LES RÈGLES DU SAVOIR-VIVRE
DANS LA SOCIÉTÉ MODERNE

Article publié dans la Lettre n° 377
du 19 janvier 2015


LES RÈGLES DU SAVOIR-VIVRE DANS LA SOCIÉTÉ MODERNE de Jean Luc Lagarce. Adapté du manuel éponyme de la Baronne Staffe. Mise en scène François Thomas avec Martin Juvanon du Vachat.
Blanche-Augustine-Angèle Soyer (1843-1911), connue sous le pseudonyme de baronne Staffe, écrivit un nombre impressionnant d’ouvrages sur les usages du monde et règles du savoir-vivre. Cette auteure prolifique régit un code de tous les événements qui s’accomplissaient durant l’existence, depuis le berceau jusqu’au tombeau, afin que ses lecteurs assidus ne commissent aucun impair. Elle les énumérait avec une extrême précision. À la naissance d’un enfant, par exemple, le choix des parrains et marraines était essentiel. Ils devaient seconder les parents, financièrement et par leurs conseils éclairés, dans l’éducation de leur progéniture, et accompagner leurs filleuls durant toute leur vie. Il en était de même du choix des témoins lors des mariages, et ainsi, de génération en génération. La recommandation suivante donnait le ton : « Il serait imbécile de se laisser déborder par les futilités que sont les sentiments ». Afin d’affirmer certains de ses conseils, elle citait souvent Victor Hugo qui semblait être son auteur de prédilection. Célibataire et solitaire, elle couchait ainsi sur le papier ses rêves inassouvis de femme du monde.
Jean-Luc Lagarce a eu l’idée incongrue mais amusante d’adapter l’un des manuels. Empruntant le fil conducteur de la vie, Il énumère avec humour et causticité certaines des règles du savoir-vivre en société édictées par la baronne Staffe, règles complétement ahurissantes aujourd’hui.
Déjà présent sur la scène avant le début de la représentation, vêtu d’une robe longue dotée d’une écharpe, portant gants noirs et talons hauts, Martin Juvanon du Vachat est la Baronne Staffe. Assis ou arpentant la scène, esquissant parfois quelques pas de danse, il explique, s’interrompt, réfléchit sur un mot, hésite sur la formule la plus appropriée et reprend d’un ton docte ses conseils sur la meilleure façon de vivre en société. Déguisé en femme afin de mieux se glisser dans le personnage de la baronne, il réussit à préserver sa masculinité face au rôle féminin qu’il représente. Éviter l’écueil du travesti est la performance de cet exercice de style périlleux, au demeurant fort instructif, que ne dédaignerait peut-être pas la Baronne Nadine de Rothschild ! Théâtre Les Déchargeurs 1er.


Retour à l'index des pièces de théâtre

Nota: pour revenir à « Spectacles Sélection » utiliser la flèche « retour » de votre navigateur