’un suicide ou une tentative de meurtre, considérés comme un délit, auraient des conséquences désastreuses : « C’est l’avenir de tous qui est en jeu». L’avocat, le chargé d’affaires, le psy, un prétendant au sénat du parti politique de Charly et leurs épouses décident de tout mettre en œuvre pour étouffer le scandale qui ne manquerait pas d’éclabousser Charly et Myra et pour éviter que les rumeurs qui courent déjà sur ce couple, en apparence exemplaire, prennent des proportions démesurées.
La Rumeur, savamment distillée par un esprit malin, qui court, enfle et crève est le sujet de cette farce désopilante de Neil Simon. L’adaptation particulièrement réussie et la mise en scène font feu de tout bois pour attiser les rebondissements causés par les multiples inventions que concoctent les invités soucieux de la réputation de leurs amis mais aussi de la leur. Les personnages, très bien croqués, alimentent à ravir les situations. Habilement costumés, ils sont très représentatifs de leur statut social mais aussi de leurs tempéraments. Tout en essayant de cacher leurs propres problèmes de couple, ce ne sont pas les idées qui leur manquent pour trouver des solutions improbables au drame supposé que vivent leurs hôtes.
Après une mise en route un peu lente, les péripéties se succèdent à vitesse grand V et les comédiens se défoulent, emportés par des situations désopilantes jusqu’à l’apparition des deux policiers qui surviennent au milieu du charivari. L’hilarité du public atteint alors des sommets ! Théâtre Fontaine 9e.
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