ROBESPIERRE

Article publié dans la Lettre n° 178

ROBESPIERRE de Gilles Langlois. Mise en scène Yves Lalonde avec Anatole de Bodinat, Laurent Collard, Gilles Langlois, Arnaud Dautzenberg, Jean-Marc Menuge, Jean-Paul Audrain, Bernard Carpentier, Laurent Soffiati, Fanny Vanoye.
« Robespierre n’a jamais été jugé, il a été condamné sans procès ». A partir de cette réflexion, Gilles Langlois s’est interrogé sur cet homme invariablement associé à la Terreur, période la plus effroyable de la révolution française. A partir des écrits de l’époque, et de textes écrits par Robespierre, Saint Just, Tallien et Fouché, il a inventé ce procès posthume qui permet à chacun de découvrir sept de ces hommes qui, dépassés par leurs propres convictions, ont fait la Révolution.
Comment le public va-t-il juger Robespierre qui a voté la mort du Roi tout en étant contre la peine de mort, qui a mené à l’échafaud des milliers d’hommes tout en croyant en l’existence de Dieu, et qui, adepte des idées de Rousseau, menait les siennes à contresens? Comment vont-ils juger Cambon, Billaud et Fouché, qui particulièrement menacés, décident de frapper Robespierre avec d’autres armes que celles de la démocratie? Gilles Langlois tente l’aventure.
Durant une heure et demie, le public-juge fera la connaissance d’un Robespierre idéaliste au coeur pur mais aux mains maculées de sang et qui refuse la responsabilité de ses actes, d’un Saint Just, ombre du précédent, illuminé prônant le retour de la dictature, d’un Fouché pour qui l’égalité était une chimère, redresseur de torts à qui Robespierre rappelle les horreurs qu’il a commises à Lyon au nom de la Révolution. Dans ce grand déballage, les portraits se dessinent puis se précisent, donnant corps et âmes à des hommes aux convictions divergentes mais qui dans un même élan organisèrent l’une des plus grandes boucheries de l’histoire de France.
Grâce à son texte intelligent et précis et à la mise en scène très vivante de Yves Lalonde, Gilles Langlois a réussi le pari à la fois surprenant et instructif de les faire revivre, non pour les comprendre mais pour mieux les cerner. Ses comédiens le suivent dans un bel élan, Jean-Paul Audrain un ton au-dessus des autres dans le rôle de Robespierre. Théâtre de la Madeleine 8e (01.42.65.07.09).

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